La thèse n’est pas neuve : la génération 68 s’est installée au pouvoir en évinçant parents et enfants; la génération nouvelle se prépare à la révolte. Et entre les deux, celle des trentenaires, génération oubliée qui n’aura jamais trouvé sa place…
La scène se passe sur un plateau de télé.
A ma droite Nicolas Charbonneau, pleurnichard, 38 ans. Il vient défendre son bouquin ("Génération 69 - les trentenaires ne vous disent pas merci"), se plaint de l'ombre portée de 68 sur sa génération et liste toutes les étiquettes dont on l'a affublée : "Bof Génération", "Génération Casimir"…
A ma gauche, Henri Weber, ex-trotskyste soixante-huitard devenu sénateur fabiusien. Son discours est limpide :
- Quand nous avons voulu prendre notre place dans la société de nos parents, on nous a fermé la porte. Alors nous avons créé nos propres organisations. On leur a dit : « vous allez voir… ». On s'est battus. Et ils ont vu.
Et il conclut, avec juste ce qu’il faut de condescendance pour rester sympathique :
- Qu’est-ce qui vous empêche de faire pareil ? Allez-y ! Emerveillez-nous !
Alors le jeune Charbonneau monte sur ses petits chevaux et réplique du toc au tac :
- Mais regardez-nous un peu, pour qu’on vous émerveille !
Tout était dit.
J’ai repensé à ma toute première manif lycéenne, en 91. Les manifestants portaient des badges, avec ce slogan : "Est-ce que j’ai une gueule de génération sacrifiée ?"
Je n’osais pas me l’avouer à l’époque, mais souvent en croisant les regards je m'étais dit : Ben oui, en fait.
A lire :
- "Les générations mutantes" (B. Préel, La Découverte)
- un début de réflexion trentenaire chez Buzz littéraire
A faire :
- son petit bonhomme de chemin (ou inventer demain)
Commentaires
Ah merci... pour un lundi ! Déjà que je viens de relever dans la boite aux lettres mon "faire-part de naissance de la semaine". (C'est ça d'avoir choisi des amis jeunes, il y en a toujours un de nouveau)
A voir la mine réjouie des heureux parents élus de la semaine dernière, et de ceux de cette semaine, ils n'ont visiblement pas tous la même gueule les Trentenaires.
decidemment nous avons les mêmes questions cher SF...
Mais enfin nous avons l'insigne honneur d'etre les enfants de la premiere generation qui ne laisse rien derriere elle.
Historiquement c'est du jamais vu...
Mais bon hein ils sont si beaux parleurs nos cheeer 68ard...
;)
yann
Et moi qui me croyait dans "génération désenchantée" !
Je n'ai trouvé le repos que dans l'indifférence.
Pourtant, je voudrais retrouver l'innocence...
1991... rêver Demain...
allez hop ! au lit !
> LVS : je continue de penser que "les trentenaires" est une invention marketing - qui ratisse large. Mais on ne peut nier les effets de génération.
L'histoire retiendra que la génération France 70s a continué bizarrement à faire des enfants.
Et surtout, vous savez comme moi que les enfants de 70 se révèlent sur le tard - le monde n'a encore rien vu !
> Yann : comme dirait H. Weber, "y a qu'à !"
Et pour ce qu'on laisse... voir ci-dessus ;)
> Zel : Mi-coton, my-lène... J'en reste sans voie !
(bien dormi ?)
comme Melle Zel...
:)
Mylène m'inspirant plus de 69 que de 68 ceci dit...
Inventer demain... Prix vous déconnez !
On dirait le fameux désir d'avenir (ou d'avenirs ? Tiens, je ne sais plus) de madame Royal.
N'abusons point du marketing proverbial...
> Petite Brune : cette génération, vraiment, a le cul par dessus tête...
> Frozen K : aïe ! vous appuyez pile là où ça fait mal. Je comptais modifier cette note, maintenant j'ose à peine. Quant à la comparaison Royal, promis, je ne me formaliserai pas. ;-)
Il y a deux ans, j'avais le projet d'écrire exactement ce livre avec un ami, car nous avions fait le même constat... Deux ans plus tard le livre a été écrit par un autre, et moi j'ai préféré faire un blog... Peut-être devrais-je revoir mes priorités ?
S'il s'agit d'un livre comme les "Générations mutantes", il fait suite au "Choc des générations", qui date d'environ 2000...
Ou alors... Un livre comme celui de Charbonneau ? Autant faire un blog, non ? Certes, on passe moins à la télé, mais au fond...
Tout est à refaire chaque jour !
Ai tapé la thése de ma fille concernant 68 avant, pendant et ensuite, bien il ne reste rien de bien valable à ces jours. Lire les archives de L'international situationiste est sombre !
En fait, je ne peux pas parler de ce sujet. Tres franchement, c'est trop deprimant.
La révélation est à venir ? (Vous vous rattrapez plutôt pas mal, pour un mardi...)
> t. : depuis longtemps la question "que reste-t-il?" s'est effacée devant celle-ci : "qui reste-t-il?" Mais votre première phrase reste juste !
> Montal : j'ai pensé à vous en écrivant, bien sûr. Et puis, au fond, laissons aux oubliettes les pleurnichards et les commentateurs, et avançons... Au 13 !
> LVS : vous le savez comme moi... ;-)
;;
Et aussi, un livre sur les trentenaires face au travail...
http://generation35heures.blogspirit.com/