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  • Qui a fait le tour de quoi ?

    Qui-a-fait-le-tour-de-quoi_200.jpgLe livre était jaune et souriait timidement sur la table de l’Humeur Vagabonde.
    Le titre était accrocheur, le nom de l’auteur ne me disait rien, mais allez savoir pourquoi, je l’ai pris.
    J’ai bien fait.

    Qui a fait le tour de quoi ?, c’est l’histoire du Tour du monde de Magellan, racontée en 5 épisodes, comme un conte - mais un conte où tout serait vrai.

    Romain Bertrand est historien, il ne raconte pas ses histoires depuis le fond de la caverne de Platon. Il retourne aux sources pour mieux comprendre, il va chercher les hommes sous le mythe - et là, surprise ! Les Européens de la Renaissance apparaissent moins glorieux que ce qu’en raconte Stéphane Bern. Plutôt bourrins, même.

    Cette entreprise de déconstruction, qu’on retrouve dans d’autres domaines, me semble être le plus sain de tous les mouvements qui nous secouent depuis vingt ans. Certes, les héros font moins rêver quand on les voit de près. Ils sont aussi plus vrais - et pas forcément moins inspirants : il y a quelque chose de libérateur à voir que non, ce n’était pas nécessairement mieux avant.

    Regardons-nous donc dans des miroirs qui ne nous déforment pas, nous nous trouverons peut-être un peu moins beaux, mais tout ira beaucoup mieux.

    Qui a fait le tour de quoi ? (L'affaire Magellan), Romain Bertrand, ed. Verdier

    (PS - je lis dans les remerciements que ce livre a d'abord existé sous la forme de lectures, 5 soirs de suite à l'occasion du Banquet du livre d'été, à Lagrasse. Disons-le, j'adorerais faire ça - et j'ai peut-être de quoi. A suivre...)

  • Chavirer (vraiment)

    lafon chavirer.jpgOn m’avait dit « Tu verras, c’est une écriture très classique, mais c’est vraiment bien fait ».
    Je n’avais jamais lu Lola Lafon - ou plutôt : j’avais essayé, par deux fois, je n’avais pas réussi. Trop de manières, je crois - cette manie des auteurs français de nous prouver qu’ils écrivent bien (qu'ils lisent Carrère, tiens, avec son air de ne pas faire de style).
    Autant dire que le crédit-pages de Chavirer était de 10, 15 au maximum.
    Il en a fallu moins de 5 au roman pour me faire virer de bord.

    Quelle finesse ! Pas tant dans l’écriture, mais dans le choix des scènes, dans les ellipses, dans les personnages eux-mêmes. Parler d’abus sexuels dans l’enfance (et bien plus que cela) sans le moindre pathos, la langue qui s’efface derrière les personnages sans juger ni les uns ni les autres (mention spéciale pour la confrontation entre la fille timide de Fontenay-sous-Bois et les militants parisiens post-étudiants qui veulent parler de la banlieue). Et l’intelligence, et la distance, et la fluidité.
    C’est fou, finalement, ce qu’on peut faire avec l’écriture classique.

    Je me fous des prix littéraires, mais si ce Chavirer en rafle un gros, ce sera justice.

     

    EDIT - Le crédit-pages

    Je m'aperçois que ma vieille théorie sur le crédit-pages a disparu avec le blog précédent (une petite perte pour l'humanité, une assez grande pour moi, je dois dire).
    Alors, en rapide résumé, voilà :
    A chaque fois que vous ouvrez un livre, sans en avoir exactement conscience, vous accordez à l’auteur un crédit de X pages pour vous intéresser à son histoire, faute de quoi vous le refermerez sans remords (hormis celleux qui n'osent jamais ne-pas-finir un livre, je les plains) et le renverrez au fond de l’armoire de vos déceptions littéraires. Ce « X » est une synthèse complexe de facteurs hétéroclites : le nom de l’auteur, le titre du livre, l’éditeur, le texte de la 4e de couverture, une interview entendue à la radio, une critique lue dans un journal, le conseil d’un ami, la tête de l’auteur… A chacun ses critères, évidemment.
    Et je crois que je ne m'arrêterai pas de bloguer tant que cette théorie ne sera pas devenue un classique de l'analyse littéraire.
    Sur ce, bonnes lectures