« J’en viens au moment décisif de mon récit. »
(sic)
Voilà donc le roman étranger dont on parle le plus en cette petite Rentrée Littéraire™.
La physique des catastrophes est une parfaite illustration de la théorie du crédit-pages, en vérité. Et de la supériorité du bouche-à-oreilles sur le bruit médiatique. Car sans la chaleureuse recommandation de Lidell au goût si sûr, j’aurais certainement refermé le livre au bout de 40 pages d’une écriture très appliquée, 40 pages où il ne se passe rien mais où aucun détail ne nous est épargné. Mais j’ai poursuivi, opiniâtre à défaut d’avoir une opinion…
Page 150 j’ai failli craquer, vaincu par l’ennui et l’abus de parenthèses (loin des parenthèses buissonnières de Jaenada, pleines de vie, M. Pessl a la parenthèse fayote, une parenthèse de première de classe qui ne peut pas s’empêcher de lever le doigt (France 1, USA 0), faut-il que nous soyons devenus petits, me disais-je hier, pour appeler génie la starlette d’une classe de creative writing sous prétexte qu’elle a traversé l’Atlantique auréolée d’une médaille). J’aurais largué miss Pessl sans le moindre remords, donc, si Caroline ne m’avait pas promis une fin de roman mémorable.
Alors j’ai sauté des paragraphes, allègrement, en attendant un peu de légèreté qui ferait décoller le livre.
Jusqu’à cette nuit. Réveillé vers 3 heures, j’ai tendu le bras vers Marisha. Deux digressions pseudo-savantes auraient vite raison de l’insomnie naissante, pensais-je.
Qu’avais-je fait ! Soudain vers la page 300 le livre largue ses amarres. L'ado intello se laisse enfin adopter par un groupe de jeunes cools, une prof de cinéma les fascine et nourrit leurs fantasmes, la prof meure et l’héroïne mène l’enquête. Intrigues. Rebondissements. Doubles sens. Bal de fin d’année. Découvertes. Envolées. Il n’en faut pas plus quand c’est bien mené.
Et nous voilà donc, Marisha et moi, dans mon lit, frénétiquement, seuls au monde dans le fascinant silence de la nuit. Nous sommes restés scotchés ensemble jusqu’au petit matin, pris dans l’histoire je lisais jusqu’aux parenthèses qui se faisaient plus rares, plusieurs fois j’ai failli m’excuser de l’avoir si mal jugée au début de notre relation…
… Mais lorsque pointe le jour la nature revient au galop. Marisha m’a laissé en plan page 600 en retrouvant son petit ton pincé d’élève modèle, comme si elle me quittait pour aller en cours alors que je rêvais d’école buissonnière.
Forcément, je lui en veux un peu. Marisha Pessl est énervante comme une première de la classe qui en plus serait jolie et bonne en sport. On l’aime bien, mais à chaque bon point délivré par les critiques profs on a envie de vider notre cartouche d’encre sur sa robe à smocks.
A la prochaine récré j’irai plutôt jouer avec Zadie Smith, na.
Commentaires
Ah ben merde moi qui attendait le mois d'octobre pour lui offrir une partie de mon budget-livres... je vais ptet investir dans d'autres bouquins du coup. Pourtant le fait qu'on la compare à Donna Tartt pour Le Maitre des illusions donnait envie (seulement pour Le maitre des illusions, car Le petit copain est une bouse).
Oh, ciel, le coup de coeur du masque et la plume perd la raison! Cher Second, vous vous égarez. Ce livre transpire l'atelier d'écriture. Marisha écris comme d'autres vont au gymnase club et pour le même résultat: carré, impressionnat, gentil à regarder mais sans fond... Soyons raisonnable; en cette rentrée, s'il y a un truc à lire, c'est "Alabama song" de Gilles leroy....
Bon, tu fais bien de prévenir, car j'ai la facheuse tendance à ne pas finir qd c'est trop barbant. Tu crois qu'on peut commencer à la page 300 en comprenant l'ensemble? Repose-toi bien ;-)
mais au final tu l'as emballé ou pas, la fayotte?
raaah le niveau baisse, bon au lieu de batifoler bêtement avec des amerloques, y'a des belleviloises qui ont pas leur p****n de dédicace
na, aussi.
> Dahlia : je viens de lire quelques échos du Maître des illusions... Etonnantes similitudes en effet ! Mais si tu as déjà lu l'original, tu peux sauter une classe, oui.
> Castor : ben... c'est qu'est-ce que j'dis, non ?
(ta remarque, très juste, m'a accompagné jusqu'à la page 300, et puis... mais tu avais dû craquer avant (je te comprends))
> Cassiopée : malheureusement non, faut se taper tout le col avant d'entamer la descente. mais on peut couper, sans pb.
> Petite Brune : disons qu'elle m'a franchement pendant quelques heures, mais qu'au matin j'ai su que ce serait une histoire d'une nuit, pas plus.
(qu'elles viennent, les bellevilloises, tiens ! ;)
En gros il y a plus de 300 pages en trop quoi, tout le monde en dit la même chose > Chiant comme la mort pendant 300 pages et ensuite boum déclic...en tant que star internationale mais néanmoins lambda je ne vois pas l'intérêt de souffrir inutilement. Son bouquin elle avait qu'à pas louper le début pour la prochaine fois elle saura.
(c'est pas le livre qui a été recommandé par mon cocker rhumatisant perso ça ? parce que sachant qu'il a aussi recommandé le dernier Reza ça aurait pu servir de "contre conseil" moi c'est comme ça que j'applique en tout cas)
BizZ
Un livre qui met 300 pages pour se révéler, qui se reperd 300 pages plus loin... Hum... j'ai de sérieux doutes. Changeons de livre.
Eh oui elle est un peu agaçante Marisha...et puis je me méfie un peu de la traduction, mais bon étant une inconditionnelle des teenage movie j'étais forcée d'avoir un un petit faible. Bon parlons sérieusement si tu peux du pavé américain, du lourd, en ce moment je suis plongée dans l'étonnant (à tous points de vue) Atlas Shrugged. Jamais traduit en français (le bouquin date des années 50) et pour cause, mais bientôt sur nos écrans sous les traits d'Angelina Jolie...à suivre donc...
La prochaine fois que tu présentes et que tu signes ton livre dans une librairie parisienne, je viens. J'aime trop cet humour !!! (Et tu m'as aussi donné envie de croiser Marisha ...).
> Fafa : j'ai pensé à toi, bien sûr - j'ai failli ajouter un PS spécial pour ton Brouillardounet Décomplexé. "Un livre où on rit à chaque page", il a osé. En fait je crois que même les stagiaires qui rédigent ses fiches ne lisent pas les bouquins en entier.
> Chroniqueuse : dis-donc, tu te mets à la sagesse ? ;-)
> Lidell : avant même cette nuit j'ai pensé, à plusieurs reprises, que ce livre avait été écrit pour toi...
(et parlons du pavé américain, oui. devant un bon pavé français, par exemple. à bientôt!)
> Lila : eh bien... à bientôt alors ! (en octobre, le 19)
(chic, il y aura quelqu'un ;-))
Il faut ABSOLUMENT lire Le Maitre des Illusions! Sincèrement, il fait partie des livres que je relis une ou deux fois par an... très fort très prenant, notamment sur les notions de culpabilité, de responsabilités et où se situe la limite entre les brillantes joutes intellectuelles et orales et ce qu'on décide d'en faire... Je te jure, achète-le, je suis sure que tu trouveras un exemplaire pas cher sur Price Minister ;)
C'est rarissime d'entendre parler du "Maitre des illusions" de Donna TARTT, c'est aussi un de mes livres cultes. La première fois que je l'ai lu, j'avais 18 ans, il venait de sortir. Je l'ai relu une fois et je le conseille régulièrement...
J'avais noté ce livre dans un coin de ma tête après l'avoir vu un peu partout sur les blogs (et les rayons dans les librairies) mais tu fais bien de dire qu'il y a 300 pages et des parenthèses en trop.
D'ailleurs, pendant que j'y pense, Caroline le disait aussi!
Mais bon, parfois on sait déjà que nous ne serons pas aussi fort que toi et qu'on préfererait largement passer la nuit avec quelqu'un d'autre ;-)
> Dahlia : ok ok ok... promis ! mais le Pessl a l'air tellement calqué dessus que je vais laisser passer un peu de temps.
(une chronique sur Srictos ? ;)
> Lila : n'en jetez plus !!
> Emeraude : bien vu... je te souhaite d'excellentes nuits ! ;-))
À propos de crédit page, j’ai dernièrement eu la louable intention de combler un peu le gouffre – non, non, pas celui de la sécu – de mes carences littéraires : J’ai décidé de m’attaquer à Ulysse de James Joyce. Désastreux. Je n’ai pas passé la 5ème page de la vieille édition en livre de poche achetée à 3 euros sur les quais. J’aurais pourtant été prêt à en lire une bonne trentaine, mais non, impossible, ça ne passait pas. Il me faudrait une sacrée insomnie pour que je m’y replonge.
Ah, j’oubliais : merci pour le lien !
JENIFER !!! Mais la voilà Ta jeune fille à la libido débridée , olé !
Idem que lila. Pense à la couv de paris match, pense. La PUB.
ça se passe comme ça chez thomas clément, on a envie d'y aller et puis en sortant, on est -parfois- écoeuré ;)
Mais le bougre a l'air sympa.
@Vagant : moi aussi j'avais commencé de le lire il y a bien longtemps, histoire de m'instruire, et je n'ai pas été très loin, je ne sais même plus à quelle parge je me suis arrêtée. Je ne comprenais rien. Mais il parait qu'il y a eu une nouvelle traduction, ceci explique peut-être celà ;-)
Quelel innovation le bouton de recherche...
Mais je n'ai toujours pas trouvé la note sur l'élégance du hérisson...
Sinon, tu as vu que Thomas Clément a parlé de ton livre a Jenifer et qu'elle lui a piqué pour le lire (faut la comprendre, vus les extraits qu'il avait lus, ça donnait vraiment envie). Tu es décidément une star !
> Vagant : jamais tenté Joyce, ni Mann, ni... tout un tas de livres que je réserve pour une île déserte.
(NB - le crédit-page est tjs + faible en poche, a fortiori d'occase)
> Lila : débridée, c'est le mot, je crois ;-))
> Brg / Cassiopée : bientôt, le choc de la photo
> Oliv : plus acnéique qu'efficace, ce bouton... mais j'ai retrouvé !
- une note de janvier, donc :
http://secondflore.hautetfort.com/archive/2007/01/14/l%E2%80%99elegance-des-herissons.html
- et puis, dans les commentaires de celle-ci, le joli "repentir" de Ph. Jaenada dont j'avais dû te parler:
http://secondflore.hautetfort.com/archive/2006/12/12/laissons-la-porte-ouverte-au-debat.html#comments
@ secondflore,
merci pour le commentaire!
il faut dire que l'autre côté du plateau n'avait pas fait l'école du rire...!
à bientôt
GCS
Trahi par Alice, trahi par Marisha, et aucune autre fille pour jeter sa libido débridée à tes pieds !!! Le monde n'est que cruauté.
> Gillou le Fou : de rien ! je me demandais comment D.D. parviendrait à tenir 6 personnes en moins d'une heure avec tant de sujets, mais...
(on doit bien se poiler, à la fnac ou chez LH)
> Pandore : well... un début de réponse ce matin
(quoique, "débridée" n'est peut-être pas le terme exact ;-)
Zavez raison, comme copine de récré, Zadie Smith yapamieux... (mazette, en photo avec Jenifeeeeeeeeer, je ne m'en suis pas encore remise - il va me falloir un truc dans mon café, là...)
> Wrong : en plus, la Zadie, elle vient en France début octobre en voyage scolaire !
(euh... du miel? de la soupe?)
(de la soupe dans le café, il est pas bien ? un schnaps ça ira, merci...) Ah tiens, je vais ptet voir si elle accepte de signer l'un de ses carnets de notes, alors... ;-) (merci pour l'info)
Me voilà rassurée : je ne suis pas seule à trouver qu'il y a beaucoup de pages en trop... :-)
Même si la fin "vaut le coup", impossible d'oublier la lassitude ressentie pendant les premières pages... Dommage !
> Caro[line] : welcome back !
C'est un peu gâce à toi si je me suis accroché en sautant allègrement des pages dans la première moitié... et je suis d'accord, la fin ,ne fait pas oublier cette lassitude (confinant parfois à l'exaspération pour moi).
Un exemple typique de littérature internationale-parce-qu'américaine, finalement.
Bah, il y a quand même le style qui est pas mal, finalement. Donc j'attends de voir son prochain roman. :-)