(qui a dit que ce blog était en friche ?)
Du précédent roman de Sonia Ristic, j’avais écrit qu’il composait une fresque en seulement 200 pages. Je vous jure, Madame la juge, que je ne savais pas que l’autrice avait en tête une véritable fresque, des années 80 aux années 2020 ! C’est pourtant ce qui semble s’annoncer, et tel Michel Houellebecq - qui, lui, semble s’être arrêté aux années 2000, je dis youpi.
Saisons en friche n’est pas la suite des Fleurs dans le vent. C’est l’esprit qui reste, et le cœur, et le chœur de personnages, venus d’un peu partout pour faire vivre Paris dans ses marges, dans ses rêves, dans ses bars.
Une bonne dizaine de protagonistes se croisent dans le roman, mais le vrai héros de l’histoire, c’est le squat. Une friche occupée par un collectif d’artistes, qui s’organise tant bien que mal et qui tente de résister à l’implosion et aux promoteurs.
« Untel a oublié de sortir les poubelles, une autre a laissé un bordel innommable dans la salle blanche, Truc s’est servi dans le stock de boissons du bar sans le recharger (…) Il y a des drames et des pleurnicheries. L’utopie n’est pas tout à fait au point non plus, mais malgré tout c’est la joie qui domine. »
Saisons en friche, c’est l’histoire d’un lieu et de ses habitants éphémères, qu’on suit au squat comme à la ville, au tournant de 2010, et comme dans le précédent roman de Sonia Ristic, ça déborde de vie sans déborder de mots. C’est un portrait de groupe - le nôtre, un peu, le Paris d’avant les attentats mais où la scène était prête, déjà, un Paris bien plus vrai que celui des beaux quartiers.
J’ai compris que le squat du roman s’inspirait d’un lieu réel : le Théâtre de verre, du côté de La Chapelle.
Je me souviens de ce bal populaire qu’ils organisaient, le dimanche, et où ai passé quelques-uns des plus belles fins de week-end qu’il m’ait été donné de vivre dans cette ville : un esprit bon enfant, un mélange comme on en trouve peu, la fête tranquille, simple et joyeuse.
Je viens de voir que le lieu existe encore. Avec d’autres gens, sans doute, mais toujours un festival, et un bal populaire.
Lisez le livre, et allez voir.
Ou dans l’autre sens.
Mais faites les deux, vous verrez, l’hiver passera mieux
Sonia Ristic, Saisons en friche, ed. Intervalles
Commentaires
Je suis en train de le lire. Et oui, je ressens que c'est dans la ligne de ces "Fleurs dans le vent"; et la récurrence de certains personnages, par exemple Douma, le confirme. J'aime ces ambiances: un beau petit monde, par-delà ses dissensions, cosmopolite, cherchant (ou pas, ou à sa manière) sa voie d'adulte.
Et si j'en ai l'occasion, j'irai volontiers voir ce qui se passe au Théâtre de verre.
... Enjoie!
Et comme tout se passe en 2010, j'imagine un 3e volet à venir...