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et hop

  • Bien plus que de la chance

    Où l’on va quand même finir par parler de la Rentrée littéraire™…

    84626100733850M.gifBon. Pour la Rentrée, c’est simple : il y a plein de livres, et il y a celui-là.
    C’est de l’eau, de David Foster Wallace.
    150 pages à peine, certaines presque blanches, mais qui pourraient contenir facilement la moitié de tout ce qui obtiendra un prix dans les mois qui viennent.

    Je ne connais pas bien David Foster Wallace. Ce que je sais de lui, c’est que c’était une sorte de surdoué touche-à-tout, un type qui aime couper les cheveux en seize, qui a écrit une petite dizaine de livres et a fini par se suicider à 47 ans, en 2008.
    Aux Etats-Unis et au Québec, paraît-il, il est en passe d’atteindre le statut d’auteur culte mais bien sûr nous sommes au-dessus de ça.
    J’avais lu l’an dernier La fonction du balai : un maelström étrangement maîtrisé, avec des fulgurances, des inventions et du vrai n'importe quoi. Un vrai bon livre, oui, une découverte, mais pour le culte je restais mécréant. C’est que je n’avais pas encore lu C’est de l’eau.

    Ce livre n’est pas un roman, mais la seule allocution que DF Wallace ait jamais donnée devant des étudiants, à l’occasion d’une remise de diplôme.
    Imaginons : assis sur les chaises, quelques centaines d’étudiants avec leur jolie toque, et leurs parents tout fiers, qui espèrent qu’ils seront bientôt recrutés chez Merrill Lynch.
    Face à eux, Wallace parle d’ouverture aux autres. Il met en garde les étudiants contre leur configuration par défaut  et les appelle à faire des choix - n'importe lesquels, mais des vrais. A être adultes, en somme. Ha, le gros mot, pour des étudiants ! Mais à 20 ans, toque sur la tête, on ne sait pas qu’on risque fort d’être toute sa vie un étudiant qui attend d’avoir des bonnes notes – celles qui à 30 ans se nomment promotion, à 40 ans s’appellent bonus, et à 50 ans ne s’appellent plus parce qu’on ne se rend même plus compte qu’on est vissé à sa chaise, le nez collé au tableau.

    Evidemment, sur les bancs de l’université, en 2005, on aurait aimé ce discours, on aurait adoré, sûrement, mais on n’aurait sans doute pas capté la puissance du gars. Sa clairvoyance, sa générosité, ce qui lui restait d’espoir. On n’y aurait pas vu un nouveau Khalil Gibran qui saurait faire sourire pour faire passer son message.

    Mais grâce au Diable, on aurait pu le relire, avec le recul de quelques années, et là, forcément, on l’aurait offert autour de nous.

    « Il n’est pas question de morale, de religion, de dogme ou de grandes questions chic de vie après la mort.
    La vérité avec un grand V est celle de la vie avant  la mort.
    […]
    Voilà la valeur d’un véritable enseignement, qui n’a rien à voir avec les notes ou les diplômes et tout à voir avec la simple ouverture à ce qui est réel et essentiel, si bien caché, sous nos yeux, tout autour de nous.
    […]
    C’est incroyablement difficile de faire ça – de vivre conscients, en adultes, jour après jour.
    Ce qui signifie qu’un autre grand cliché est vrai : votre éducation est le travail d’une vie, et elle commence – maintenant.
    Je vous souhaite bien plus que de la chance. […] »

    David Foster Wallace – C’est de l’eau (Au diable vauvert)

    NB - J’ai fait exprès de laisser tout plein de […].
    Ils se transformeront en !!!  quand vous le lirez.
    En attendant, je vous souhaite […]