- Mais alors, qu’est-ce qu’un grand livre ? relança Mauve.
- Disons, un livre qui fasse date, concéda G., que le sujet mettait mal à l’aise. Il n’y en a pas tant, des livres dont on se souvienne vraiment.
- Un livre qui fasse autorité, tu veux dire ?
- Ah non ! L’autorité, ça n’a qu’un temps. Et puis, les livres qui font autorité sont des livres qu’on ne lit pas.
- Mais justement ! C’est ça, un grand livre, lança Junior : celui que les lecteurs trouvent grand, même quand ils ne l’ont pas lu !
- Je crois que Grand préférerait être lu, dit doucement C..
- Cela dit, c’est une vraie bonne question, rebondit Mauve. Le grand livre est-il dans l’intention de départ ou dans le résultat final ? Est-ce l’auteur qui fait le grand livre, ou ce que les lecteurs en retiennent ?
L’auteur, bien sûr ! pensèrent-ils tous. Mais seul un silence répondit à Mauve, car au fond d’eux les livres en doutaient fort. (…)
Truc n°2, p. 32
Je parlais tantôt des bons petits livres et des vrais bons livres. Je me suis peu attardé sur eux finalement. Parce que tandis que j’écrivais cette note, près de mon lit, m’attendait un Grand livre – pas forcément celui devant lequel on se sent tout petit, non : celui dans lequel le lecteur peut mettre beaucoup de choses.
"Extrêmement fort et incroyablement près".
Le genre de titre qu’on ne peut pas retenir, mais ce n'est pas grave parce que c'est le genre d’auteur qu’on n’oublie pas. Jonathan Safran Foer, donc. L’histoire, si vous voulez vraiment, vous la trouverez là. Mais ce n’est pas une histoire, ce livre – c’est mille histoires qui en font une.
D’abord il y a eu le plaisir énorme de lire en VO, ce que je n’avais pas fait depuis longtemps, avec une musique qui décidément n’est pas celle du français. Le rythme non plus, d’ailleurs. Et cette capacité à aligner des faits pour faire vivre des images plutôt que d’aligner des mots pour illustrer une idée. Juste quelques mots simples accrochés les uns aux autres – et sur ses bras du lecteur, la chair de poule qui monte vers les dernières pages.
A chercher la profondeur l’auteur trouve souvent la lourdeur. En lisant Safran Foer, on comprend qu’il vaut mieux être léger pour atteindre la profondeur. Facts, facts, facts, putain. Et l’obligation d’inventer à chaque page.
Un jeune branleur vous salue bien bas, M. Foer.
PS - On me dit que ce livre était un peu décevant par rapport au tout premier de J. Safran Foer – Tout est illuminé. Chouette alors. De beaux moments en perspective.
PSS - Merci Péri.
Commentaires
Ah moi j'ai trouvé le deuxième bien meilleur - les avis, hein...
Amitiés, hop, en passant.
http://paris-carnet.org/index GROS CONNARD :D
http://embruns.net/
> AD : tout dépend peut-être de l'ordre dans lequel on les lit ?
(et hop, salut !)
> Choz : non, rien
Le 1er est meilleur, c'est indéniable.
Il faut le lire en anglais pour apprécier la justesse du propos (et l'humour de l'auteur!)
Tu l'as commencé?
> AH (tiens!) : j'ai commencé, oui - le premier chapitre confirme tout le talent de JSF pour donner une voix originale à ses personnages. Puis, j'avoue, je me suis enlisé. Le texte était trop riche, et moi trop fatigué. Je le reprendrai à un meilleur moment.
Certes, le texte est dense, mais le livre magnifique!
Tu as fini History of Love?
Fini, oui - lu d'une seule traite, en fait. Il en reste déjà moins de choses que du Foer - hormis l'Alma originelle, bien sûr.