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Hors jeu

  • Dans la poche

    Franchement, je ne pensais pas qu’on en recauserait ici, mais…

    Quand Hors-jeu est sorti, je nourrissais deux espoirs secrets : qu’il soit traduit (même dans un seul pays, même dans une langue étrange), et qu’il sorte en poche.
    Pour la traduction, il y avait peu de chances, le roman s’y prêtait peu, mais le Dilettante s’est battu quand même. Jusqu’à ce mail d’un agent US, que je prends encore comme un compliment, qui considérait que le livre n’offrait pas une perspective suffisamment française pour intéresser les éditeurs américains.
    Pour le poche, tout s’est joué très vite. "J’ai lu" a choisi d’acheter les droits en primeur, sans attendre de voir si le livre se vendrait bien ou non. J’ai été reçu avec chaleur, un déjeuner parfait, on m’a souhaité la bienvenue dans la famille, on m’a donné des livres, on a évoqué la couverture sur laquelle je pourrais donner mon avis, et puis…
    … Et puis rien, en fait. Je n’arrivais pas à me considérer "de la famille" tant que la couv’ n’était pas pochée, et le livre imprimé. De toute façon, il faudrait sans doute attendre la sortie de N°2, lequel déjà commençait à me poser quelques soucis.
    (du fond de son tiroir, il vous salue bien)

    Bref, j’avais un peu oublié l’idée.

    Jusqu’au week-end dernier.
    De retour de Bucarest, je venais de monter sur ma planche de surf, recherchant sur les sites des éditeurs de poche les livres de la Rentrée(TM) que je pourrais chroniquer pour le prochain Standard.
    Et sur le site de J’ai lu, en haut de page, je le vois.

    9782290008959_1_v.jpgHors-jeu, sortie prévue le 21-08-2010.

    Personne ne m’a rien dit. Il n’y avait même pas de visuel de la couverture.
    J’ai cru à une blague, mais depuis plusieurs personnes m’ont confirmé l’avoir vu en librairie dès le week-end dernier. Etrange d’imaginer que depuis plusieurs mois, des gens s’affairent dessus – une éditrice, des graphistes, des imprimeurs, et toute la chaîne de diffusion qui s’en va placer les livres sur les tables… Tout ça pendant que je suis en train de terminer N°3, qui devrait sortir en janvier.
    Dire qu’à quelques jours près j’aurais pu tomber dessus par hasard (tiens, ça, ça aurait été beau).

    Et donc voilà. Superstition, paresse ou peur de je-ne-sais-quoi, je ne suis toujours pas allé le voir en vrai. Depuis hier, la couverture est visible en ligne. Il se passe des choses, sans que je bouge le petit doigt. C’est quand même bien fait, le monde, parfois.

  • Une nuit

    Une demoiselle très estimable me raconte qu’elle a lu Hors jeu en une nuit. Elle ne s’attarde pas à commenter, elle a raison.
    C’est exactement pour ça qu’on écrit des livres, non ? Que des gens que vous estimez (ou pourriez estimer) passent une nuit avec vous.
    (ou plusieurs - soyons fous)

  • Paris, Budapest, Berlin

    J’ai écrit Hors jeu dans plein d’endroits, mais il est deux villes qui ont joué un rôle important – deux villes où je suis parti alors que le roman était bloqué, et qui ont su relancer l’écriture.
    La première fois, j’étais parti sur un coup de tête en Belgique. Quelques aventures à Charleroi en guise de gymnastique, et les bars de Namur, où les serveuses sont aussi jolies que les bières d’abbaye, avaient accouché de cette idée de zone non frimeurs à partir de laquelle le livre devient correct qui m’avait ouvert tout plein de portes nouvelles. Un an plus tard, c’est à Mexico, au milieu des étudiants, que j’avais débloqué toute la fin du livre.
    Un moment j’avais caressé l’idée de mettre leur nom, à ces deux villes, en fin de livre. "Paris, Namur, Mexico – 2003-2007", ça aurait pu en jeter. Mais bon.

    Pour Truc N°2, trois villes ont déjà joué un rôle de déblocage (ça bloque beaucoup, oui). Mais "Paris, Hardelot, Sarreguemines", bizarrement, ça donne moins envie.
    Alors on va repartir, mon cahier et moi, un peu plus loin pour prendre un peu d’élan. Vers l’Est, bien sûr, parce qu’il faut toujours du nouveau.
    Bref tout ça pour dire que, fragile ou non, je me casse. Je vous enverrai peut-être une ou deux cartes postales. Peut-être pas.
    A bientôt.

  • Le vrai bilan de la rentrée littéraire

    ... 2007

    Voilà, donc. La pile est descendue. De cette Rentrée Littéraire™ 2007 à laquelle j’aurai gentiment fait de la figuration figuré, on peut maintenant faire l’enterrement le bilan.

    Qu'en retiendra la petite histoire ? Rien sans doute. Pas même un bon gros débat bien stérile, genre Pour ou contre Johnny ou Michel. Au programme : les écrivains-people vite oubliés, quelques fausses polémiques de bien petit niveau, plagiat et psy chic, les polémiques annuelles sur les prix, tout ça pour se faire coiffer après le poteau par un hérisson plus élégant que tous ces jurés bien nourris.
    En 2007 comme depuis des années, on aura aussi bien daubé sur le roman français, en essayant même de nous faire passer une débutance US bien foutue comme forcément supérieure à ce tout qu’on peut produire ici… Et pourtant, au final et après décantation, de cette rentrée ce sont deux livres très français que je retiendrai : Cercle et Un roman russe. Oui, il y avait un peu de souffle, en 2007. Il suffirait au fond que plusieurs se mettent à souffler dans le même sens pour que la littérature française revienne une peu dans le vent. A voir.

    Seuls restent les livres, de toute façon.
    Et tandis que la rentrée 2008 se passe tranquillement, bien au large je continue vers 2009 en me disant que peut-être.

     

  • Genèse, 2.0

    Maintenant il est vraiment en route.
    Des années que le projet tournait en rond je tournais en rond autour d’une histoire sans personnages… Et dire qu’il suffisait qu’ils soient là pour qu’enfin l’histoire avance là où elle se crée vraiment, quelque part à l’arrière du crâne.

    Parce qu’on a beau se demander où écrire pour faire jaillir la sève (dans les cafés, dans le métro, sur une table, dans un lit…), le seul endroit où on écrit vraiment bien, c’est dans la tête. Avec les deux hémisphères : le gauche pour construire, le droit pour inventer (pour les romans je fais plutôt dans ce sens, mais chacun fait comme il le sent, évidemment).

    Le cerveau gauche a été bien dressé, il fonctionne sur demande, il est créatif parfois – il lui arrive même de se prendre pour le droit, de penser qu’il pourra écrire un livre tout seul.
    Le cerveau droit, lui, a droit à ses humeurs. Parfois il disparaît, on le cherche un peu partout, on essaie de lui donner à boire alors que non, ce qu’il faut, simplement, c’est le nourrir. Mais de quoi ? pendant un an je lui ai donné des livres, des films, je l’ai promené un peu mais pas assez, il réussissait à produire quelque notes de blog mais pour le livre, il faisait grève. L'hémisphère gauche lui avait bâti un univers, mais plus il se perdait dans les détails, plus l’autre s’en foutait. Comme s’il regardait, narquois, l’autre se planter. Il a fallu un soir de février, une marche au hasard sur les pentes de Montmartre, pour trouver ce qu’il fallait. Des personnages. Des vrais. Avec des noms, une histoire, une esquisse mentale et zou. Des personnages qui commençaient à exister un peu et dont le cerveau droit pouvait s’emparer pour les faire grandir tout seul.

    Maintenant, l'histoire est là, c'est elle qui commande, elle avance bien, un peu à l'aveugle, le cerveau gauche au repos.
    En attendant de fêter leurs retrouvailles à tous les deux, je leur prépare un joli festin - quelques Grands Anciens pour donner au roman les impulsions décisives.

    Dans le désordre, voici donc…
    - Le Prince (Machiavel)
    - Dix mille (Andrea Kestaker)
    - Introduction à la stratégie littéraire (Divoire)
    - Toy Story (Lasseter)
    - Les contes d’Andersen
    - Spartacus (Koestler)

    Mais Spartacus est épuisé…

    (à suivre)

  • Plus vite, plus haut, moins Flore

    Et voilà. On a beau se foutre des prix littéraires, cette année quand même je savais que je ne pourrais pas m’empêcher de suivre du coin de l’œil les sélections du prix de Flore. Mais la sélection s’est faite à l’abri des regards... Et bon, hein.

    Déception ? Bah, un chouia, on ne va pas se mentir, même si tout cela est parfaitement cohérent avec la fin prémonitoire de "La faune on the Flore"… Disons surtout qu’on a perdu une bonne occasion de rigoler. Et puis ça aurait été gênant, de se retrouver sur cette liste sans avoir rien fait pour : on aurait été obligé de espérer un peu et là, forcément, on aurait été déçu. M’enfin...
    Déception surtout pour l’ami Jestaire, avec son Tourville qui sort vraiment de l’ordinaire je pensais que même sans connaître le jury il avait ses chances.

    En fait, c’est étrange - comme une page qui se tourne alors qu’on avait arrêté de lire depuis longtemps. Une blague lancée en 2004 vient de trouver sa chute - je l'avais laissé me dépasser, la voilà derrière moi. Tant mieux.
    … N’empêche que me voilà comme l’an dernier avec un nom de blog à la con qui ne veut plus dire grand'chose.
    Il va falloir prendre quelques décisions, ouvrir une nouvelle page. Un nouveau livre, plutôt. On s’y mettra courant octobre, tranquillement.
    Vite, sans doute pas. Haut, on verra. Moins Flore, mais plus fort. 

    A suivre.

  • Je suis une star

    Dans mes fantasmes d'ado, une star c'était avant tout un mec hyper-cool qui vivait dans des chambres d'hôtel et aux pieds duquel les jolies filles déposaient leur libido débridée.
    Je n’ai pas mis longtemps à comprendre que la star avait aussi un chez-soi, que les jolies filles n’étaient pas les seules à l’arrêter dans la rue et qu’elle ne pouvait plus se permettre de faire ses courses sans être très gentille avec tous les commerçants du quartier, sous peine de voir enfler les rumeurs, genre "Machin il a vraiment pris le melon."
    Bref, j’ai compris assez vite que le fantasme de la star, c’est d’être incognito.

    Donc, jusqu’ici, je vis un fantasme de star, tranquillement incognito, je dis bonjour à la dame et elle m’oublie aussitôt. La belle vie, quoi. C’est l’intérêt aussi d’écrire des livres – même en cas de petit succès, on ne risque pas de me reconnaître dans la rue… Sauf, peut-être, dans ma librairie de quartier.
    Comme j’avais décidé de ne plus entrer dans une librairie après la sortie du livre (pour avoir une petite idée de pourquoi, voir ce joli blog de libraire), j’étais plutôt à l’abri. Sauf que ce genre de résolutions n’a qu’un temps, surtout quand on a très envie de lire la suite du Photographe… Et qu’un ami à l’étranger me demande de lui envoyer Hors jeu – comme si j’en avais encore, moi, des livres.

    Or donc, hier, me voilà en route vers ma librairie de quartier.
    Pas de tension particulière – c’est une librairie bien, ils ont toujours les livres du Dilettante. Il est là, en effet, un peu planqué mais en double. Je prends ma BD, mes deux exemplaires et me dirige vers la caisse.
    « Vous avez une carte de fidélité ? » me demande le vendeur.
    Et là, pavlov, je dis Oui.
    - A quel nom ?
    Moment crucial. Le livre est là devant lui, bien rouge avec mon nom en gros blanc sur la couverture. Vais-je prendre le risque d'être démasqué ? Je sais bien que ça ne peut pas faire de mal que "mon" libraire sache que l’auteur de ce petit livre rouge habite à côté de chez lui, mais voilà, irrationnel ou débile vous me direz, je préfère rester incognito. Et puis bon, ce n'est pas le libraire, là.
    J’ai une seconde pour décider. Je regarde le type, il a l'air un peu ailleurs, une intuition me traverse et je me lance. Par jeu.
    Je donne mon nom, je le vois qui consciencieusement tape sur son clavier, il me demande mon prénom, regarde l'écran... Et là, son visage s’anime.
    « Ah ça dites-donc, c’est dingue !
    - Quoi donc ?
    - Normalement votre carte aurait dû se déclencher aujourd’hui. Je ne sais pas ce qui se passe… Vous nous préciserez bien, la prochaine fois, ça vous fera une remise de quinze euros. Bonne journée. »

    Et voilà le travail.
    Maintenant c’est sûr, je suis une star.

    (Bon, du coup les filles ne déposent pas non plus à mes pieds leur libido débridée, mais pour ça il doit bien y avoir d’autres moyens.)

  • Merde, je connais un mec...

    Parce qu'un lecteur averti en vaut bien deux...

    Quand j'ai commencé à écrire des nouvelles, je les ai d'abord gardées pour moi. Il a fallu deux ans pour que j'ose les faire lire (quand on me le demandait). Et deux mois à peine pour me rendre à quel point le cadeau est empoisonné. Parce que si l'ami destinataire se sent obligé d'émettre un jugement, évidement il n'est pas obligé d'aimer. Parfois même au bout de quelques lignes il n'a déjà plus envie de lire...  

    D'où certains longs silences, du temps des premières nouvelles, et moi qui n'osais pas rappeler pour ne pas faire le-type-qui-appelle-pour-savoir-ce-que-t'en-as-pensé...

    D'où, finalement, cet avertissement (à encadrer) que j'avais imaginé pour la soirée d'hier :

    Merde, je connais un mec qui a écrit un livre
    (mode d'emploi) 

    1. Vous n’avez pas acheté / pas lu le livre…
    … Alors venez. Plus on s’en fout, plus on rit.
    On parlera d’autre chose, on trinquera – on fera comme avant, en somme.

    2. Vous avez lu mais vous n’avez pas vraiment aimé…
    … Je connais, c’est embarrassant. Alors venez, pour vite vous débarrasser de ce poids.
    Deux possibilités : vous pouvez tranquillement faire semblant d’être dans le cas 1, ou choisir l’honnêteté (ça paie toujours) et me dire ce que vous n’avez pas aimé. Puis on trinquera et on parlera d’autre chose – juste comme avant, en somme.

    3. Vous avez lu et vous avez aimé
    … Oui, vous pouvez le dire. Et pour trouver les mots, un seul conseil : ne pas les chercher. Vous me verrez sourire, rougir un peu et puis vite on trinquera et on parlera d’autr… Enfin vous voyez, quoi.

    A bientôt !