Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

éd. quidam

  • Le répondeur (où l'on se pose quelques questions)

    luc blanvillain, le répondeur, quidam, comédieLe livre était sur la table et me regardait depuis plusieurs semaines.
    Des amis grands lecteurs m’avaient promis humour et finesse ; le résumé laissait en effet imaginer une comédie pleine d’esprit : l’histoire d’un "romancier célèbre et discret", qui pour fuir les sollicitations et réussir enfin à écrire tranquillement "son texte le plus ambitieux et le plus intime", engage un imitateur précaire pour répondre à sa place au téléphone.

    Il y a quelques années, je m’en serais léché les babines par avance. Mais cette fois, j’ai bloqué. Est-moi ? Est-ce l’époque ? Chaque fois que je regardais le livre, la même question me revenait :

    Y a-t-il quelque chose dont le monde ait moins besoin que d’un roman sur un écrivain célèbre ?

    Je voyais déjà les inévitables réflexions sur l’écriture et la place de l’écrivain (pitié), et ce petit milieu du livre qui s’acharne à croire que le monde tourne autour de lui alors que c’est exactement l’inverse.

    Et puis, comme le monde a encore moins besoin de procès d’intention que de mises en abîme, je l’ai ouvert, ce roman.
    L’humour, je l’ai vu dès la première page. La finesse n’était pas loin. Le sérieux, dans les marges, avec un sourire en coin. Et surtout, Le Répondeur n’est pas un livre sur l’écriture. Le grand-romancier est là, bien sûr, mais comme une caricature de comédie. Le vrai personnage, c’est Baptiste, l’imitateur. Qui ne doit pas seulement imiter, mais aussi improviser. Que répondre à ces inconnus qui, tous, tombent dans le panneau ? Au père de l’écrivain, par exemple, qui est justement le sujet douloureux du livre en cours. Ou à sa fille, artiste frivole et tellement séduisante. Ou encore à ce petit con de journaliste qui tente de séduire la fille pour approcher le père en exclusivité.

    Le Répondeur n’est pas un livre sur l’écriture : c’est une vraie comédie bourgeoise - et des plus réussies. Certes, on pourra se demander si le monde a encore besoin de comédies bourgeoises. Et pourquoi pas ? (Sou)rire ne peut pas lui faire du mal - surtout quand l’auteur glisse en passant quelques réflexions assez malines sur notre rapport aux autres. Quand l’esprit de sérieux menace de nous étouffer, prendre l’air est salutaire.
    Et avec Luc Blanvillain, il est frais juste ce qu’il faut.

    Le Répondeur, Luc Blanvillain, éd. Quidam