Meg Wolitzer, Les Intéressants, ed. Rue fromentin
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« Alors tu vois, c'est l'histoire d'une bande d'amis - leurs amours, leurs famille, leurs emmerdes – qu'on suit sur une quarantaine d'années...
- Oh mais attend, on n'a pas déjà lu ça quarante fois ?
- Si. Je crois que c'est une obligation si tu veux être publié aux Etats-Unis.
- C'est ça ! Tu fais ton casting de personnages, tu choisis un thème, tu fais voyager tes personnages de la Côte Est à la Côte Ouest, et on appelle ça 'A great american novel'. (et si tu mets 'American' dans le titre, alors là, bingo)
- C'est ça.
- Tu me permets d'en avoir marre ? Parce que bon, ce genre de livres, façon 'Les Corrections' de Frenzen, ça fait pâmer les critiques français, ça faisait la Une de Libé à l'époque, mais c'est quand même plutôt chiant, non ?
- Je suis d'accord. Mais parfois, tu vois, c'est bon. 'Les Intéressants', par exemple, ça démarre piano, mais ça te prend, et tu le lis d'une traite, ou presque, sans que l'auteur abuse des ficelles de scénario.
- Ah, et comment, alors ?
- Parce que c'est fin, parce que c'est juste, parce que tu as envie de suivre les personnages, parce que leurs relations sont complexes sans que ce ne soit jamais artificiel... Non, vraiment, je t'assure, toi qui as envie d'écrire, tu devrais en prendre de la graine.
- Ouais. Mais si c'est fin, ça ne doit pas marcher, commercialement, si ? C'est que , j'ai plutôt envie d'écrire un best-seller, tu vois.
- Eh bien, figure-toi que ça marche, Les Intéressants. Parce que des critiques l'ont vraiment lu...
- Ha ha! A d'autres! Si les critiques lisaient, ça se saurait, surtout un roman de 500 pages.
- ... Parce que de vrais critiques et de bons libraires l'ont vraiment lu, disais-je, et que ça, ça change tout. Surprenant, non ? Et je vais te dire : j'en suis bien content. »
Commentaires
In the pile. En anglais. Et suis justement en manque de Great American Novel! :))
Si j'en vois un vrai Great, je partage! ,)