J’avais le projet d’écrire des choses ici, des choses que je pensais vaguement intelligentes, ou surtout amusantes, et puis…
"L’un des malheurs aux quels sont soumises les grandes intelligences, c’est de comprendre forcément toutes choses, les vices aussi bien que les vertus.
Ces deux jeunes gens jugeaient la société d’autant plus souverainement qu’ils s’y trouvaient placés plus bas, car les hommes méconnus se vengent de l’utilité de leur position par la hauteur de leur coup d’œil. Mais aussi leur désespoir était d’autant plus amer qu’ils allaient ainsi plus rapidement là où les portait leur véritable destinée. Lucien avait beaucoup lu, beaucoup comparé. David avait beaucoup pensé, beaucoup médité. (…)"
Je vais plutôt continuer à lire Balzac, je reviendrai après, les illusions perdues et l’esprit libéré.
Ce sera bien.
Commentaires
"La fierté que ne modifie pas l'usage du grand monde devient de la roideur en se déployant sur de petits choses au lieu de s'agrandir dans un cercle de sentiments élevés. L'exaltation, cette vertu dans la vertu, qui engendre les saintes, qui inspire les dévouements cachés et les éclatantes poésies, devient de l'exagération en se prenant aux riens de la province. Loin du centre où brillent les grands esprits, où l'air est chargé de pensées, où tout se renouvelle, l'instruction vieillit, le goût se dénature comme une eau stagnante (...)
Bientôt l'imitation des idées étroites et des manières mesquines gagne la personne la plus distinguée. Ainsi périssent des hommes nés grands, des femmes qui, redressées par les enseignements du monde et formées par des esprits supérieurs, eussent été charmantes."
"Mme de Bargeton prenait la lyre à propos d'une bagatelle, sas distinguer les poésies personnelles des poésies publiques. (...) Son esprit s'enflammait d'ailleurs comme son langage. Le dithyrambe était sur dans son coeur et sur ses lèvres. Elle palpitait, elle se pâmait, elle s'enthousiasmait pour tout événement (...) Pour elle tout était sublime, extraordinaire, étrange, divin, merveilleux. Elle s'animait, se courrouçait, d'abattait sur elle-même, s'élançait, retombait, regardait le ciel ou la terre ; ses yeux se remplissaient de larmes. Elle usait sa vie en de perpétuelles admirations et se consommait en d'étranges dédains (...)"
"... Elle avait soif de tout ce qui n'était pas l'eau claire de sa vie, cachée entre les herbes. Elle adorait lord Byron, Jean-Jacques Rousseau, toutes les existences poétiques et dramatiques. Elle avait des larmes pour tous les malheurs et des fanfares pour toutes les victoires (...) Enfin elle revêtait les gens de génie d'une auréole, et croyait qu'ils vivaient de parfums et de lumière. a beaucoup de personnes, elle paraissait une folle dont la folie était sans danger; mais, certes, à quelque perspicace observateur, ces choses eussent semblé les débris d'un magnifique amour écroulé aussitôt que bâti, les restes d'une Jérusalem céleste, enfin l'amour sans amant. Et c'était vrai."