« Nous sommes venus en ville parce que nous voulions une vie désordonnée, voie ce que nos échecs avaient à nous apprendre, et ne satisfaire que nos désirs les moins raisonnables (…) Nous voulions explorer les possibles, sucer la moelle de la vie, crouler sous le travail jusqu'à notre dernier souffle. Si nos patrons se montraient mesquins, nous porterions un toast à leur méchanceté pure et entière à grand renfort de vodkas cranberry (…)
Complexité, complexité, complexité ! Que nos vies soient alambiquées et sans point final ; que nos comptes soient dans le rouge et nos allocations réduites. Prenez nos cotisations, et que la Sécurité sociale coule ! En faillite depuis le départ de chez nos parents, nous allions construire notre propre sécurité. La retraite appartenait à l'ancien monde auquel nous ne croyions plus. »
Kristopher Jansma, New York Odyssée, ed. Rue Fromentin (trad. Sophie Troff)
Cinq amis, la vingtaine bien entamée, qui tentent de faire leur trou à New-York. Irène, l'artiste de la bande, semble cimenter l'ensemble. Sauf que page 50, on lui diagnostique un cancer, et la vie bascule.
Le sujet m'aurait fait fuir, mais il y avait cette couverture, magnifique, et l’œil des deux éditeurs qui frisait quand ils parlaient du livre, persuadés qu'ils étaient de tenir une pépite.
Ils avaient raison.
C'est fin et ça claque, certains chapitres valent un roman entier, d'autres vous fichent la larme à l’œil. Et puis ce prologue, magistral, qui vous trousse une génération en 4 pages.
Bing.
Bon voyage.