Depuis quelques semaines, nous ne nous réveillons plus toujours ensemble.
C'est un peu de ma faute, je l'admets : j’étais parfois trop pressé pour écouter tes histoires. Quant à la semaine dernière, n’en parlons pas, c’est toi qui es partie pour ce ridicule voyage en Angleterre avec ta cousine France 2...
Malgré ces anicroches, tu le sais, nous nous aimons.
J’attendais donc beaucoup de cette semaine de retrouvailles. Ah, comme tu criais hier matin en m’annonçant la mort de Ben Laden ! "Justice et fête!", claironnais-tu. J’avoue que ça m’a semblé bizarre que tu me parles de justice en parlant de la mort d’un homme, mais tu as bien le droit de te laisser emporter de temps en temps...
Ce matin, d’ailleurs, comme les autres, tu es revenue à plus de mesure. Après l’amour les grands doutes : l’info se construit maintenant comme un roman Harlequin. Ce n’est pas ce doute bien sûr que je te reproche. C’est le "comme les autres".
Te rends-tu comptes de tes premiers mots, quand je me suis réveillé ?
Je vais te rafraîchir la mémoire. Pendant 25 minutes, tu as successivement :
- commenté les sondages du FN (certes avec talent ; et alors ?)
- hurlé avec les loups borgnes sur l’Affaire de la fédé française de foot (comme hier ton cousin Taddei (soupir))
- remué la merde au PS en glosant sur les rumeurs.
Les quatre premières personnes à qui tu as donné la parole dans ton journal de 8 heures disaient "Vous n’avez que ça à foutre ?" Et toi tu étais là, ton micro tendu, et tu rigolais. T’en rends-tu seulement compte ?
Qu’as-tu fait de ta beauté, Matinale ? Où est passé ton éclat au jour naissant ? Toi et moi, c’était différent, disais-tu. Mais aujourd’hui, franchement, peux-tu me dire ce qui te distingue de ta rivale Europe ? Je ne sais plus trop. Demain, j’irai dormir demain avec elle, pour voir entendre. Je suis même prêt à supporter ses réclames.
Et si elles sont insupportables, j’irai voir ta grande sœur Culture.
Repose-toi s’il le faut, et retrouvons-nous vite. Chacun de son côté d’abord, veux-tu ?
Je t’embrasse.