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République

img-4676.jpgJe n'avais pas envie d'aller place de la République. Je crois que j'avais un peu peur de ce que j'y entendrais, de m'énerver alors qu'il n'y avait qu'à, laïquement, communier.

Finalement je m'y suis retrouvé – merci E. et F. de m'y avoir entraîné. Juste être là, faire nombre, et partager. Le choc. Ce que ça remuait en nous. Ce que ça nous inspirait. Et la suite, alors, et l'avenir ? Même s'il était encore trop tôt.

Et pour une fois je me retrouvais dans le rôle de l'optimiste. C'est que, Répu ou pas, on l'a senti ce sursaut, en nous et chez les autres, ce truc collectif dans la façon dont entre nous on parlait de l'événement, sur la toile ou en se prenant dans les bras. Le sarcasme n'avait plus de place, personne ne jouait plus à qui ferait le meilleur mot sur l'événement, cette fois c'était collectif, ça nous dépassait et on avait seulement envie de partager. Dans un café, un seul type a essayé de faire des phrases, on l'a vite envoyé chier. Gentiment.

Sur l'attentat lui-même, pas de mot, ils sont tous là dans la rue, on se les passe comme ça, pour parler, pour être ensemble.
Sur le sursaut, j'en ai quelques-uns. Un espoir, un peu fou mais réel. L'espoir que cet élan collectif nous marque comme nous marque l'attentat.
Parce qu'on l'a tous senti, que tout ça allait plus loin qu'un symbole et douze morts.
Qu'on avait fini de rire, en gros, qu'on n'avait vraiment plus le droit de faire les malins et que ça durerait plus que les trois jours de deuil. Eh bien tant mieux. Que le sarcasme reste où il est, profondément enterré, et qu'on revienne au premier degré, à l'essentiel : la joie, le partage, l'attention à l'autre une fois l'émotion retombée. Qu'on revienne à la politique, aussi, en s'appuyant sur le choc d'aujourd'hui pour poser les vraies questions, bannir les postures et les petites phrases, être sérieux pour avoir le droit de redevenir joyeux.

Sur facebook, juste après la nouvelle, un ami a ressorti cette phrase du premier ministre norvégien après le massacre d'Utoya : "Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance".
Puisse-t-il être entendu. Soyons fous, on a le droit d'espérer des actes, et pas seulement policiers. Parce que nous les aurons, les mesures policières, dans les mois qui viennent nous accepterons collectivement des mesures que nous aurions honnies voilà dix ans. Mais on a le droit d'espérer que dans l'onde de choc puissent passer d'autres actes – allez, au hasard et divaguons, le réinvestissement des banlieues, une vraie taxe sur les transactions financières, une Constituante... Bref. Espérons, et faisons en sorte que ça puisse arriver. Que les lobbies se taisent un instant comme s'est tue l'ironie, qu'on se dispute sur des choses qui en valent la peine, en ayant conscience qu'on a quand même bien de la chance de pouvoir s'engueuler.

Voilà, il y avait un peu de ça, ce soir, place de la République et autour. La dernière fois que j'avais trouvé la place dans cet état, c'était le 21 avril 2002. On sait comme ça avait fait long feu.
Mais là...

Dans le métro un jeune type, afghan ou pakistanais, qui avait pris un exemplaire de 20 Minutes par terre et qui essayait de le lire en se concentrant, parce que c'était ça sa vie, ici et maintenant, essayer de parler le français et de le lire.
J'ai passé cinq minutes en face de lui, je me rendais à quel point ils nous ont tous pollués, les discours haineux et statistiques sur l'immigration. Ce jeune gars était du côté de la vie, de l'espoir, mettons-nous de son côté, chacun et ensemble. Ça ne m'arrive pas souvent mais aujourd'hui j'ai envie de parier sur le meilleur. Mais il faut commencer tout de suite, alors, et ne pas s'arrêter.
Fini de rire, commençons autre chose.
Salut.

Commentaires

  • Il y avait beaucoup de monde place du capitole à Toulouse hier soir. J'espère que cet électrochoc sera suivi d'effets...désirables pour notre démocratie.

  • J'ai vu des images du Capitole ce midi, impressionnant. A suivre, après la gueule de bois. Merci.

  • La fin d'une semaine lourde!! Il faut maintenant regarder devant et tout comme vous parier sur le meilleurs

  • ... avec de beaux atouts depuis hier!
    (mais sans croire pour autant au père Noël, et en mouillant la chemise)

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