Brisons la glace tout de suite : oui, je connais Julien Blanc-Gras.
J'ai battu Julien Blanc-Gras au ping-pong.
J'ai souri à des blagues de Julien Blanc-Gras
J'ai taclé Julien Blanc-Gras sur un terrain de foot
J'ai porté le maillot de l'équipe de France avec Julien Blanc-Gras
J'ai vu Julien Blanc-Gras saoul
J'ai vu Julien Blanc-Gras en panne d'inspiration
Je suis même monté dans la voiture de Julien Blanc-Gras un jour où elle a accepté de démarrer
... Et malgré tout ça, avouons-le, oui, je suis terriblement jaloux de Julien Blanc-Gras.
J'aimerais être cool comme Julien Blanc-Gras.
J'aimerais être un écrivain-voyageur, un vrai.
J'aimerais avoir ce goût de l'aventure sans perdre le goût des choses simples.
J'aimerais avoir ce détachement, le sourire en coin jamais malveillant.
J'aimerais qu'un éditeur m'envoie à Addis Abeba, à Guadalajara ou à Knokke-le-Zoute pour lui écrire un livre.
J'aimerais surtout écrire les livres de Julien Blanc-Gras.
Oui mais voilà. Je ne suis pas Julien Blanc-Gras. Je ne serai jamais Julien Blanc-Gras. Un jour peut-être j'écrirai un roman de voyage (j'y travaille, promis).
En attendant, il y a un bon côté à ne pas être Julien Blanc-Gras : c'est qu'on peut lire ses livres tranquille, au chaud. Et ça, c'est bon. Toujours. Parce qu'en un mot comme en cent, Julien Blanc-Gras, c'est le type avec qui vous iriez jusqu'au bout du monde – et ça tombe bien, c'est ce que proposent ses livres – et le dernier, donc, Briser la glace. Avec des ours blancs, des icebergs majestueux et menaçants, des coutumes locales parfois déroutantes, et une route qu'on ne suit pas toujours.
Un peu de Groenland par la face chaleureuse, croyez-moi, en cette semaine, il n'y a pas mieux.
Bon voyage, et joyeux Noël.
(Julien Blanc-Gras, "Briser la glace", Ed. Paulsen, 2016)