Roman populaire ! Demandez du roman populaire !
Les comédies n’ont jamais de César. Les romans populaires n’auront jamais de prix littéraires, et c’est dommage. Mais ils s’en foutent bien, et c’est tant mieux.
« Mon business model » commence comme mille romans : Jospeh ne sait trop quoi faire, mais il faut bien trouver du boulot... Il finit par dégotter un emploi dans une obscure « agence de presse de faits d’hiver » - qui fournit sites web et chaînes d’infos en histoires croustillantes et feuilletons divers. Joseph flaire le filon, et double ses patrons : il va monter la sienne, d’agence, avec panache et sans scrupules.
Son réseau à lui : des faux marabouts, des distributeurs de flyers, des fumeurs de crack et une maîtresse SM.
Le roman se passe quasi intégralement entre Barbès et la Porte de Clignancourt (ces quartiers populaires que l'édition n’arpente que si rarement). Les rendez-vous professionnels se donnent derrière des hôpitaux, dans des épiceries indiennes ou au McDo. On y croise une mafia tamoule, des flics, des toilettes canines. Et puis vient l’emballement, inévitable : lassé de guetter l'événement, Joseph en vient à le créer - et le roman bascule.
Mais je m'en voudrais de spoiler - alors qu'au fond c'est bien ce qu'on veut, dans un bon roman populaire : se poiler un peu, tout en se baladant avec l'auteur, pour découvrir des coins (et des vies) dont jamais les jurés du Goncourt ni leurs amants écrivains ne nous parleront.
Bref : du pur Dilettante, et ça fait du bien.
Julien Gangnet, Mon business model, Le Dilettante, 2021
Quelque part autour de Paris et de l’an 2000, une
Si je vous dis : « C’est l’histoire de quatre femmes d’une même famille échappées d’un institut pour déficients mentaux et qui se retrouvent en colloc précaire à Barcelone », je sens que je titillerai votre curiosité qu’avec modération.
Les derniers pas ont été les pires. Ma tête me lançait, j’ai enlevé mon bonnet et je l’ai tout de suite regretté. La sueur de mon front est devenue gelée au contact du vent. Lorsque j’ai voulu le remettre, mes doigts n’obéissaient plus. J’ai cru que je ne parviendrais jamais à atteindre la maison. Cole prétend qu’elle est hantée pour faire peur au petit mais je sais qu’il n’en est rien.