Vu Un obus dans le coeur, de Wajdi Mouawad, hier aux Déchargeurs. Avec le très bon Grégori Bacquet seul en scène, tout en incarnation et changements de rythme. Le genre de pièce qu'on recommande, autant que le roman dont elle est tirée, Visage retrouvé, mais à vrai dire les deux se renforcent l'un l'autre.
Visage retrouvé, c'est l'un des premiers livres que j'ai lus après les événements de janvier, sans raison particulière sinon qu'il était là, mais au moment de le finir j'avais perdu le goût de parler de livres. Allez savoir. Mais j'aurais dû, au moins quelques lignes.
Parce que Wajdi Mouawad est l'un de ces auteurs qui, dans un univers où règne le second degré permanent (qui peu à peu se laisse grignoter par un militantisme radical aussi peu réjouissant) - un de ces auteurs, donc, qui affronte sans biais ni préjugés les thèmes les plus profonds : la vie et la mort, la guerre et la mère, l'enfance et l'âge adulte. Ce que c'est qu'être un homme, au masculin ou au féminin.
Pendant une des rares pauses du spectacle, je me suis demandé ce que je trouvais de si fort chez Moawad, dans ses livres et surtout dans ses pièces. Ce qui fait que ses mots accrochent, alors que chez tant d'autres ils ne font que glisser.
Et puis j'ai trouvé ça : Mouawad fait du vrai avec des mots, et pas des mots avec du vrai.
Ça a l'air de rien, mais ça change tout.
Oh, et dis-donc : on me glisse dans l'oreille que Un obus dans le cœur se jouera aux Déchargeurs tous les lundis de juin. De rien.