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L’art français de quoi, déjà ?

images?q=tbn:ANd9GcRDyJ3Wa2Qh3np4b4bYeoNhcL-GyQh-VHBAot4xlwzEFTdm4udP0wLimonov, donc. Limonov ! Je ne sais pas si c’est le meilleur Carrère, de toute façon on n’est pas là pour comparer, mais c’est (encore) une réussite. Avec cet art de s’inviter comme personnage de ses livres, à la fois sans fausse pudeur mais toujours au service de son sujet. Et toujours la simplicité dans le récit, cette façon en quelques mots de faire vivre un type, une soirée, une époque – ici la Russie soviétique puis celle des oligarques, celle des soirées poésie, de l’underground moscovite et des prisons d’Etat.
Je ne m’étends pas. Si vous avez lu du Carrère, vous lirez sans doute celui-la. Si vous n’en avez pas lu, vous en lirez un jour.

Avec le recul, je me dis que c’est un bel hommage, finalement, que lui ont rendu les jurés du Goncourt en l’éliminant de leur dernière liste pour mieux sacrer Alexis Jenni et son titre parfait comme les dés l’avaient pipé dès le départ.
Parce qu’on rigolera bien dans quelques années quand on se rappellera le lauréat – ou plutôt quand on essaiera de se rappeler, dis-donc, au fait, c’était qui, le Goncourt 2011 ?

A propos de Jenni, quand même, un mot. J’ai lu les critiques sur le livre, dès le mois d’août : unanimes. Un chef d’œuvre, un miracle, n’en jetez plus. Maintenant je sais qu’il n’avaient lu que quelques pages. Là-dessus pas grand chose à dire, Gallimard fait bien son job, et les critiques officiels ne sont plus à ça près. Ce qui est amusant, c’est de voir que les quelques lecteurs du Jenni sont eux aussi unanimes : un départ magistral (Daguet gambadant aux côtés de Desert Storm, l’image est parfaite), puis un livre ennuyeux, parfois mal écrit, quelques passages bien sentis mais des longueurs à se demander où était l’éditeur, et une construction linéaire qui vous donne comme la permission de quitter le livre à tout moment. En moyenne, les lecteurs ont lâché le livre page 48. J’ai fait comme eux, picorant ensuite, ici et là, dénichant quelques pépites avant de l’abandonner définitivement.

Au final, il reste une question toute bête :
peut-on vraiment donner un prix à un livre qu’on ne finit pas ?
(et je ne parle pas des jurés, ce sont des gens importants, ils avaient sans doute autre chose à faire que de lire Jenni jusqu’au bout ; non, je parle simplement des lecteurs)

images?q=tbn:ANd9GcQ9SA6iNT9OGrIQ8QRzattS4ceHQUE1W1bWzmWW9HmDR63gGAXULa réponse n’est pas si simple. Parfois on ne finit pas un livre parce qu’on ne se sent pas à la hauteur : deux fois j’ai commencé Ferdydurke, deux fois j’ai admiré Gombrovicz, deux fois je l’ai rangé avant de le finir. Et un jour, je le sais, je le reprendrai du début. La même chose est peut-être arrivée à des lecteurs des Bienveillantes, ou d’Au-dessous du volcan (que je persiste à trouver illisible, mais j’en connais qui)... Mais un livre qu’on ne finit pas parce qu’il est chiant, hein ?

Allez, bonnes lectures.

 
PS 1 - de toutes les tribunes qui se publient chaque année pour dénoncer les prix littéraires, surprise, cette année il y en avait une de pertinente. Elle était signée Luis de Miranda :

Les prix littéraires tuent car, chaque année, ces manigances élèvent au rang de best-seller une littérature parfois frelatée, sans dimension épique, sans réelle ambition stylistique, créative ou sociétale. Je ne compte plus les lecteurs qui m'avouent, entre la honte et la colère, avoir été déçus par l'achat d'un livre portant la mention "prix Goncourt", "Renaudot", ou autre. Puisque le budget littéraire moyen ne dépasse guère un ou deux livres contemporains par an, nous comprenons en partie pourquoi les éditeurs indépendants vivent une crise sans précédent : les prix littéraires sont en partie responsables du pourrissement du marché, en décevant trop souvent la candeur du lecteur.

 
PS 2 – une heure hier matin dans la salle d’attente du centre des impôts d’un quartier populaire. Une trentaine de personnes. J’étais le seul avec un livre. Pas un roman, pas un journal, pas même un gratuit ou un Voici. Mes voisins auraient-ils pris un magazine s’il y en avait eu en vrac sur une table basse, comme chez le coiffeur? Je n’en suis même pas sûr. Prenons-le comme un fait brut : rue Riquet, à Paris, France, les contribuables préfèrent regarder leurs genoux.

Commentaires

  • – Hep, hep, petit… Mouche ton nez. Je t’aime bien, hé, hé… Petit garçon, garçonnet, blondinet, hé, hé, hé… psst, psst, psst, mon petit Joseph, mon petit Jojo, Jojinot, petit, petit, petit, houp-la, houp…

    ★ ★ ★

    Voyez vous-mêmes : la partie fondamentale du corps, le bon cucul bien familier, est à la base, c’est avec lui que l’action démarre. De lui, comme d’un tronc, dérivent diverses ramifications comme les doigts, les mains, les yeux, les dents, les oreilles, et certaines parties du corps deviennent peu à peu différentes grâce à des métamorphoses subtiles et artificieuses. Quant au visage (qu’on pourrait appeler le kiki), il est la cime, le sommet de l’arbre qui s’est épanoui à partir du cucul : le cycle né du cucul s’achève ainsi par le kiki. Arrivé à la gueule, que me reste-t-il à faire sinon de revenir aux autres parties pour retrouver ensuite le cucul par leur intermédiaire ? Tel est précisément l’objectif de Philidor.

    [INTRODUCTION À « PHILIDOR DOUBLÉ D’ENFANT »]

    ...

    P't'être devriez-vous commencer par Cosmos (voire Pornografia), histoire de ? Pour info, mon EX-bibliothécaire (y a pas d'âge pour devenir héroïnomane, les enfants !) a englouti les 900 pages des Bienveillantes en trois prises...

  • Meilleurs voeux tout d'abord.
    Je lis, je lis même beaucoup mais j'achète peu. Je vais à la bibliothèque. Je ne lis jamais les livres des concours ou presque. J'aime la SF mais la bonne SF. Quand on lit beaucoup, on devient difficile.

    Tout ça pour dire, en réponse au PS2, que dans la salle d'attente du médecin, cette semaine, malgré les revues, seule moi avais un livre à la main (fini depuis). Le portable et ses SMS ont remplacé les autres supports de lecture. (tout au moins dans cette salle d'attente)

    Mais je vous lis avec plaisir à chaque fois, et, promis, je ne montrerai plus mes bottes avec un pantalon.

  • Oh oui, Limonov :) Crois-tu qu'on finit toujours par lire un Carrère? Je l'espère.
    Je n'ai pas lu Jenni, n'en ai aucune envie, m'étais endormie sur les Bienveillantes et ne connait pas Au-dessus d'un volcan. Je suis perdue pour la cause (du Goncourt).

  • > Labrosse : je garde soigneusement mon Ferdydurke pour un prochain voyage!

    > Peggy : meilleurs voeux! ce qui m'a frappé, c'est qu'il n'y avait pas de téléphones ou d'écrans pour remplacer la lecture - seulement l'attente vide...
    (bonnes lectures, et surtout, habillez-vous comme vous le voulez ! ;)

    > Audrey : je pense que quand on lit, on finit toujours par tomber sur quelqu'un qui vous y conduit, ou qui vous en passe un.
    (il m'a fallu 5 ans et 5 recommandations avant d'ouvrir "Un roman russe", ensuite...)

  • Au risque de passer pour un ergoteur, c'est au-DESSOUS du volcan...

    et à celui de me faire passer pour Labrosse j'ajoute ceci :

    (...) Je ne sais pas si j'ai réussi. Et maintenant, mon ami, continuez, je vous prie, votre promenade au bord de la Seine. Et remettez le livre dans la boîte de bouquiniste à 100 francs où vous l'avez trouvé.

    Malcolm Lowry, septembre 1948.

  • J'ai adoré le tout début, puis pfuittt (bruit de cratère mouillé) !

  • Pour Audrey (commentaires fermés sur votre critique de 1Q84 ?) perdue pour la cause (du Goncourt) :

    J'avoue avoir (été) tenté (par) mon premier HOUELLEBECQ, entre deux MURAKAMI... alors disons "au-delà de mes forces" ; jet de l’éponge et pas plus de commentaire, si ce n'est ceci, amusant :

    Le facho faisait des études de géographie dans une université publique.
    La première fois qu’il m’avait rencontré, il m’avait dit :
    « Je fais des études de ca… cartographie. »
    Je lui avais alors demandé s’il aimait cela.
    « Oui, quand j’aurai fini mes études, je rentrerai à l’Institut géographique national, et je ferai des ca… cartes. »

    (…) Il bégayait ou non selon les circonstances, mais il butait systématiquement sur le mot « carte ».


    Début de LA BALLADE DE L'IMPOSSIBLE, commencée aussitôt après l'abandon du dernier Goncourt en date !

    Écrit par : niki | 19.05.2011

  • Et, ahem, à propos d'art français... visez-moi cette bannière :

    http://www.gombrowicz.net

  • > Nestor : oups, merci! c'est que l'écriture de Lowry m'est vraiment passé au-dessus...

    > Labrosse : j'ai passé tout le début à me demander pourquoi diable on m'en parlait comme d'un chef d'oeuvre, j'ai poussé un peu, me suis parfois dit Ah ouais, ça, tiens (je dispose de solides concepts d'analyse littéraire), et l'ai jeté sans ménagement dans le magma.

  • Sourire ! disons qu'on s'en lave les mains, de ce chef-d'oeuvre (l'un des grands ouvrages littéraires du XXe siècle, selon kikipédia...) ^^

  • N'empêche... Malcolm, c'est un p'tit nom de milliardaire, un p'tit nom qui déchire ! celui que j'ai choisi pour mon fils, il y a presque tout juste 21 ans... m'était dit à l'époque : pourquoi pas, si cela peut nous aider dans sa vie ^^

  • Et Bakakaï ?
    Tu avais aimé Bakakaï ?

    (ps : "ton" Ferdydurke ne serait pas en fait "mon" Ferdydurke ? :)

  • Carrère évidemment. Moi aussi.

  • > Labrosse : d'autres appellent leur fille Laurie...

    > Laurent : j'ai dit "mon" ? (et je n'ai pas vu ton Bakakai^)

    > Ficelle : nous vaincrons (salut à Livre 4!)

  • SF : Qui, par exemple ? Madame et Monsieur G. ?

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