9h55. Le Paris-Lyon a quitté la gare depuis une vingtaine de minutes. Silence, magazines, livres, cris de bébé, chuchotements, et juste derrière moi, quatre filles qui parlent fort.
- Mais t’es trop schizo, toi !
- Eh, vous savez quoi, le prof de culture gé il m’a tapé une clope, l’autre jour.
- Ah, au fait, fallait que je te dise un truc, mais je sais plus quoi.
Une nouvelle histoire de cigarettes et de garçons, des gloussements, puis une seconde de flottement, pendant laquelle on entend monter la voix d’une jeune mère dans notre dos.
- … alors Bastien s’approcha timidement. "Je vais te confier un secret", lui dit le renard.
Elle parle doucement, lentement, l’enfant ne pleure plus. Les quatre filles se taisent à leur tour, et pendant deux minutes, secrètement, tout le wagon écoute l’histoire de Bastien, de Marie, du renard et du loup.
Elle se finit bien.
Commentaires
C'que tu m'énerve, monsieur je-raconte-super-bien-les-histoires-avec-des-détails-du-quotidien-dedans ! Je suis JALOUX comme un vulgaire wannabe...
@ SF: si tu peux dire à la fille de m'aider à ramener le silence en cours parfois, mes cordes vocales s'usent un peu...
@ R1: bah, va faire un tour chez Wrath, alors...
Par chance quelqu'un avait un livre!
Accent Grave
Les histoires de train, toujours un poème, de circonstance(s)
> r1 : ... ^
> Castor : qui c'est, wrath ?
> Accent grave : il y avait plus de magazines People, certes, mais au moins cinq livres dans le wagon...
> Dérobée : c'est ça, le train - rechercher les circonstances, loin de tous les concours.
Pourquoi l'idée de St Exupéry m'est-elle immédiatement venue à l'esprit ? Le Renard sans doute... Cette anecdote me donne encore un court instant de l'espoir dans l'humanité.
(Sans doute parce que j'y ai pensé très fort aussi... ^)