Quelque part autour de Paris et de l’an 2000, une ado se livre à quelques branlettes d’hommes pas toujours propres le mercredi après-midi pour se payer les fringues de marque qui la font rêver pendant que sa mère pleure à la maison son mari démissionnaire…
J’avoue, j’ai eu peur. Du récit d’adolescence à la première (grande) personne. Du premier-roman-souvenir. J’ai lu les trente premières pages en me demandant à quoi pouvait bien servir un roman de situer un roman d’ado dans les années 90, avant les smartphones et les réseaux sociaux qui ont (mais je m’abuse peut-être) tout changé aux années collège.
Salomé Kiner m’a donné la réponse dans les 200 pages suivantes : avec ou sans smartphone, l’adolescence est éternelle. Parce que les idéaux sont les mêmes, le désespoir et les besoins aussi. Parce qu’on peut branler un type un peu sale à 15h et jouer avec son petit frère le soir, être en guerre avec sa mère et l’aimer tout autant, se prendre des claques et se relever, rêver et apprendre. Grandir, en somme.
Et c’est là que Salomé Kiner est grande, avec ou sans couronne.
Salomé Kiner, Grande couronne, éd. Christian Bourgois, 2021