Tu ne me croiras sans doute pas, mais c’est vraiment par hasard que je me suis assis là, en diagonale de tes jambes croisées.
C’est quand j’ai vu tes cheveux que j’ai compris que j’avais eu raison. Mi-longs ondulés, ils ressemblaient étrangement à mon souvenir de la jeune fille blonde de 4e7. Bracelet rose et sourire grave, tu avais les mains d’une jeune étudiante mais déjà au visage les traits d’une trentenaire – et souvent ils sont plus beaux, les visages passés trente ans, il y a tellement plus à voir dedans.
Tu as semblé intriguée par le titre de mon livre (La dernière fille avant la guerre – tu as du goût), et pour riposter tu as sorti de ton sac quelques feuilles agrafées, avec des passages surlignés au marqueur, et j’ai pensé que tu irais certainement jusqu’au terminus. Versaille Rive Droite.
De temps en temps tu répondais à mes regards et c’est moi qui détournais la tête, sans empressement, nous jouions mollement avec la limite de bienséance des transports en commun. Dehors il faisait beau. Dedans aussi.
Pont Cardinet, un guitariste est entré pour érailler doucement April, come she will, je suis sûr que tu ne la connaissais pas, cette chanson, dommage, elle est devenue la bande-son de notre rencontre.
Le guitariste a enchaîné sur Don’t dream it’s over, j’ai sorti mon carnet et commencé à noter, comme si j’avais su dessiner, toi tu prenais la pose en levant le nez de tes feuilles. Un instant j’ai pensé qu’écrire était juste un prétexte pour ne pas faire les deux mètres qui nous séparaient, mais en fait non, je n’avais aucune envie de savoir vraiment ce que tu fais dans la vie, etc. Mieux valait de beaucoup t’imaginer. C’est sans doute ce que tu voulais me dire quand tu as tourné la tête vers le quai au moment où je me suis levé pour descendre.
De toute façon, nous ne sommes pas encore en avril.
Commentaires
Et elle a souri parce qu'elle avait deviné où vous descendiez ?
Comme un air de printemps... Un ptit rayon de soleil après une semaine hivernale et hop ! ;o)
Je me repète mais j'adore ces rencontres et tu les contes si bien...
Et puis je me suis sentie heureuse d'avoir dépassé 30 ans... :)
D'ailleurs à quoi ça vous aurait mené ? En avril, on ne se découvre pas d'un fil.
Avril, à moi, m'apporte une ride de plus. Sinon, arrête de mettre des photos de moi sur ton blog.
C'est la photo qui n'est pas contractuelle ou c'est le transilien de Versailles qui est plus classe que celui auquel j'ai droit ?
(Oui, très joli le petit mot sur les trentenaire-EUHs, légèrement lèche-cul mais comme ça sent le sincère tu es pardonné !)
Ah ben tiens, j'ai lu récemment un bouquin de Lehane, un Dernier verre avant la guerre, et donc bon... oui, enfin ça n'a rien à voir, je sais, mais... enfin, oui, mais le titre est bien aussi.
Et puis il ressemble à celui que tu, enfin... on reste un peu dans la thématique, et puis...
... et puis merde.
April is the cruellest month, breeding
Lilacs out of the dead land, mixing
Memory and desire, stirring
Dull roots with spring rain.
TS. Eliot
Tel que je te connais, tu es du genre à tirer sur le fil d'Avril, ce qui te laisse un indice sur le prénom de ta dulcinée. Merci pour cette invitation à la romance.
> Presque : peut-être craignait-elle que je descende au même arrêt...
> Miss K : c'était exactement ça, dimanche 12h02, début oficiel du printemps
> Jane : merci... (et après, je me fais traiter de faux-cul par CUI...)
> MC : un an de plus et hop, on fait ce qu'il nous plaît.
(fallait pas les laisser libres de droits, les photos ! ;-)
> CUI : photo non contractuelle, en effet. Disons... une "suggestion de présentation" ;-)
> Franswa : belle conclusion! ;-) je l'avais noté aussi, ce titre, et puis... et puis Chloe D. est passée avant.
> Mikael : "When streams are ripe and swelled with rain..."
(bon, ce n'est pas la même référence, mais avril n'est pas cruel quand mars l'a trop attendu)
> Castor : tu as une Ariane à me présenter ? ;)
"N. EST entre deux âges.
En fait, elle A deux âges. Quand elle rit de bon cœur, tendant son visage en avant, elle est exactement cette fille de 20 ans qui devait avoir les joues un peu rondes à force de croquer la vie avec confiance. Mais le plus souvent, ce sont les cernes sous ses yeux que l’on remarque, ces dents abîmées par la clope et ce regard qui tombe un peu quand elle conte les petits coups répétés que la vie lui a envoyés au visage : alors elle a déjà 40 ans, un corps encore jeune peut-être, mais les traces extérieures de jeunesse ont disparu."
On se réconcilie avec les trentenaires ?
Quel dragueur de transports, celui-là. Enfin, dragueur tout intérieur, c'est tout de même plus classe.
(J'avais aimé "Un dernier verre avant la guerre", si ma mémoire de passoire à nouilles est bonne.)
Lehane est bon en titre. Enfin surtout au début.
- un dernier verre avant la guerre (propre, impec').
- ténèbres, prenez-moi la main (un peu pompeux, mais propre encore).
- sacré (patatras).
- gone, baby, gone (mouais).
- prières pour la pluie (ça fait Jean-Jacques Goldmann, bon).
- Mystic River (là, ouais, bon, y a eu le film).
- Shutter Island (on poursuit la visite du "Petit Futé").
Enfin bon, c'est bien quand même, et à l'intérieur aussi. Encore que je n'ai lu que les trois premiers, on ne sait jamais.
Mais s'il nous la joue à la Ellroy, tout bien, tout bien, tout bien, et un dernier tout pourri, moi je dis, c'est déjà pas mal. Ah ben ouais, parce qu'autant que ce soit officiel : American Death Trip, après le grand American Tabloïd, au niveau style, c'est à peu près aussi fort en émotion qu'une tomate sur un toit brûlant. Des phrases ternaires saccadées et répétitives, on dirait... oui enfin bon, je m'arrête là, j'ai déjà pris trop de place.
Désolé, deuxièmétage.
forcément, un livre qui commence par "ça fait comme du chagrin qui grimpe aux syllabes sèches et tressées de ronces. Je n'habiterai pas en indochine" et qui finit par "hou hou"
forcément
Euh... On parle du même bouquin ?
Un dernier verre..., ça commence par "Le feu fait partie de mes tout premiers souvenirs." et ça se termine par "nous avons fait demi-tour et contourné les gravats, et suivi la brise vers notre partie de la ville."
...
Ah non, je viens de comprendre. Tu parles de l'autre, de la dernière fille...
Je suis TROP malin, en fait, moi. TROP.
Redésolé, redeuxièmétage.
pas sûr que Lehane soit un fan d'Indochine...
C'est étonnant cette façon que tu as de vouloir savoir ce qui se cache chez les gens que t'as en face de toi.
Et sinon le titre ?
g.
> Esperluette : ça me fait plaisir de relire ça, tiens ! J'y ai pensé, un peu, en écrivant.
Mais tu avais compris bien sûr que "N." n'était pas le portrait d'une trentenaire-type ;-)
> Phj : intérieur, oui. c'est plus riche, quand même...
Et puis, les autres cas ne se racontent pas (ou alors, en format roman).
> Franswa : American Tabloid, c'est une des dernières fois où j'ai passé une journée entière à lire. Quand A. Death Trip est sorti, j'ai lâché au bout de 40 pages. Puis j'ai pris mon masque et mon tuba et j'ai replongé. Franchement, c'est aussi bon que l'autre. Parfois plus fort.
> Arnaud : merde alors, fallait pas me dire la fin ! ;-)
Plus sérieusement, j'ai franchement ri au premier Hou hou (celui des internes après son expérience d'ecstasy) - et rire en lisant Chloe Delaume, ce n'est pas si fréquent. Et sinon... Forcément, oui.
> g. : il s'agit moins de savoir que d'imaginer, je crois...
("Hors-jeu", c'est vraiment le titre)
Ah.
[Ah²]
g.
Lalanne est fan d'Indochine ?!
Arianne moi non, mais j'ai un pote qu'en connais une...
> g. : eh...
> MC : je serais pas étonné...
> Castor : ah oui, mais pas touche ;)
Ah, Chloé Delaume, c'est toujours bien, y compris quand c'est moins bien, et le début de "La dernière fille avant la guerre" renverse quand même tout sur son passage... Ca m'aurait fait plaisir de vous croiser dans le bus aujourd'hui... Au lieu de ça, ce soir dans le métro, mon voisin lisait "La bataille de la Marne" en poche... Mais qu'est-ce que vous faites, parfois, les gens ?
> Ned : fini le Delaume hier - il n'y a pas que le début...
J'ai peur que nous ne nous croisions pas non plus aujourd'hui - je ne prends jamais le 91. ;-)
Dommage...
Pas de partie de genou de fer cette fois-ci ? ;-)
Pourquoi le 91 ?? Moi non plus. Je sens qu'il y a encore un truc qui m'a échappé, là... ;-)
> Pandore : dans un train de banlieue quasi-désert, ça ne se fait guère... ;)
> Ned : Non, non, juste un pauvre petit bluff de ma part !
(Caramba ! Raté...)
Et sinon, comment va cette période d'attente ?
Euh... On attend Avril parce qu'en Mars c'est interdit ?
C'est long, comme souvent l'attente...
> Ophélie : on attend avril, parce que parfois l'attente a du bon!
> ... n'est-ce pas, Ned ? ;-)
Peut etre elle s'appelait Alice ;)
> Activewoman : (hé hé) elle en avait la tête.
(et dire que nous allons bientôt fêter un an de divorce, avec Alice... ;)
August, die she must
... the autumn winds blow chilly and cold
(j'ai toujours beaucoup aimé cette phrase. Paul Simon aussi, sans doute, pour forcer un peu l'automne dès le mois d'août...)