Et juste au moment où... je tombe sur ceci :
"Il faut que j'appelle Bertrand, il vaut la peine de quelques efforts mais je crains qu'il n'y ait pas grand chose de possible avec lui, parce qu'il manque d'ardeur et de conviction. Moi, je roule pleins gaz. J'ai peur que lui n'ait plus de carburant, qu'il n'ait débrayé et ne roule sur sa lancée."
Qui donc a écrit ça ?
(NB - ne pas croire tout ce qui est écrit, bien sûr)
EDIT 04/08 : Donc, c'était lui. Jean-René Huguenin est mort à 26 ans, en 1962, après avoir publié un seul roman. Mais depuis 1955 il tenait un journal.
Un blog avant l'heure, où il n'aurait évidemment pas permis les commentaires, et devant lequel nous nous serions tous trouvés tout petits. Mais c'est bon de se sentir petit, parfois.
Huguenin, c'est une force de caractère hors du commun, la vingtaine éternelle, celle qui n'est que doute et énergie, qui avance et refuse de tourner en rond. Le genre de vingtaine déjà mûre qu'on peut avoir à tout âge.
On peut lire ce journal comme un livre sur l'inspiration, sans doute - mais c'est surtout une lecture qui inspire - le genre de type qui vous tire vers le haut quand il enlève le bas.
D'ailleurs je m'empresse de fermer ma gueule pour me contenter de citer sa toute première note. Il a 19 ans alors, peut-être 20.
"Je veux être la Force, la Résolution et la Foi. (...) Je me dis : Attention, attention.Tu n'as que vingt ans. Ne deviens pas comme la plupart des autres. Tu veux devenir solitaire et personnel et tendre quand même. Tu as raison. Mets tout en oeuvre pour le devenir. Tu as déjà fait des progrès dans ce sens, depuis deux ans. Mais tu es loin du but. Continue.
Je me dis : Ne sois pas si nerveux. Tu ne feras jamais rien de bon en obéissant à ces fausses inspirations qui ne sont en réalité que des excitations. Il faut être lourd, croître avec application et fermeté, et se méfier des écarts qui font perdre tant de temps. Il faut être une sorte d'éléphant dans la forêt vierge.
(...)
Mais je ne puis m'attarder maintenant. Le principal, c'est que je veux devenir solitaire, inflexible et tendre. Me dominer toujours. Eternel."
(J-R. Huguenin, Journal, 11 déc. 1955)
Commentaires
(d'où ça vient?)
(ouf, ce n'est donc pas toi ;)
je pense que c'est un américain, inquiet de la montée du prix du pétrole.
Point mort.
Si je ne réponds jamais à tes énigmes, c'est que google n'a jamais la réponse
> Petite Brune : hé hé... mais que me voudrait donc un américain ?
(je parais en roue libre, là, mais je relance à chaque virage, en fait)
> Brg : trouver la réponse est toujours moins amusant que l'inventer, non ?
il veut adapter "Hors Jeu" en sitcom branchouille!
cela me paraît évident...
(bon sang mais c'est bien sûr ! Et il se dit que finalement il vaut mieux faire l'adaptation sans moi... ;)
(sinon, à propos de crise pétrolière, rappelons que l'existence précède l'essence)
good, voilà la lecture qu'il me fallait!
(efficacité garantie !)
J'aime bien cet écrivain que j'avais découvert par un très grand écrivain, à mes yeux, hélas disparu aussi. Je parle de Jean-Edern Hallier.
ah ouais, le prix anti-Goncourt...
jamais lu par exemple...
> Imaginair' : une même force de caractère, une foi en soi et le doute, toujours...
> Annie : cela dit, être anti-prix, c'est encore se positionner par rapport au petit-monde. Alors que le vrai est tellement plus grand.
c'est bien vrai, rien à redire ;)