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Carte postale de Tallinn (1)

tallinn.jpgA en croire ce qu'on m'avait dit à Helsinki, Tallinn, c'était Carcassonne et Tijuana dans une même ville. Carcassonne pour la ville médiévale enfermant les touristes dans ses remparts. Tijuana pour la débauche des Finlandais venus en voisins se bourrer la gueule à peu de frais.
Et c'est vrai qu'on les avait vus, ces Finlandais débarquant du ferry par familles entières avec des caisses entières de bière et de vodka, fins saouls le plus souvent, jusqu'à ces ados souffrant encore de la cuite de la veille au point d'en boire du soda. "Tu verras, c'est pire de l'autre côté", m'avait dit J.
Elle se trompait.
Le Finlandais ne vient pas se bourrer la gueule à Tallinn, il prend juste le bateau (2h) pour acheter de l'alcool détaxé.
Et une fois arrivé en ville...
D'abord il a fallu franchir le rempart, par des ruelles en angle droit, comme si Tallinn n'avait pas tellement envie qu'on y entre. Puis, une fois sur le pavé de la vieille ville... Personne. Une ville fantôme. Le long des rues principales, de longues terrasses dressées, sans le moindre client. Je me dirige vers St Olaf, ce clocher qu'on voit de très loin. Les Estoniens se cachent, les touristes aussi. J'en croise quelques-uns, seuls ou par deux, plan en main, regards en point d'interrogation. Comme si nous étions les participants d'un jeu de piste dans une ville abandonnée.
Je monte un peu vers la ville haute, un type pisse dans un parc mais il est seul. Je recroise les mêmes touristes. Je redescends. Soudain, un virage, de la musique - It's a shame. C'est le DM bar (je te jure). Deux clients. Un peu plus loin le bruit s'intensifie, un jeune couple débarque avec un sac McDo. On approche de l'hôtel de ville, la vie reprend peu à peu. Une place, des rues, des terrasses remplies... et un Pédalipub où tu montes à huit pour pédaler en te faisant servir des pintes. Nous sommes à l'Est, nous sommes au Nord, maintenant c'est sûr.
Mais une rue plus bas tout s'évanouit.
Samedi soir, Tallinn est une toute petite ville.

***

Dimanche matin, 9 heures. Les remparts sont plus accueillants sous le soleil. La ville semble la même mais elle s'est déguisée - l'offre et la demande, et le touriste demande du médiéval. Tallinn ressemble toujours à un jeu de piste, mais maintenant la ville s'agite dans tous les sens. C'est l'épreuve par équipes. Des Anglais, des Russes, des Allemands, des Italiens.
A gauche un stand de tir à l'arc propose de revêtir un chasuble pour optimiser l'expérience client. A droite un couple en costume invite à entrer dans un mignon petit musée de la torture.
Je reste dans la rue, à regarder le jeu.

Ce sont les Allemands qui ont gagné.

 

Commentaires

  • De toute façon à la fin c'est toujours l'allemagne qui gagne non? même si le brésil ou l'italie parfois

  • Je viens de finir "Jan Karski' de ton cher Yannick Haenel, et les allemands n'ont pas gagné celle là.... Mais ça donne pas envie de vivre à Cracovie ou Varsovie en 1943 quand même...

  • le lebensraum...

  • > David : j'y pensais en l'écrivant, bien sûr... (merci d'avoir saisi la perche!)

    > Castor : j'essayais justement ce matin de me rappeler le dernier très bon livre français que j'avais lu...

    > Gondolfo : point godwin en deux coups!

  • La nuit tout semble plus petit...

  • oui tu nous avais tendu le burin :)

  • > Blue Jam : j'ai quand même vu quelques gros cons qui... M'enfin.

    > Gondolfo : je pensais quand même plus à Gary Lineker qu'à Churchill ;)

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