Ils sont beaux, les remparts d’Angoulême. Il y a quelques siècles, ils protégeaient la ville contre de méchants envahisseurs. Aujourd’hui les remparts se retournent contre elle. La bourgeoisie s’enferme dans les murs de la ville haute, les enseignes d’assurances y dépassent en nombre les boulangeries, pendant ce temps la ville basse vire en friche, les commerces aux vitres condamnées semblent victimes d’une épidémie.
Tout en bas il y a la Charente, magnifique et désertée. Puis un coude. L’oreille qui se tend. Un son qui parvient, du peuple au loin sur la passerelle. On dirait une île, c’est un festival. Musiques Métisses. A partir de là tout se mêle, tout s’emmêle et c’est bon.
Alors on va le faire en vrac, juste pour le souvenir…
L’énergie rock de Daby Touré, conquérant un public en dix minutes.
Rokia Traoré, éblouissante, public conquis qu’elle mène au bord de la transe.
Ismail Lo ou l’art de donner et de recevoir. Un Tajabone à se décrocher la mâchoire – quand sur mon pied tombe un dentier (oui).
Zeina Abirached et Fatou Diome, rencontre littéraire (réussie et populaire – une première).
Ségolène en visite, discours d'ouverture et visage fermé. A sa suite, quinze hommes au bas mot. Jolis costumes, ils auraient presque eu l'air exotique entre un baba cool et une danseuse algache.
Orage et déluge qui jouent les percussions pour Dee Dee Bridgewater sous le chapiteau (confirmation : la virtuosité sans émotion fait sacrément bâiller)
La magie guérisseuse de Ses mains, toujours.
Quelques goulées de mauvais blanc avec des locaux au sourire timide.
Soudain, à gauche, une vision de l'avenir.
Et puis ce pull qui se transforme en muleta au pied de la scène – corrida nocturne improvisée avec un gamin de trois ans, rythmée par Orchestra Baobab.
Derrière moi un critique musical au cerveau de sous-chef de rayon explique le monde à son voisin – Non mais tu vois, là, ce qu’elle fait, c’est plus de la world. Mardi, il sera derrière son petit bureau. Entre temps il aura été piétiné, balayé par l’enthousiasme bon enfant du festival.
C’était une belle fête.
Commentaires
et ça c'est une de tes notes les plus réussies !
Chouette papier d'ambiance, en effet!
vous étiez donc là.
Bel article ! J'adore Traoré.
Z'adore Traoré aussi (merci Popple...) mais j'ai du mal te lire: quel rapport entre "Ségolène en visite" et "soudain, à gauche, une vision de l'avenir"? You must me joking my friend.
> Lidell : ben... heu... voilà
> Daniel F : c'est que l'ambiance était bonne
> Petite Brune : eh oui. (vous me réinviterez ? ;)
> Loïs : son prochain album sort la semaine prochaine
> Castor : hé hé... j'y ai pensé en écrivant (aucun rapport, tu penses bien)
" Non mais tu vois, là, ce qu’elle fait, c’est plus de la world. " Cette phrase est trop belle pour en rester là. Avec votre permission, je vous l'emprunte et je la replace dans une nouvelle. Une pépite ! Un bijou !
J'ai découvert Daby Touré à Rock en Seine l'an dernier, il avait fait un remplacement de dernière minute ; il avait la pêche et, pour autant que je m'en souvienne, c'était plutôt pas mal, son truc (faudrait que je relise mon compte-rendu ;-).
Quant au commentaire de lidell, celui que redoute tout burpeur... Bon, ben t'as plus qu'à fermer la boutique maintenant !!!
> Georges F : accordée, bien sûr !
> CUI : de lidell, ce n'est pas pareil... mais ton commentaire est prémonitoire comme tu n'as pas idée ;)
Jolie bande sonore (et dessinée).
J'en redemande.
Rokia Traoré, Orchestra Baobab... mais bon sang qu'est ce que je pouvais bien faire ce week end ?! ça donne envie d'été, de longs déhanchés et de sourires trépidants. Thanks !
> Laurent M : merci... retour des cartes postales en juin (avec du son)
> Scha : euh... bronzette en Bretagne ? (je connais une petite qui vend ses mèches brunes ;-)
merci pour l'info, c'est une bonne nouvelle.