La première fois que j’ai participé à un concours de nouvelles, c’était à Verrières-le-Buisson. J’ai terminé deuxième. Le soir de la remise, au buffet, un juré m’avait pris à part : « Votre nouvelle, c’était vraiment la meilleure, hein. Mais comme c’était rigolo, ils n’allaient pas vous donner le prix ».
Au printemps des monstres, c’est l’histoire d’un garçon retrouvé mort dans le bois de Verrières, et d’un type qui est resté 40 ans en prison pour un meurtre qu’il n’avait probablement pas commis. Et comme toujours chez Jaenada, un dosage parfait entre le (très) sérieux et le rigolo. Un équilibre un peu monstrueux sur un livre de 750 pages.
Et bien sûr, le rigolo n’est là que pour alléger, pour rythmer, sans jamais rien enlever à la gravité de l’affaire. Parce que comme dans La Serpe, plus creuse la vérité, plus on s’enfonce dans un glauque général (et pan dans le "c’était mieux avant"). Et plus encore que dans La Serpe, il y a cette sagesse bonhomme mais sacrément affirmée – comme un moraliste qui n’imposerait rien aux autres...
… A part la lecture de 750 pages, évidemment. Que personne ne vous impose, mais qu’on recommandera.
Avec le fol espoir qu’à l’heure de la distribution des prix, c’est lui qui s’imposera.
[Ah non, mince, on m’apprend qu’il vient d’être éjecté des listes du Goncourt. Maria Pourchet aussi. Ce n’est pas encore cette année qu’on va rire, dites-donc.]
... Et je glisse cette idée en passant : je rêve qu'un éditeur commande à Philippe Jaenada une Histoire de France en 20 volumes.
Evidemment, vu comme il prend ses sujets à coeur, ça se limiterait peut-être à une histoire des Mérovingiens.
Mais Dagobert et Pépin le Bref par Philippe Jaenada, veux lire ça !
Philippe Jaenada, Au printemps des monstres, Mialet&Barrault, 2021