"Ecrire était une chose merveilleuse, un moment magique et une grâce tombée du ciel, on était tous bien d’accord là-dessus, et en plus, en plus, avait précisé un des éditeurs, avec les gonzesses c’est radical, tu peux pas imaginer la cote qu’ont les écrivains.
- Tu veux dire la barre direct, même pas besoin de les inviter au restaurant ?
Il avait hoché la tête, comme je te le dis, l’aura littéraire a quelque chose d’aphrodisiaque c’est bien connu."
Dès que nous avons fixé rendez-vous, pour mardi, j’ai ressorti de ma bibliothèque ce petit livre rouge de Ravalec.
"L’Auteur", c’est un court texte qu'il avait publié au Dilettante, malicieusement augmenté de sa nouvelle du Prix de Flore 1994 et de chapitres loufoquement réalistes sur l’hébergement des écrivains dans les salons littéraires, la gestion du retard dans les dîners en ville ou encore les lettres de fans moches.
- Ça doit être cool d’écrire, m’a fait remarquer quelqu’un la semaine suivante, t’as vraiment du bol.
Ce qu’il ne réalisait pas très bien, c’est à quel point c’était crevant. En fait, écrire demandait des talents multiples, savoir se faire photographier, par exemple.
Il y a cinq ans, j’avais acheté "L’Auteur" pour rêver un peu. J’avais surtout ri.
Cette semaine je l’ai relu avec d’autres yeux, en prenant mon temps et en souriant tout haut. Juste pour atterrir en douceur.
"Une autre chose permise par les voyages, c’était les voyages (…) Evidemment on s’attend toujours à quelque chose d’un peu particulier, des grandes banderoles avec son nom en lettres d’or, une foule en liesse courant après la voiture, ça y est le voilà, welcome, welcome, la fanfare locale entonnant un chant de bienvenue, le mambo de écrivains, je vous en prie c’est trop, mais au lieu de ça il y avait Coudekerque-Branche, un peu avant Dunkerque, un léger brouillard sinistre, et des rues du Nord et pas un panonceau annonçant l’événement, la venue de Moi dans la région (…), le type m’a juste dit la responsable n’est pas là, avant de filer vers le fond de la salle, merde, j’étais écrivain, il allait peut-être falloir en tenir compte un jour."
Et maintenant voilà. La peau de l’ours sera en vente en septembre prochain, d’ici là on va pouvoir la tanner, la tailler, la peindre un peu qui sait, lui donner un nom…
Et surtout, chasser l’ourson qui pointe son bout de nez. Il ne faudrait pas laisser les photographes prendre le dessus.
Commentaires
"l’aura littéraire a quelque chose d’aphrodisiaque"... il n'y a qu'à dénombrer le flot grandissant de la gente féminine sur ce blog. Sûre que vous allez faire de sérieuses économies ! *Sourire*
Chassez l'ourson, il revient au galop !
J'avais adoré ce roman sans prétention mais très drôle. Effectivement, les passages expliquant les salons littéraires dans de petites bourgades sont assez réalistes... et la partie de foot avec PPDA aussi...
> LVS : diantre... et moi qui ai toujours préféré aller au restaurant d'abord ? ;-))
> Esperluette : ah, si c'était le cas ! je pourrais pérorer, genre "ce n'est pas moi qui ai choisi ce livre, c'est lui qui m'a choisi" (ha ha). Mais c'est bien à moi d'aller le chercher... par la peau du cou!
> Mandor : sans oublier les masculines comparaisons avec Houellebecq et Nabe, ou l'humiliation des premières interviews !
pourquoi donc en restes tu muet? ( ah moins que veuilles dire MOU ET ...)
allez PDF, racontez nous votre aura aphrodisiaque...
> O' : ouh là, double private joke ! c'est un peu dur, quand même, comme remarque... ;-)
("rester souple, mais durcir le jeu", disait Bernard Laporte au Flore jeudi dernier...)
> Petite Brune : je vous raconterai, promis ! il y a de beaux moments...
"les lettres de fans moches"
Trop dur, d'être un écrivain :)
Au fait, tu es publié dans quelle maison ?
> Wrath : ça, je ne sais pas encore... ;-)
> Thom : cette même maison qui est citée dans la note... au rez-de-chaussée, plus exactement, 19 rue Racine.
(oui, je tourne un peu superstitieux)
(nous connaîtrions-nous, par hasard ?)
Nous ne nous connaissons pas. Ce sont des choses qui peuvent néanmoins s'arranger...!
(Et pan sur mon intuition fulgurante !) Tout peut s'arranger, en effet... Bienvenue ici, Thom !
Heureux de vous rejoindre.