Il y a quelques années, un Ibis a poussé Porte de Clignancourt. Il affiche fièrement ses deux étoiles entre une sandwicherie turque et un boui-boui portable. Pas certain que son taux de remplissage soit très élevé. Un peu plus haut, en revanche, un hôtel a longtemps fait le plein. A l'extérieur, rien ne le distingue des autres immeubles de la rue Hermel, sinon ce panneau orange, Hôtel, que je n'ai remarqué qu'après deux ans. A l'intérieur, tout confort : des chambres de 10 m², une douche par étage, WC sur le palier, électricité pas aux normes.
L'hôtel de la rue Hermel avait trouvé un truc idéal pour se remplir les chambres poches : il était rempli de locataires à l'année. Evidemment, pour ça, il y avait un discount : les chambres n'étaient louées que 1 500 € par mois.
1 500 €.
Mais puisqu'une partie était financée par les services sociaux, pourquoi se gêner.
Le 27 août dernier, trois chambres ont brûlé dans un incendie. Depuis, l'hôtel est inhabitable. Et hop, une cinquantaine de personnes à la rue. Des tentes rouges sur le trottoir émergent chaque matin des gens qui partent travailler, des gamins qui vont à l'école, des femmes sortent les poussettes. On leur a proposé des hébergements d'urgence - dans des hôtels du même genre, parce qu'apparement c'est la seule solution. Ils ont refusé.
« Nous voulons payer un loyer », dit une pancarte près de leur campement.
1 500 euros la chambre insalubre subventionnée. Je repense à Christine Boutin qui communiquait au lieu de réquisitionner et qui en appelait à l'humanisme du secteur privé (youhou), à Augustin Legrand qui avait refusé de se laisser instrumentaliser, eu dossier qu'on a gentiment remis dans un placard parce que quand même, loger les pauvres ça fait un peu chier ce que le peuple réclame, ma bonne dame, c'est de voir la vidéo d'un ministre bourré à l'Elysée, du pain des jeux et un peu de sang, mais pas du vrai parce que c'est sale, à la télé c'est mieux.
1 500 euros la chambre insalubre subventionnée. La propriété et l'initiative privée ont beau être ce qu'il y a de plus sacré au monde (what else?), difficile quand même de se dire qu'avec un minimum de volonté politique on ne pourrait pas changer les choses. Mais je suis sûr que Benoist Apparu est à fond sur le dossier.
Commentaires
(Presque) dépêche AFP: Benoit Asparu s'engage fermement à ce que tous les locataires soient relogés très prochainement, dans un environnement très proches et pour 1400 euros par mois par chambre car en période de crise il faut que chacun fasse des efforts, y compris le secteur privé qui montrera là toute l'étendu de son humanisme.
C'est une honte ! Une concurrence déloyale à l'hôtel IBIS, du groupe ACCOR, de Messieurs Drubrule et Pelisson, fleuron du CAC 40 et modèle de bonne gestion !
(et dont je rappelle que les chambres ne sont qu'à 49 euros la nuit en tarif week-end, petit déjeuner en plâtre inclus, ce qui est beaucoup plus avantageux !)
Bon 49 euros, c'est toujours mieux que 1500, mais quand même… On pourrait envisager une formule “coloc”: on prend une chambre Ibis à 4 ou 5 et on se partage LE petit déjeuner, non?
> Castor : il devait s'en occuper, mais au dernier moment il a dû aller avec les jeunes ump à une manif de soutien à Roman P.
http://www.logement.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=1465
> MlleDusk : exact! heureusement ça va cesser.
(... mais 69 euros la semaine, les services sociaux ont dit que trop c'était trop)
(et puis, Accor se désengage de l'économique, paraît-il)
> Yola : je crois que c'était déjà colloc au "Royal Hermel" (sic)...
Polanski Polanski tu veux dire.
Je l'appellerai comme ça tant qu'ils me casseront les bonbons avec lui.
(ça y est, je viens de comprendre ;)
(qu'en dit Claude Imbert Imbert, au fait ?)