L’envie de lire est revenue !
Et après le confinement, allez savoir, parmi tous les livres qui m'attendaient, j'ai eu envie de lire sur la prison :
- Un essai : "Décarcérer", de Sylvain Lhuissier - 80 pages et pas une ligne de trop : c’est nerveux, c’est sourcé, c’est éclairant en diable. 59 % de récidive, l’échec est criant. Et cette question lancinante : en construisant des prisons, lutte-t-on vraiment contre la délinquance ou fabrique-t-on de nouveaux délinquants ?
(c'est aux éditions Rue de l'Echiquier, dont la collection "Les Incisives" est peut-être ce qu'on fait de mieux en matière de pamphlet - du contenu féroce mais jamais gratuit, un papier aussi solide que l'argumentation, et un prix raisonnable (10 euros). bravo)
- Un roman : "Laissez-nous la nuit", de Pauline Clavière, basé sur le témoignage d’un chef d’entreprise qui se retrouve en taule du jour au lendemain, broyé par la machine. Les caïds et les autres, les trafics en tous genre, la dope et les psychotropes, les surveillants complices, ripoux et martyrs, les parloirs, la trouille, la débrouille : tout y est, 600 pages qui s’étalent un peu mais étonnamment fluides, édifiantes au final.
… Et après lecture, une même conclusion : dans 95 % des cas, la prison ne sert à rien - au contraire. Et il serait bien temps d’arrêter de mettre le problème sous le tapis, parce que le tapis commence à peser sacrément lourd.