Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

porte de clignancourt

  • Jules Joffrin

    Numérologie : Lundi 19, ligne 12, 16h12.
    Sortant de la première rame, une jeune femme élancée, la peau mate, le pas sûr mais le visage tendu, un papier à la main.
    Une femme en retard.
    Une très jolie jeune femme en retard.

    Une fois à l’air libre, rue Hermel, je jette un œil (et le bon) vers l’autre bouche du métro.
    Elle en sort prestement, s’arrête au kiosque, fait demi-tour.
    Sous le soleil, exactement, j’attends. On ne sait jamais vraiment ce qu’on attend.
    D'ordinaire, à Jules Joffrin, les jolies jeunes femmes remontent vers la butte, ou descendent la rue du Poteau. Pas elle.
    Elle commence à descendre la rue Hermel, jambes fermes et tête ailleurs, dans sa précipitation elle me bouscule légèrement.
    Surprise, contact, une seconde en suspension.
    - Vous habitez le quartier ? je m’enquiers, comme si je lui demandais l’heure
    - Oui, dit-elle, sur la défensive
    - Je ne verrai plus jamais cette rue de la même manière, dis-je comme une conclusion.
    Je souris, sans intention d’aller plus avant. Alors elle sourit aussi. Ça lui va bien.
    - Attention, je poursuis, si vous souriez comme ça je pourrais venir faire le pied de grue matin et soir devant la porte de l’immeuble.
    Parce qu’elle voit bien que je ne suis pas du genre à faire ça, elle entrouvre la porte au jeu.
    - Ah oui ?
    - Qui sait…
    Mais il est déjà temps de prendre congé. Douze secondes plus tard, elle compose un digicode et la journée continue.

    Demain j’irai peut-être faire le pied de grue, sous le soleil de la rue Hermel.