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L'art du décalage

90d3256b1552942e95e69a88a5185b22.jpgL’autre semaine, à Copenhague, j’ai lu un livre fantastique.
(Et non je ne parle pas des contes d’Andersen, quoiqu’ils restent exceptionnels)

"Littérature fantastique", donc, annonçait la couverture, juste en-dessous du nom de l’auteur (Neil Gaiman), à côté d’un Superman bidon et toisant un gros bandeau rouge criant au Chef d’œuvre.
Bref, le genre de truc que je n’aurais jamais ouvert si le hasard d’un pique nique et l’enthousiasme de la pétillante Fashion Victim ne s’en étaient mêlés.
Et pourtant… American Gods est ce genre de livre qui vous redonne envie de lire après une période de lassitude, le genre d’histoire qui réveille, aussi, en se foutant complètement du genre dans lequel elle s’inscrit.

Il faut dire que le propos du livre a de la gueule : une baston entre les Dieux et Héros mythologiques de l’Ancien monde, amenés en Amérique par les migrants successifs (et ce, bien avant Colomb), et les nouvelles idoles de la consommation, des médias ou de l’internet. Chacun d’entre eux étant représenté par un avatar aux pouvoirs limités et aux défauts bien humains – car ce sont les hommes qui créent les dieux, Gaiman ne l’oublie pas.
Au milieu de tout ça, un ex-taulard enrôlé par Odin pour lui servir de chauffeur, et qui fait fil rouge dans une histoire jamais cousue de fil blanc.

La force de ce livre, c’est de s’imposer tout de suite, et de tenir la distance sur 600 pages sans ficelles – l’intelligence du propos bien calée dans la narration. Gaiman aurait pu faire son malin, il reste au service de son histoire. Il aurait pu dénoncer la supercherie des nouvelles idoles, il préfère s'attacher aux Dieux anciens et à cette question centrale pour le héros : qu’est-ce qu’être vraiment vivant ?

Parce que le fantastique (pan sur mon préjugé idiot) n’est pas pris ici comme un exercice de style (genre regardez comme je vous invente des trucs dingue), mais comme un prétexte pour nous parler du monde, du vrai, du nôtre, de ces choses qui ne changent pas. Un simple décalage pour mieux nous faire voir le monde comme il est – exactement comme Andersen, en fait. Voilà qui me (re)donne des idées, tiens.

Un livre qui (r)éveille, je vous dis.
Bon café à tous.

Commentaires

  • Un livre d'un auteur américain,lu a Copenhaue par un(e )francais(e)...Vite,il me le faut.
    Merci de ce conseil et de l'envie que tu as reussi a me donner de lire ce livre.(Bob dylan c'etait un trés bon tuyau!).

  • tiens c'est marrant t'es pas le premier à m'en parler...je vais essayer alors ! Sinon bonne chance pour ta "rentrée" ;)
    (et je me répète mais il faut lire "La physique des catastrophes")A bientôt !

  • > Deep : satisfaction garantie, comme disent les ricains !
    (et Gaiman est aussi anglais que je suis français, ce qui ajoute encore à l'intérêt du livre...)

    > Lidell : ça ne m'étonne pas... du côté de ma rentrée, j'ai mes gommes et ma Cleopatra, mais je n'ai pas encore vu la maîtresse... je te raconterai ;)

  • (Aparté : Si tu veux lire "La physique des catastrophes", j'ai le bouquin à la maison... Moi je n'ai pas été emballée ! Le style est original mais l'histoire ne m'a pas accroché plus que cela.)

  • Bon les danois c'est bien mais je viens de rentrer et ma principale question est : comment se déroulent les ventes ?
    je compte bien l'acheter et le critiquer :))

  • rien à voir mais bon :

    http://www.lulu.com/titlescorer/index.php

    j'ai fait le test pour toi : ton titre a 63% d'être un best-seller...
    ...

    mouais...

  • Un livre qui réveille... un livre que t'as surtout lu quand des fans de manchester ivres rentraient et te réveillaient oui... Bien content d'avoir retrouvé mon Epéda, tiens!

  • ça donne envie, je le note tout de suite...

  • Sur les conseils d'une autre blogueuse, Chimère, je me le suis procuré. Je n'en entends que de très bonnes choses...a bientôt

  • Belle critique! (Ajoutons pour les filles superficielles qui passent par là (comment ça y en a pas ?:)) que Gaiman est en plus très beau et grave sexy. Comment ça ce n'est pas une raison pour le lire ? Ah bon ? J'étais persuadé que c'était uniquement pour cette raison que Marc L. avait du succès...) Je ne savais pas que tu ne lisais pas de fantastique pour cette (mauvaise:)) raison-là, tu devrais te pencher très sérieusement sur la biblio de ce monsieur ("Anansi Boys" vient d'être traduit, c'est un chef-d'oeuvre) et sur la SF, qui, quand elle est bonne (et elle l'est souvent) propose exactement ça : une vision de notre monde, une façon nouvelle de l'appréhender. Ravie que ce bouquin te donne envie de (re)prendre la plume : ça vaut le coup de t'offrir des romans! :)) (PS : je suis rentrée hier soir et je vais faire un tour chez Gibert cet après-midi...Sur les 2222, il en restera bien un pour moi, non ?:))

  • > Caro[line] : proposition retenue... le côté "teen movie" que vante Lidell me plaît assez a priori ;)

    > Bon sens : welcome back, comme on dit en bon danois !
    Comment se passent les ventes, je n'en sais rien : elles se passent dans les librairies et j'ai décidé (après avoir fait le plein de livres le 23 août) d'éviter d'y mettre les pieds pendant quelque temps !! A suivre.
    (Bon sens critiquant une nouveauté ! Damned - maintenant je vais commencer à stresser...)

    > Arnaud : voilà qui me fait penser aux "focus groups" réunis par je-ne-sais-plus quel éditeur US pour anticiper les goûts du public. Du mauvais goût, en somme (je parle de l'éditeur)
    Et ton livre, au fait ? Quel score ?

    > Castor : je ne l'avais as vu comme ça, mais... tu as raison, l'inconscient a dû parler !

    > Pandore : et hop! bonne lecture

    > Choupynette : (bienvenue ici) - quand je vois tes liens, je comprends que tu es bien conseillée...

    > Fashion : Et oui, merci encore - et je ne le redirai pas ! ;-)) "Neverwhere" me tentait bien, aussi - juste pour le titre... tu l'as lu, j'imagine ?
    (Sinon, je suis tombé avant-hier sur ce site de sur-fan qui recense tous les dieux d'American Gods :
    http://frowl.org/gods/gods.html)
    Et pour aujourd'hui... Salutations à l'ami Joseph (ou à son frère ennemi), je pense qu'il en aura gardé un pour toi ! ;-))

  • On va donc voir ce qu'on peut faire...

  • Oui, j'ai lu "Neverwhere" (en fait, j'ai même lu quelques-uns de ses comics au dieu Gaiman, tu vois le degré de vénération:)), c'et très bien et si tu veux, je te le prête, tiens, je le mettrai avec le bouquin de Caro[line], quelle que soit la façon dont elle te le fait parvenir!

  • Tu as raison. Logiquement je devrais attendre un an pour respecter la devise d'Arthur inscrite au frontispice de mon blog...
    Mais j'ai horreur des dictats encore plus ceux que je m'applique !
    ;)

  • J'aime bien les textes qui commencent par ''L’autre semaine, à Copenhague....''.

  • Dis moi Generation Rose, je n'ai pas reconnu la femme à la robe bleue (j'aime bien ce nom) mais tu diras bonjour à la fille en short rouge au début de la vidéo.

  • Il y a une autre soirée comme ça ce Samedi.
    Tu as encore le temps de venir et de lui dire toi meme Brg.
    Elles sont toujours toutes la.

    La fille a la robe bleue, elle, est TRÉS facilement reconnaissable.

    (Désolé Monsieur de Flore pour cet aparté.)

  • et hop un exemplaire d'hors jeu en moins au virgin des grands boulevards ;-) la séance dédicacée, ce sera pour plus tard, a bientôt! samuel

  • > Caro[line], Fashion : la semaine prochaine, donc ?

    > Bon sens : ... et une sagesse de plus ;-)

    > Generation : moi aussi, j'avoue. j'aimerais en écrire plus souvent ;)
    (au fait, il faut que je te parle de Québec...)

    > Brg / GR : je ne veux pas créer de pb, hein, mais je préfère la robe bleue au short rouge ;-))

    > Samuel : avec plaisir ! à bientôt

  • GR / SF :
    J'ai toujours des goûts décalés, ça tombe bien. Je n'aime pas marcher sur les pieds des autres (faudrait-il dire les plates-bandes)
    ça fait des années que je dois aller à Montréal, je finirai bien par venir. A jeun, comme d'habitude (et SF sait ce que ça veut dire).

  • Oui, la semaine prochaine mais nous avons autre chose à te proposer finalement... plus d'infos par mail ! ;-)

  • But how do you manage to go to places where you find time to read? and in fact how do you manage to read in Copenhagen while there are so many things to do there?

  • Le "Stardust" de Gaiman a été adapté au ciné et vient de sortir aux USA (avec un casting 24 carats : De Niro, Pfeiffer, Claire Danes, Sienna Miller, Rupert Everett, Peter O'Toole... et Ian McKellen en narrateur).

  • La prochaine fois que tu passes par Copenhague, on pourrait prendre une bière ?

  • > Brg : tant mieux (pour les goûts décalés, je veux dire), parce que short rouge avait manifestement l'intention de capter l'attention ;)

    > Caro[line] : vu! (et oui)

    > King Negrito : you get a point... I usually don't read on my trips abroad - but when you arrive in a town where all hotels are booked and all that's left are youth hostels, with Britons slamming doors, Vikins snoring and the sun sttint up at 4, you've got time to read, believe me !!

    > Philippe M : les castings 24 carats, on peut s'en méfier, non ?
    (en lisant, je me faisais cette réflexion : à moins d'une équipe de génies au scénario et à la réalisation, toute adaptation d'American Gods ne pourrait être que minable) (par rapport au livre, j'entends)

    > Vagant : ... qu'y faire d'autre ? ,-))
    (mais je te croyais plus près que ça...)

  • Le policier est le genre qui dit le mieux le social,
    La SF est le genre qui pratique le mieux la prospective...

    American God a reçu le prix Hugo (un Nobel de la SF) : une liste à parcourir pour dénicher d'autres perles. Asimov ou Herbert l'ont eu en d'autres temps.

  • Poil au gland.

  • Bon, je ne sais plus du tout où donner de la tête dans cette immense marée de formidables commentaires. Je tiens à vous faire une petite mise au point plutôt cocasse.

    Cher Second Flore, je me suis mise à la recherche du temps perdu pour vous. Je me suis rendue à la librairie en quête de votre livre. Surprise! Je devrai attendre jusqu'au 3 octobre. Le québec ne semble pas sur la même marée que Paris... Hors donc je devrai patienter un peu avant de vous accorder une nuit blanche à vous lire. Et l'autre Nuit blanche viendra sûrement...

    En attendant, j'ai découvert votre tête de jeune auteur sur le site de votre éditeur, Dilettante. Je trouve cette entrevue vraiment bien menée. Vous nous donnez le goût de découvrir cet univers complètement fou.

    Longue vie à Hors jeu!

  • OUF ! Je pourrais quand même mener à bien ma mission au Québec puisque nous en repartirons seulement le 5 octobre. ;-)

  • > Nadia : exact. j'ai grandi dans le polar en passant à côté de la SF. j'y vais à petits pas, donc.

    > Mireille : ah! je me disais aussi... mais vous savez ce que c'est, quelle que soit la couleur de la nuit la machine à rêves s'emballe vite.
    en attendant octobre, salutations à M. Lafortune et à son Cercle! ;-)

    > Caro[line] : DF sait-il que tu es secrètement envoyée en mission au Québec par le Dilettante ? ;-)))

  • Chuuuuuuuuuuuuuuut ! Je préfère rester discrète sur ce sujet-là. (Mais dis-toi que je suis aussi envoyée en mission par moi-même (et non par Gallimard...) pour repérer le Foenkinos au Québec !)

    Au fait, je rappelle qu'aujourd'hui, nous sommes le 30 août, jour de sortie du nouveau et 6ème roman de David Foenkinos et que toi, 2nd Flore, je t'accorde une autorisation de sortie en librairie pour cette occasion. :-)

  • Poil au fion.

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