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L'élite

10307-medium.jpgIl est parfois des livres dont on se dit qu'on aurait pu les écrire.
J'ai fait HEC et je m'en excuse, par exemple.
Le livre de Florence Noiville ne fait que 100 pages, j'aurais pu en écrire plus... Mais t'avais qu'à le faire, mon grand, me disait une petite voix pendant que je lisais.
Elle avait raison, la petite voix. Et puis, j'étais quand même d'accord à peu près sur tout le livre. Alors autant donner la parole à son auteur. Le début est un peu cliché, mais au fond...

"Longtemps j'ai pensé qu'il était absurde de passer toute une vie à se battre, à quelque niveau que ce soit, pour qu'un produit A grignote des parts de marché sur son concurrent B. J'avais sûrement tort. Pourtant n'était-ce pas, là encore, un formidable gâchis de cerveaux ? HEC ne fonctionnait-il pas comme un énorme "aspirateur de talents" se nourrissant des meilleurs pour recracher au bout du compte  - et sous l'étiquette d'élite économique et financière - des dirigeants âpres au gain, relativement inutiles à la société et, pour beaucoup, privés d'états d'âme ?"

Inutiles, ça oui. Sans états d'âme, je ne suis pas d'accord. D'abord parce que beaucoup pensent sincèrement agir du côté clair de la Force, (que certains le font, d'ailleurs), et que les autres subissent autant qu'ils agissent. D'ailleurs F. Noiville tempère, un peu plus loin, en évoquant son stage chez les philanthropes de Philip Morris.

"Je suis sidérée par la manière dont on peut , dans la vie professionnelle, être soi et quelqu'un d'autre. Agir et se regarder agir (...)"

Elle est là, la clé. Dans le jeu qu'on accepte tous plus ou moins.
Narcissisme des dirigeants, schizophrénie des hamsters d'élite qui font tourner la roue.

Allez hop, on y retourne. On en recause.

Commentaires

  • Deux choses : le monde professionnel schizophrénise, bien sûr. C'est vrai partout. La vie sociale à elle toute seule schizophrénise (pfff dans mes grands jours, je dirais même le regard de l'autre suffit à ça, mais je suis de mauvaise foi), et plus le temps passe, pire c'est (tenter d'apercevoir le véritable visage des gens passer un certain âge peut relever de l'impossible)(oui, j'enfonce des portes ouvertes)(et alors)

    Ensuite une question (con sans doute mais pourquoi s'en passer), cet ouvrage semble (j'ai pas lu, je te suis donc) dénoncer les travers d'un apprentissage dont vous saisissez les limites et les dérives (pour ne pas dire les gouffres). Quid de reprendre et de détourner tout ça pour en faire quelque chose qui vous plaise / contribue à déstructurer le fonctionnement actuel ? (fonctionnement déshumanisé ? voire inhumain ? pour ne pas parler de salops qui se goinfrent sur le dos du monde ?)

    Dénoncer oui bien sûr j'en vois l'utilité, mais n'y a t il pas largement dans tout ça de quoi oser prendre le contre-pied et en tirer parti (oserai-je dire baiser l'élite blasée ?)(oui allez je fais ce que je veux)(;) )

    Ce monde n'étant pas le mien, je suis peut-être à côté. Sans doute (je fais un pas de côté et je bifurque)

    [et je retourne donc de ce clic supporter l'autonomie de nos universités (et clamer haut et for Mort au nucléaire !)(je profite de ton blog influent pour faire passer mes messages)(la nature te remercie)]

  • les grandes écoles sont un formidable gâchis de cerveaux, c'est clair. déjà, la sélection: je ne suis pas contre l'élitisme je suis pour l'élitisme intelligent. c'est facile de sélectionner par les maths et le QI, mais quel formatage, c'est un mauvais calcul à long terme. ensuite, ce qu'on y apprend (surtout ce qu'on n'y apprend pas), la façon dont on vous forme...
    mais notre pays est si fier de ces écoles dont il est persuadé que le monde nous envie, que je désespère qu'elles changent de mentalité.

  • Meilleur livre que j'ai lu sur le sujet. Elle a la bonne distance critique, pas (trop) envie de leur vomir dessus, pas (trop) de repentir du genre "mon dieu mais j'ai fait cette école, au fond, suis-je quelqu'un de mauvais"...

    J'attends "j'ai fait l'ENA et je m'en excuse: ça ne suffit pas à être présidentiable" par Jean-François Copé.

  • PS: tu t'es jamais excusé vraiment, toi...

  • > Léo : la dénonciation pure ne mène pas loin, je suis d'accord... mais là, foin : la 2e partie du livre contient des propositions - une sorte d'utopie, certes, mais louable.
    (vais m'appliquer à influencer encore plus pour relayer mieux ;)

    > Columbine : le coeur de la reproduction des élites est bien là, oui !

    > Castor : la bonne distance, oui (reste à raccourcir la distance en années)
    (PS - "Hors jeu", c'était un peu ça, quand même)

  • Intéressant ce livre.

    Moi qui oeuvre depuis longtemps dans un domaine technique, j'avais décidé de faire les HEC pour «ajouter une corde à mon arc» (expression débile, je sais).

    Un jour, alors que j'observais tous ces étudiants qui apprenaient bêtement ce que d'autres avaient découvert, je me suis dit «c'est bête ça, l'important c'est de découvrir, pas de parcourir le même chemin que ceux qui ont découvert, ça ne donnera rien». Et je suis parti pour ne pas revenir aux HEC.

    Accent Grave

  • Putiiiiiiiin encore une salope qui m'a grillée et qui dit la meme chose que moi alors ? Sauf que moi j'ai réussi à glisser "bite" juste entre "leadership aspirationnel" et "schizophrénie". L'honneur est sauf.

  • J'ai trouvé dernièrement cette phrase de Sarte dans un article : "L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous."

    Est-ce vraiment H.E.C. et son "formatage intellectuel" qu'il faut remettre en cause ? Ou les diplômés qui se sont laissés formater, qui le savent, qui le vivent mal, mais qui choisissent de conserver leur postes de D.G. dans une grande boîte parce que c'est plus confortable que de prendre des initiatives pour faire bouger les lignes ?

  • > Accent grave : pourtant, une belle devise comme "apprendre à oser", hein ? (ha ha)

    > MlleDusk : sur la schizophrénie, c'est moi qui rajoute ; la place est encore chaude^

    > LolaH : l'oeuf et la poule !
    (NB - le fait est que beaucoup de diplômés de grandes écoles ont choisi d'autres vies, mais ils ne font pas encore rivière. Ils (je) restent en marge du système sans en changer grand'chose)

  • Voilà qui va pouvoir nourrir mon petit tour des romans/essais sur le monde merveilleux et magique de la vie au travail. Merci.

  • Plutôt d'accord avec Lola H. J'ai fait un IEP et ces trois années m'ont ouvert une pluralité de mondes en sociologie, philosophie politique, histoire des religions, etc.
    Après, que faisons-nous de ces savoirs, là est la question. Aussi ai-je une proposition : que tous les élèves de ces grandes écoles soient obligés d'aller passer six mois non pas en entreprise mais sur le terrain, dans un pays bien craignos, à loger comme les autochtones, debout six heures et hop!, c'est parti pour 12 heures d'affilée dans une usine Nike au Vietnam ou des champs de soja transgénique au Brésil. Ou alors comme simple ouvrier dans une centrale nucléaire Areva ou une usine Continental.
    Ah non, je suis con, les anciens élèves de ces grandes écoles ont fait fermer les usines en France...

  • > Blonde : j'en ai en réserve, tiens (suis en train de lire un bon roman sur un contrôleur de gestion junior ;)

    > r1 : ... et je plussoie. pas eu beaucoup de cours intéressants pour ma part, mais s'il y en avait eu, je n'aurais pas su en profiter.
    (anarchiste, va ! ;)

  • R1, la rééducation par le travail, l'autocritique publique, c'est une très bonne idée, mais ça a déjà été expérimenté!

  • Jeanpolpot, où avez-vous lu que je préconisais l'autocritique publique et la rééducation par le travail?
    Une petite connexion de temps à autre avec la réalité par contre me semble indispensable à qui se pique de représenter le peuple et prend au nom d'icelui des décisions d'importance.
    Sinon, effectivement, je suis un dangereux factieux : je suis pour que nos représentants soient tirés au sort...

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