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  • How I met Julien Blanc-Gras

    blanc gras comme à la guerre stock.jpegJe pourrais en faire des caisses sur les qualités du dernier roman de Julien Blanc-Gras. Je pourrais dire qu’il n’y en a pas deux comme lui pour réussir à rester drôle en traitant des sujets profonds. Je pourrais multiplier les extraits de Comme à la guerre pour vous le prouver. Mais je ne le ferai pas.
    Parce que je connais Julien, et que je m’en voudrais de ne chroniquer que les livres des copains alors que je n’écris ici que quatre fois par an.

    Je ne vous parlerai pas de Comme à la guerre, donc.
    Ce que je peux faire, en revanche, c’est raconter comment je connais Julien Blanc-Gras.

    Tout a commencé très exactement ici, sur ce blog.

    Nous étions en 2006 et je lisais avidement tout ce que postaient les jeunes auteurs que j’espérais rejoindre un jour dans ce grand petit monde. Dans le lot il en était un, Thomas Clément, qui venait d’être publié au Diable Vauvert. Nous avons fait ce qui se pratiquait en ce temps-là : nous avons échangé des commentaires, puis des mails, et nous nous sommes donné rendez-vous - sur son stand, au Salon du livre.
    Je suis allé Porte de Versailles. Thomas était assis derrière une pile de livres qui n’intéressait pas grand monde (je ne savais pas alors que tel est le lot de la plupart des auteurs). Il m’a dédicacé son roman, et nous avons parlé, un bon quart d’heure. A côté de lui, un jeune gars présentait lui aussi son premier roman - et comme personne ne s’intéressait à lui non plus (je ne savais pas alors que telle est la règle au Salon de Paris quand vous n’êtes jamais passé à la télé), il s’est joint à la conversation, tout en discrétion. Il avait la tête du type le plus sympa du monde ; j’aurais bien acheté son roman aussi mais les livres coûtent cher, et comme j’écrivais, je n’avais pas d’argent.

    J’ai quitté le stand du Diable en concluant secrètement un pacte : si j’aime le bouquin de Clément, me suis-je promis, j’achèterai Gringoland.

    J’ai lu le livre de Thomas Clément, je l’ai aimé... Et puis rien - je ne tiens pas toujours mes promesses quand c’est à moi que je les fais.
    Mais quelques mois plus tard, j’étais dans mon bain en train de lire Technikart (une autre époque, je vous dis) lorsqu’un article a attiré mon attention. Sous l’apparente décontraction branchée, le style était beaucoup plus sensible que la moyenne. J’ai regardé la signature, et j’ai vu : J.Blanc-Gras. Alors j’ai appelé mon libraire, et j’ai commandé Gringoland.

    J’ai lu Gringoland. J’ai aimé Gringoland. J’ai écrit un billet de blog sur Gringoland - aujourd’hui perdu dans les oubliettes du web.
    Et voilà qu’un jour, dans le métro, ligne 8, je croise un type qui avait l’air vraiment sympa. C’était Julien Blanc-Gras. Nous nous sommes reconnus, il m’a remercié pour le billet - qu’il avait lu - je lui ai souhaité le meilleur pour la suite…

    … Je ne savais pas encore que la suite n’allait pas tarder à nous réunir : dans l’équipe de Standard (ce magazine où nous collaborions sans être payés mais où nous avons gagné bien plus que de l’argent), puis au Prix de la page111. Entre temps il y a eu des livres, des soirées, un enfant, l’Equipe de France de foot des écrivains
    Bref, un ami, quoi.

    Vous comprendrez que j’aurais des scrupules à vous dire que son livre est peut-être son meilleur. Si vraiment il fallait le faire, je dirais que parler dans le même livre de son début de paternité et des récents attentats était une gageure et qu’il a relevé le défi avec une maestria tout en légèreté dont seul lui est capable. Je dirais aussi, avec emphase à peine ironique, que le grand roman de bac-à-sable est enfin arrivé. Je dirais surtout que Comme à la guerre est une ode jamais tiède à la modération, où l’humour apparaît comme une forme salutaire d’intelligence - une forme qui ne fuit pas la réalité, mais qui remet les pieds sur terre à l’heure où les réseaux s’emballent et où on nous demande de choisir des camps.

    Si je m’écoutais, je dirais que Comme à la guerre est une sorte de salut public pour ce début d’année 2019.

    Voilà, c’est dit.
    Bonne année à tou.te.s.

     

    PS au cas où : plus personne plus personne ne lit les blogs quand ils ne sont pas relayés sur les réseaux sociaux ; je viens de quitter facebook, et Julien aussi - autant dire que j’écris vraiment pour l’Histoire. Ça tombe bien, j’adore l’Histoire. J’espère qu’elle me lira.

    (et si tu passes par là, qui que tu sois : salut, et bonne lecture)