Si je vous dis : « C’est l’histoire de quatre femmes d’une même famille échappées d’un institut pour déficients mentaux et qui se retrouvent en colloc précaire à Barcelone », je sens que je titillerai votre curiosité qu’avec modération.
J’aurai peut-être un peu plus de chance si j’ajoute que l’une d’elles est nymphomane (petit·es polisson·nes) et qu’une autre se pique (avec un sacré piquant) de radicalité féministe, et qu’un groupuscule anar (grandioses comptes-rendus d’AG) se met en tête de leur trouver un logement à okuper (sic)…
Après le Fille, femme, autre de B. Evaristo, je crois bien que c’est là mon 2e roman woke, en prise complète sur le cœur de l’époque - et ce n’est pas un hasard si ce sont deux romans étrangers.
Qui, en France, saurait écrire un roman politique vraiment contemporain, aussi radical sur le fond que maîtrisé sur la forme ? (la réponse "Virginie Despentes", trop pavlovienne, n’est pas acceptée)
Si vous avez un nom en tête, je prends.
Cristina Morales, Lecture facile, Denoël, 2021
(PS - Un grand coup de chapeau aussi à la traductrice, Margot NGuyen Béraud, qui s'est collée à la traduction complète d'un fanzine anar reproduit en milieu de livre. Parce que le roman, si solide et si sérieux qu’il soit, doit être aussi fait pour s’amuser, non mais !)