Mehdi fait corps avec sa machine, il a l’habitude : tous les étés, il est en CDD à l’usine, dans la Suisse voisine.
Thomas a du mal à tenir le rythme, c’est un nouveau. Il avait pris l’ascenseur social, s’était inscrit à la fac, il n’a pas tenu. C’est dur, de redescendre par l’escalier. C’est dur, de retrouver la maison familiale, le père taiseux à la retraite qui travaillait dans la même usine.
Louise, la sœur de Thomas, a réussi à s’arracher à la maison, mais la thèse de socio qu’elle démarre la ramène à son point de départ. On ne se détache pas comme ça. Et elle aimerait faire corps avec Mehdi, qui lui, fait corps avec sa moto sur les routes du Jura.
Et puis ça bouge en Suisse, les patrons de l’usine semblent avoir des projets…
… Et on se dit que non, décidément, le roman ouvrier n’est pas mort, et qu’il peut prendre mille formes.
Au premier chapitre, j’ai pensé à L’Etabli, ce chef d’œuvre de Robert Linhart. Puis aux Gars du coin, ce formidable épisode des Couilles sur la table. Dans Vincent Edin Magazine, où le redchef crie au coup de coeur, on convoque Nicolas Mathieu et Joseph Pontus…
Je n’ai pas encore lu Nicolas Mathieu (c’est ça, avec les livres qu’on sait qu’on lira un jour, on se dit qu’on a tout le temps), mais une chose dont je suis sûr, c’est que ces Nuits d’été sont autre chose. Un roman à ressentir, où les personnages pensent mais où ce sont les corps qui parlent.
Du tout bon, dans la veine impressionniste de L’Olivier.
Thomas Flahaut, Les nuits d'été, ed. de L'Olivier