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Carte postale de Charleroi

medium_tncharleroi-1.jpegOn m’avait déjà prévenu plusieurs fois : cette étape à Charleroi était une hérésie. "C’est la ville la plus laide du monde", disaient-ils.
La ville la plus laide du monde ! Il fallait absolument que je voie ça.

Il faisait beau ce jour là sur les routes de France. Passé Valenciennes, le temps a commencé à se gâter. Puis vint Mons, et le premier panneau indiquant Charleroi. A ce moment précis, mon pare-brise a essuyé la première goutte.
Depuis la nationale défoncée, on voit au loin de hautes collines vert de gris, qui pourraient sembler jolies à qui ne sait pas ce qu’est un terril. Et soudain un panneau jaune : nous sommes à Charleroi.
A l’entrée de la ville, des faubourgs classiques – Lidl, Bricomarché et concessionnaires Toyota. Mais ensuite… Les habitations disparaissent peu à peu, quelques fumées se dégagent, puis c’est le Grand couloir, sur plus de 2 kilomètres. A gauche, de grands bâtiments industriels aux briques rouges et aux vitres brisées ; à droite, une ligne de chemin de fer surélevée cache mal une immense déchetterie. Et dans la voiture, une odeur de minerai. Sur ma droite, un signe a attiré mon regard, un grand « M ». Une station de métro, au milieu des usines? J’ai regardé son nom : "Providence". Et dire qu’on m’avait défié de trouver ici une quelconque poésie !
Quelques hectomètres plus loin, au pied d’un grand terril, un rond point marquait l’entrée dans la ville elle-même.

J’ai commencé par la Ville Haute. Au sommet de l’Avenue de France, la place Charles II s’efforce de faire mentir les contempteurs de la ville, avec ses façades Art nouveau et ses immenses jets d’eau pour fêter le retour du soleil. Un bon point. Autour de la place, plusieurs terrasses, vides. Seuls quatre hommes sirotent une Maes sous un parasol Coca Cola, près du beffroi. Un peu à l’écart, le Palais des Arts est à moitié caché par une fête foraine (fermée), et soudain je comprends ce qui me semblait bizarre depuis mon arrivée : dans les rues, je ne croise que des hommes. Il y en a de tous âges et de tous modèles, souvent en groupe, mais que des hommes. Etonnant...

Je poursuis ma visite. Le centre piéton est agréable, maisons basses et rues pavées. Comme dans toute ville wallonne, rétorqueront les grincheux. Certes. Mais bien sûr, si vous ne trouvez pas de poésie à une rue dont la moitié des magasins vendent des chaussures à prix d’usine autour d’un marchand de glaces fondues, alors je ne peux rien pour vous.

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Lorsqu’au détour d’une ruelle une perspective s’ouvre sur la ville basse, ce sont encore les cheminées de brique que l’on voir au loin. Plutôt sympathique, finalement – l’impression d’avoir vraiment pris de la hauteur…
Deux heures plus tard, je retrouve ma voiture. Un dernier détail me saute aux yeux : au bas du petit panneau qui indique « Avenue de France », une fine bande jaune : « TV-HiFi-Car Stéréo ». Il me manque vraiment un appareil photo.

Un fleuve coule à Charleroi. Mais au cœur de la Ville Basse, la Sambre ressemble à un canal qui aurait été tiré là pour les besoins de l’industrie. Je poursuis néanmoins ma visite au milieu des vapeurs d’usine. J’ai un but, désormais. Je ne quitterai pas Charleroi avant d’avoir croisé une jolie fille. Mais où la trouver ? Je cherche dans les cafés, en vain. Puis finis par trouver un endroit prometteur : une Librairie.
On dira ce qu’on veut de Charleroi, mais une ville qui possède une librairie si accueillante mérite le détour. [la librairie Molière, qu'on se le dise!] Pour sa cafétéria notamment, à l’étage, près du rayon Philosophie. Ayant pris un peu de hauteur, je vois enfin, dans les rayons, une jolie demoiselle aux jambes fines et au visage avenant. (et non l’inverse.) Je cours l’attendre à la sortie, mais quand elle ressort, elle fait des bulles avec son chewing gum avec deux petites frappes modèles local. Ils se dirigent vers le magasin suivant. Shoe Discount. Tout est redevenu normal.

Il a bien fallu quitter Charleroi. Et c’est au moment précis où je sortais de la ville qu’il s’est remis à pleuvoir. Si ce n’est pas de l’accueil, ça !

Mais l’averse a été courte, heureusement. Car après Charleroi, les routes sont belles et la Belgique se met à rire.

Commentaires

  • ... et aux terrasses des cafés les Liégeoises sont délicieuses.

  • (...) Le café liégeois est en réalité un café viennois. Celui-ci a été débaptisé en 1914 quand les Allemands ont envahi la Belgique et attaqué les forts de la région liégeoise, ce qui a provoqué partout un vif ressentiment. Le café liégeois est né de cette colère patriotique.

    Jacques Kother - Le Guide des Connaisseurs

    Secondflore à Lîdge ?! Ah ben si j'avais su j'aurais p't'être v'nu...

    Et sinon, le péket, goûtu aussi ?

  • Un peu comme si les "freedom fries" avaient survécu à G. W Bush, finalement...

    (c'était en 2005)
    (et je n'ai pas péké^)

  • Ton image m'évoque ce resto de Koksijde/Coxyde où sur la carte un jour j'ai lu FRITES FRAÎCHES et ai eu tort de me moquer de la traduction ^^

  • Avant ou après que j'aie publié la première note de mon premier hautetfort, soit le 17.04.2005 ?

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