Je ne suis pas critique littéraire. Aucune envie, d’ailleurs – comment peut-on chroniquer honnêtement une rentrée littéraire et prendre vraiment plaisir à la lecture des bons livres ? Je ne sais pas. Si un critique passe par là, qu’il me dise.
Mais bon. Pour Standard cette année, j’aurai lu une trentaine de livres de la Rentrée™. Je veux dire, j'en aurai commencé une bonne trentaine. Parce que déjà comme lecteur je ne m’oblige jamais à finir, et puis parce que…
J’exagère, certes. Il y a aussi les "tornades de 22 ans" lancées sur le marché par de grands éditeurs et qui en disent moins qu’une seule page de Zadie Smith. Mais ça, c’est pour passer à la TV.
Notez qu'on les repère de loin, ceux qui écrivent avec leur nombril. Un premier indice : ils contiennent souvent le mot littérature. Parfois même leur inconscient se met à nous parler. Page 103 d’un livre Albin Michel, le narrateur dit soudain à la jeune femme qu’il entreprend depuis 70 pages : "Je vous ennuie, je suis désolé." Comme si l’auteur se souvenait soudain qu'il y a un lecteur de l’autre côté de la page.
Bon, j’ai les noms, je les garde (ou je les oublie) – à quoi bon, ça m’étonnerait que vous tombiez dessus de toute façon.
Et puis, ce serait malhonnête de réduire la rentrée à ça. Très malhonnête, même.
Parce qu’il y a L’envers du monde, de Thomas B. Reverdy, par exemple - histoire croisée de 5 personnages autour du cadavre d'un ouvrier arabe découvert sur le chantier de Ground Zero. (ah, vous en auriez entendu parler, de ce livre, s'il était sorti en 2003... mais bon)
Parce qu’il y a des auteurs qui se soucient de vous faire tourner les pages sans artifice, juste avec du rythme et une histoire, avec de l'intelligence au milieu (Qu’avez-vous fait de moi, d’Erwan Larher (on en recause), Libre, seul et assoupi de Romain Monnery, L’entrevue de Saint Cloud d’Harold Cobert, Vies d’Andy de Philippe Lafitte...).
Parce qu’il y a des polars parfois maladroits mais qui vous transportent ailleurs. Aux urgences de Lariboisière, par exemple (Les yeux des morts, Elsa Marpeau).
Parce qu’il y a des petits livres que vous ouvrez sans enthousiasme et que vous ne refermez qu’après les avoir finis, étonné d'avoir ainsi été pris (La voie Marion, Jean-Philippe Mégnin).
Parce qu’il y en a d’autres encore.
Et puis surtout, parce qu’il y a tous ceux que je n’ai pas lus.
(et ça, bizarrement, un critique officiel ne le dit jamais)
A venir : Despentes et Houellebecq (je suis fidèle), Aymeric Patricot (Suicide Girls), Wallace again (La fille aux cheveux étranges)…
... etc.
Commentaires
Jérôme Ferrari = bonne claque dans ta face.
J'dis ça...
Un articule du post qui pourrait t'intéresser sur cette rentrée qui parait étonnante :
http://www.lepost.fr/article/2010/09/06/2208007_les-ailes-de-la-rentree-litteraire-2010.html
La tornade ne passe nulle part malgré sa grande trouvaille du "Fidel Castor". Sinon, le JB del Amo envoi du gros aussi...
> r1 : j'avions déjà noté - et une amie libraire me le confirme...
> Sookiek : heu...
> Castor : la tornade soufflera sur France5 - mais c'est vrai que sinon... (fou)
quelle horreur d'être critique littéraire quand on aime lire
Trop compliqué !
Voilà pourquoi je lis des auteurs décédés...
:)
"Il y a aussi les "tornades de 22 ans" lancées sur le marché par de grands éditeurs et qui en disent moins qu’une seule page de Zadie Smith. Mais ça, c’est pour passer à la TV."
Ah je ne suis pas la seule à le penser? Oui ben elle a lu Philip Roth et Lolita... (et elle écoute Indochine visiblement huhuhu) A noter qu'un universitaire américain de 60 ans qui dit "quéquette" pour parler de sa bite, ça donnait déjà envie de jeter le truc contre un mur.
> Ema : je ne comprends toujours pas comment on peut faire ça (honnêtement) plus de six mois
> Bon sens : moi aussi, un jour, je serai un auteur décédé
(qui sait)
> Dahlia : tu n'es pas la seule, non! Je n'ai pas vu tant que ça de critiques complaisantes (mais j'en ai vu (et entendu))
Merveilleuse, cette quéquette, oui - ça m'a juste fait rire, je me suis dit que ça avait été mal traduit^
(je serai curieux de voir ça en janvier, tiens - après tout D. est une filiale de G...)
Il y a qque chose de très doux et presque rassurant dans ta fidélité, dans ta constance en matière littéraire... Tu es critique littéraire, de fait, avec ou sans étiquette. Ça n'empêche d'être écrivain que le temps d'écrire la critique... encore que...
Encore que, oui! Le temps passé à lire des livres sans réel plaisir en se demandant si, le temps passé (avec plaisir) avec le chef de rubrique, tout ça...
Cyber-chroniqueur dilettante et paresseux, ça me va mieux.
(mais oui, je suis doux ;)
Ferrari, c'est acquis. Mais n'oublie pas "Purge" aussi. Très bon, vraiment très bon ! :-)
ça n'a rien à voir mais il faut que je me débarrasse de cette information : au sud-est de la vue des Guilands ce doit être le rocher des singes du zoo de Vincennes. qui est en réhabilitation (il s'écroule ?)
Bertrand, tu as vu sa prestation chez Busnel jeudi? Non parce que ça vaut son pesant de caramels mous:
http://www.youtube.com/watch?v=akbG0HdZu8A
Je suis toujours étonnée de voir la prolixité littéraire de toutes les rentrées ! Comment est-ce possible que le monde regorde de tant d'écrivains. D'écrivains ? Souvent je me demande si ceux qui sont publiés méritent cette dénomination ! Combien de livres encensés par le public ou la critique ne furent pas reposés sur les étagères de ma bibliothèque avec une moue de dégoût ou sceptique ? Alors, parmi ceux qui sortent cette année, combien resteront à la postérité car c'est ainsi que l'on voit il me semble les ouvrages qui valent véritablement quelque chose, non ?
> Emeraude : purgeons cette rentrée, oui!
> Ema : c'était lui, oui! dire que je n'en ai appris l'existence que la semaine dernière...
> Dahlia : magnifique, ce petit clip promotionnel! je reprends un caramel (tout mou)
> Gicerilla : bah, oui - et avant même la postérité, juste qqs années... (ce n'est que l'exercice journalistique qui commande de commenter le flux)
(le meilleur livre que j'aie lu cet été a été écrit en 1978)
Eh, oh, Deuxièmétage, tu veux une tarte ?
Déjà, le temps que tu passes avec ton patron intransigeant et professionnel te permet, à l'occasion, de te laisser à d'autres activités toutes rohmeriennes.
Ensuite, tu... je... oui, tu as raison sur des tas de points, ok.
Enfin, il y a aussi "toison" et "zone interdite", en plus de l'inénarrable (vraiment) "quéquette".
Damned, encore un blogueur gaulé par son chef! Je pensais pourtant avoir été discret ;-)
Je lui rends ici l'hommage le plus appuyé et le plus strictement confidentiel.
(je te tiens au courant, pour rohmer)
(s'il reste du gâteau, oui, j'en veux bien)
Bon Sens a raison, si je puis dire, d'autant que je connais plein d'auteurs décédés plus vivants que certains vivants.
(Quand j'écris "Bon Sens a raison", je veux plutôt signifier que nous sommes d'accord.)
@Gicerilla : oui, c'est la postérité qui tranche. Mais vous interdisez-vous toute amourette sous prétexte que ce n'est pas encore une grande histoire d'amour? Vous ne le saurez qu'après l'avoir vécue. (Bon, parfois, on sait immédiatement que ce n'est qu'un coup d'un soir (et parfois on sait déjà d'avance que ce sera un mauvais coup d'un soir))
@Franswa : et le petit bourgeon, alors?...
@Bohren : Bon Sens ne saurait mentir.
> Chr. B : voir r1 ;)
> r1 : (joli) il me semble, tiens, que dans sa note Gicerilla évoque les ancies amants qui n'ont pas compté
(le plus dérangeant, au fond, c'est quand on comprend que l'auteur est simplement en train de se masturber devant nous...) (et il y en a beaucoup)
Bertrand tu crains tu as loupé que le meilleur :)
La biz tout de même
Well, si c'est de "Purge" dont tu parles, je l'ai lu peu après cette note. Et oui, j'ai trouvé ça bon, voire très bon. Puis j'ai lu Jérôme Ferrari et c'était encore meilleur. Et Maylis de Kerangal en poche...
De la frustration de lire d'excellents livres après le bouclage.
y a aussi Erdrich
Pas même entendu parler, j'avoue ! Tu en as causé ?
Ici même :
http://carlitablog.blogspace.fr/2267930/La-malediction-des-colombes-par-Louise-Erdrich/