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  • Système Hic

    essure, implants, atelierC’est un implant contraceptif qu’on présentait comme miracle : une pose facile et moins invasif pour les femmes qu’une ligature des trompes, et des économies pour la santé publique !
    Les études étaient prometteuse, le marketing efficace, la promesse alléchante : la communauté médicale s’est emballée, la Sécu a remboursé. Et 200 000 femmes en France se sont fait poser un implant Essure.

    Hélas. Après quelques mois ou quelques années, surviennent pour beaucoup d’entre elles des fatigues inexpliquées, des douleurs insupportables. ‘C’est dans la tête’, leur dit-on. Alors que non : c’était dans leur sexe - puis un peu partout puisqu’on finira par se rendre compte que le corps humain se défend contre l’implant, et que chez les patientes, des particules de nickel ou d’étain finissent par se balader, causant des problèmes souvent irréversibles.

    La suite, c’est du classique : des alertes données dès 2008 aux Etats-Unis mais mises sous le tapis par le labo (Conceptus), lequel vend son invention miracle à Bayer (toujours dans les bons coups). Pendant ce temps, en France, on baisse la TVA sur Essure pour encourager l’innovation. Quelques médecins opiniâtres finissent par montrer l’évidence, et pendant que les autorités de santé restent sourdes, des journalistes enquêtent, et on finit par comprendre. Et c’est le cocktail bien connu qui apparaît : conflits d’intérêts, évaluation du produit par des experts actionnaires de l’entreprise, politique de l’autruche, petits ou gros chèques, pontes de la gynéco française stipendiés par Bayer…
    Le petit bonus, c’est l’arrogance : dans une étude financée par Conceptus, à la rubrique "Liens d’intérêt", les auteurs ont écrit « Recherche de la gloire et appât du gain ».

    Et c’est tout le monde de la Santé qui apparaît en creux dans l’enquête - laquelle évite la mise en cause facile de Big Pharma. Parce qu’en l’occurrence Bayer aura été complice, mais le coupable initial est à chercher du côté de ces start-ups de santé qui se montent avec des rêves de licorne. En l’occurrence les fondateurs et experts-actionnaires de Conceptus - des John, des Keith, des Charles, des Thomas, des Jay, des Daniel - pas une femme dans le lot.

    Mais rien qu’en France, 30 000 femmes se sont finalement résolu à se faire retirer l’implant - avec au passage une ablation de l’utérus ou des trompes.

    Alors bien sûr, #notallmen, nous ne sommes pas tous des experts véreux, mais tout de même.

    La prochaine fois que vous entendrez Keith, Jay ou Jean-Pascal raconter sur un plateau télé qu’il est bien normal que les labos gagnent des milliards parce que les études coûtent cher, pensez que oui, peut-être. Mais qu’à la fin c’est l’argent public qui paie pour les conneries, jamais l’argent privé.

    A moins que la France ne se mette enfin à faire payer des milliards d’amende comme aux Etats-Unis ? Parce que là-bas, Bayer a commencé à payer pour le scandale Essure. Ici, on en est encore à demander des études supplémentaires, et à demander leur avis à ceux qui hier, corrompus ou non, n’avaient rien vu et ne vont pas se presser pour se déjuger.

    Heureusement qu’il reste des journalistes, et quelques médecins battants - la même histoire, toujours.

    Au mépris du corps des femmes - le scandale des implants Essure, de Delphine Bauer & Jacqueline Maurette, éditions de l'Atelier