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  • Les Harlequinades ou l'apogée de la blogosphère

    (Du temps où l'on bloguait, ép. 5
    Où tu trouveras, en bas là-bas, le lien vers une archive plus que précieuse.
    Salut à toi, Fab'shion)

    harlequinades, woodstock, valmyIl y a les événements qui vous marquent une génération. Et puis il y a ceux, rares et précieux, qui font une génération. Mettons, Woodstock : le genre d'événement qui soudain fédère une communauté, qui attire et qui met en mouvement, le genre d'événement dont les participants ne se rendent pas compte qu'ils sont en train d'écrire l'Histoire et qui devient un souvenir inoubliable, puis une légende. Le genre d'événement dont Goethe pourrait dire qu'il y était. Quant à moi, eh bien, je n'étais pas à Valmy, ni à Woodstock, mais pour les Harlequinades, figure-toi, j'y étais.

    J'étais pourtant en marge du grand mouvement des blogueuses. J'en avais rencontré certaines, on se lisait/commentait de temps en temps, j'avais vu naître les livres voyageurs et gonfler les PAL, j'avais vu se multiplier les challenges, mais je n'avais jamais participé.
    … Jusqu'à ce que, dans la chaleur de l'été 2009, deux des plus actives et des plus pertinentes d'entre elles (gloire à vous, Chiff' et HappyFew) ne décident de lancer un défi d'un genre nouveau. Au départ ça n'était qu'une pochade, comme on ferait les mots fléchés de Cosmo allongé sur une serviette de plage. L'idée était simple : il s'agissait de lire pendant les vacances un roman Harlequin (ou équivalent) et d'en faire une critique la plus sérieuse possible, comme s'il s'agissait d'un classique de la littérature. Les Harlequinades étaient nées.
    Ce n'était qu'une pochade, donc, mais les premiers billets publiés respiraient une joie d'écrire nouvelle, une joie qui resta contagieuse jusqu'à l'automne : début octobre, 80 billets avaient été publiés. On y analysait les codes de la romance et les déterminants de la sexytude, on raillait les princes charmants, et les princesses coincées et les traducteurs peu inspirés, on comparait l'amour des années 80 et celui des années 2000, et on s'amusait, et on couinait. Devant l'enthousiasme collectif, les organisatrices ajoutèrent même un challenge annexe en mode atelier d'écriture : le concours de la quatrième de couverture la plus harlequinesque.
    Une révolution était en germe mais nous ne le savions pas encore. Et pourtant il fallait les voir, ces blogueuses, au pique-nique de rentrée de cette année 2009, évoquant les muscles saillants de Brad, le membre turgescent de Chris, des baisers improbables et la sueur des scènes les plus épicées. Je me souviens encore de celle-ci (non je ne cafterai pas), lisant à voix haute un passage croustillant de sa romance du moment, se moquant et couinant dans le même temps, le sourire en coin mais l’œil brillant... Car c'était ça, je crois, le grand secret du succès : ce savoureux mélange de second et de premier degré qui vous fait trouver le plaisir le plus vif dans ce qu'il y a de plus kitsch – cette jubilation quand je chante Bonnie Tyler à tue-tête dans ma voiture, par exemple (oui j'ai une voiture).

    Pendant ce temps-là, la Rentrée littéraire battait son plein mais les blogueuses s'en foutaient complètement, elles étaient occupées à lire et à commenter les harlequineries des unes et des autres, tout en galipettes et torses velus en attendant l'heure des votes.
    Car votes il devait y avoir !
    ... Mais de la fin du concours et de tout ce qu'il a changé, nous parlerons la prochaine fois, si tu veux bien. Il y a beaucoup à dire et je suis déjà trop long.

    En attendant, tiens, tu peux aller voir deux liens :
    - cette première note venue d'outre-Atlantique et qui, selon les historiens, a tout déclenché
    - … et le billet qui résume tout. Hot icing on a great cake.
    Oui, tu ne rêves pas : Happyfew a fermé son blog mais je l'ai retrouvé tout au fond des archives secrètes du web, avec les liens vers toutes les notes publiées cet été là. C'était beau, c'était grand, nous étions tous à poil et nous échangions dans la joie et l'ironie. Balade-toi, soupire, rigole, tu verras ce que c'était, la blogosphère du temps de l'âge d'or. Amuse-toi bien, je reviens.