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  • Où il est grand temps de sortir de sous les couvertures

    lit-dc3a9fait.jpgTu te souviens, l'été dernier ?
    A peu près à la même époque, je devais être en train de signer chez mon éditeur quelques exemplaires de Sous les couvertures, pour des journalistes littéraires qui n'en auraient probablement rien à faire.

    Sortir un roman en pleine Rentrée de septembre chez un 'petit éditeur' (pourtant déjà plus si petit), sans attaché-e de presse pour remuer ciel, et terre et carnet d'adresses, c'était une lutte inégale contre le Destin. Autant dire, une tragédie annoncée.
    Alors pour conjurer tout ça (les espoirs naïfs, la crainte d'avoir travaillé des années pour rien - l'attente, quoi), j'avais entrepris d'écrire un feuilleton : celui d'une Rentrée littéraire comme elle se passe chaque année, avec ses acteurs fétiches, son scénario presque immuable, ses figures incontournables, ses rituels... Avec le recul, je n'ai pas l'impression de m'être trompé de beaucoup. Autant dire que je pourrais republier le même feuilleton cet été, ce serait tout aussi vrai. Je pourrais même y ajouter une scène inédite, tout au début – une scène qui se passerait début juin, un ballet de journalistes et attachés de presse réunis au cocktail d'un des derniers prix de la saison, se demandant tous "et tu as lu quelque chose de bien, déjà ?" (scène vécue ; en arrière-scène, on aurait des libraires et petits éditeurs criant : "Eh, il y a des livres sur nos tables qui attendent d'être vraiment lus ! ça intéresse quelqu'un ??" Mais leurs voix seraient étouffées par le tintement de deux coupes de champagne dans la cour intérieure d'un hôtel particulier.

    … Bref !
    Tout ça pour dire que je ne te parlerai sûrement pas de la Rentrée de septembre, qu'il y a quelques romans que j'aurai plaisir à te conseiller bientôt pour cet été (ou pour un autre) – et qu'en attendant, il faut bien boucler la boucle et solder cette Rentrée 2014.
    Que s'est-il donc passé pour Sous les couvertures ? me demandes-tu. Eh bien, c'est simple. Si je ne t'en ai pas parlé ici, ce n'est pas seulement par dédain pour l'autopromo. C'est aussi parce qu'il ne s'est rien passé, ou presque. Sur papier, en tout cas.
    Et je te dis ça sans aigreur : je pourrais ajouter, comme prévu – sauf que bon, on rêve toujours un peu. Alors merci à toi, Mandor, merci François P., l'homme du TGV... et un merci ébahi à Télé 7 Jours (oui madame!), et à son point d'exclamation final. Et merci aux autres, finalement : sans eux, je n'aurais pas pu, joie et honneur, faire partie des finalistes du hautement sympathique Prix de l'Inaperçu.
    Tu vois, je te le disais l'autre jour on trouve toujours de la consolation dans l'écriture.

    Bon, sans rire et sans fard, maintenant je te le dis : ne plus jamais sortir de livre en septembre. Plus jamais dans ces conditions, en tout cas. Rien de tel pour te pourrir l'été comme l'automne.
    Ceci était dit, neuf mois plus tard, on retiendra surtout les quelques joies, parce qu'il y en eut, et des belles.
    D'abord il y a eu ces libraires qui l'ont fait monter sur leur table. Que ceux-là soient loués pour l'éternité ! Pour ce livre-là, on ne pouvait sans doute rien faire de plus beau. Il y a eu des rencontres – de celles qui resteront –, il y a eu des sourires de lecteurs, des retrouvailles improbables, une réimpression, quelques verres gaiement partagés.
    Et puis, il y a eu la Toile. Lire dès les premiers jours un billet comme celui-ci, vraiment, ça suffit à vous assurer que vous n'avez pas écrit pour rien – pas seulement pour l'avis positif, mais parce que l'insatiable Charlotte, comme sa comparse Sophie, compte parmi les lectrices les plus fines que je connaisse.

    Sous-les-couvertures-Bertrand-Guillot-300x213.jpgEnsuite, il y a eu la chronique de Stephie, alias Milleetunefrasques, qui m'a fait rougir d'aise – et pas seulement parce qu'elle avait noté ce qui reste ma scène préférée du livre. Je ne connaissais pas Stephie, c'est une amie qui m'a indiqué son blog. Je n'ai pas réagi à sa chronique (je ne le fais jamais, je sais, c'est idiot). Et quelques semaines plus tard, surprise ! je découvre qu'elle avait proposé le livre dans le cadre d'une opération menée par Price Minister – les Matches de la Rentrée littéraire. Je te passe les détails, tu pourras cliquer sur le lien si tu es curieux, mais enfin le résultat était là : par un étrange miracle, plus de 160 blogueurs (enfin, disons 158 blogueuses et 2 blogueurs (ou peut-être un seul, je ne sais plus)) ont demandé à recevoir Sous les couvertures. Peut-être à cause du titre. Peut-être aussi à cause du pouvoir magique de Stephie (si ça t'intéresse, cette semaine elle peut aussi te faire devenir une bête de sexe).

    Ainsi donc, en novembre, elles étaient 150 qui ne me connaissaient pas à recevoir le livre dans leur boîte aux lettres, et qui s'engageaient à écrire une chronique sur leur blog avant Noël.
    Quand on me l'a appris, je crois que ça m'a fait plus peur que plaisir. Mais les dés étaient jetés, les livres envoyés. Au moins, me suis-je dit, j'allais pouvoir actualiser ma connaissance de la blogosphère littéraire...

    Mais je te raconterai ça une autre fois. Je suis déjà trop long – et j'aime bien les feuilletons. Et puis je ne sais même pas s'il reste quelqu'un ici pour lire cette ligne. En tout cas, si tu es là, qui que tu sois, où que tu sois (il y a quelqu'un?), je te salue.

    (NB - la dernière illustration a été piquée sur le blog de Stendhalsyndrome,
    qui doit être en train de parcourir le monde - qu'elle me pardonne cet emprunt... et merci!)

  • L'Homme de Kiev

    l'homme de kiev, malamud, rivagesJ'ai passé le week-end malade dans une geôle de Kiev, emprisonné par des serviteurs du tsar et abandonné de tous, j'étais juif et athée, je puais comme un bouc-émissaire, je n'avais qu'un maigre seau pour pisser et chier, je n'avais pas de papier ni de crayon, rien à lire, et des gardiens qui me fouillaient au corps trois fois par jour.
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    Eh bien, tu me croiras ou non, c'était un excellent week-end.

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    Bernard Malamud, L'Homme de Kiev, Rivages