En 1990, Laurie Parsons réalise sa troisième exposition personnelle. La galerie Lorence-Monk est "rafraîchie" pour l’occasion : une couche de blanc sur les murs, quelques ampoules neuves, mais l’artiste n’expose rien et ne signe pas sa non-exposition. (…)
Sa démarche continue à interroger notre rapport à l’esthétisme et au social.
(Extrait du catalogue "The third mind", Palais de Tokyo, Paris, 2007.
Ici l'une des oeuvres phares de l'expo : Laurie Parsons, "Troubled")
Parmi les quelques expériences du vide que l’on faire à moindre frais, il y a toujours la-visite-au-Palais-de-Tokyo. L’exposition du moment n’échappe pas à la règle. Une exposition qu'aucun historien de l'art ne pourra jamais imaginer, clame le catalogue. Quel honneur pour les historiens de l’art.
La visite se résume vite : une quinzaine de salles, des "œuvres" un peu partout, et au final un vide profond comme l’insondable mépris dans lequel les gardiens du lieu semblent tenir le public depuis longtemps. On aimerait, pourtant, comprendre aimer ressentir s’émouvoir s’insurger s’arrêter s’interroger… Rien de tout ça. Restent l’indifférence, l’incompréhension… et le rire. Un rire qu’on partage souvent avec les autres visiteurs mais il est vrai qu’à force ils ne sont plus nombreux. « L’art questionne notre rapport au monde », lit-on souvent. En l’occurrence il questionne plutôt son rapport à lui-même, il fonctionne en vase clos, il se fout de nous, au sens propre.
Comme rien ne jaillit des œuvres présentées, on guette une petite étincelle dans un titre, dans un texte… Manque de pot, la plupart des œuvres sont « untitled »… Pour le reste on nous invite gentiment à nous adresser au "Bureau des médiateurs".
Mais voilà : il est vide aussi, le Bureau des Médiateurs.
Alors, en fouillant un peu, on trouve le texte fondateur de l’exposition. Et c'est là, au détour d'une pafge de catalogue, qu'apparaît l’art pur. Le foutage de gueule haut de gamme. Ainsi donc nous viendrions d’assister à une sorte de grand jeu (ils ont dû bien se marrer, au vernissage), une exposition-énigme où l’on se demanderait « Qui a tué l’art ».
Etonnant, notre enquête avait plutôt conduit à une tentative de suicide.
Commentaires
là, on bat le record de la toile blanche...
on a le droit d'embrasser les murs ?
ha oui, tu nous le fais bref, là...l'empreinte de cette expo, le rond de serviette du resto est encore à mon poignet. une façon de m'inscrire moi aussi dans l' Absurde
Un problème propre à l'art contemporain est que pour la première fois dans l'histoire de l'art, il faut parfois tenir plus compte de la démarche artistique que de l'oeuvre qui en résulte (ou absence d'oeuvre en l'occurence) qui en résulte et c'est là un des gros sujets d'incompréhension et de moquerie et de tout ce qu'on veut d'autre d'ailleurs...
C'est tout le problème du fameux urinoir de Duchamp par exemple. Où est l'art ? dans l'urinoir exposé ou dans l'idée de l'artiste de l'avoir exposé ? Pour moi la réponse est évidente.
Pff... C'est vu, revu, rerevu !!! Rirkrit Tiravanija (à vos souhaits) a fait la même chose, il y a peu, au couvent des Cordeliers à Paris, à l'occasion de sa grande rétrospective.
L'espace de 'l'exposition' était cloisonné, et chaque pièce, VIDE, faisait référence à un espace dans lequel l'artiste avait exposé dans le passé (genre : un appartement à Vienne, un appartement à New York, etc.) (oui, cet artiste expose dans des appartements, car il fait participer le spectateur à son oeuvre, en l'occurrence en l'habitant).
Bref.
Pour suivre cette rétrospective, il fallait suivre un conférencier, qui expliquait, pièce par pièce, ce qu'on AURAIT DÛ VOIR si on avait assisté à chacune des expositions évoquées (à Vienne, à New York, etc.).
...Le concept étant de réfléchir sur la notion de transmission de l'oeuvre, de son appropriation, bla, bla, bla, bla.
...
Heureusement, j'ai eu la chance de suivre cette rétrospective avec Fashion Victim, et elle a eu la riche idée de faire semblant de se prendre les pieds dans le tapis virtuel de l'appartement new-yorkais.
Un grand moment :D
Reste à faire le coup du non-artiste qui n'expose pas, en regardant le bigdil. L'art resterait à l'état d'embryon dans les synapses. La démarche est intéressante, et réelle.
ça c'est du post post contemporain.
> Neige : la folie des records est dans tous les milieus...
> Arnaud : bien sûr - moyennant 4500 euros, je crois ;)
> Accompagnatrice : eh bien je l'aurai aussi tout à l'heure, tiens, ce bracelet ;)
> Cécile : les artistes parlent aux artistes, oui. d'où le besoin de médiateurs...
> Zag : en voilà, une "performance" à la hauteur de l'événement !! (pour le coup, je te renvoie au "baiser" d'Arnaud - à ce niveau d'abstraction onaniste il faut bien "s'approprier l'oeuvre" comme on peut...)
> Brg : tiens bon le concept, coco! j'en connais quelques-uns qui pourraient piquer l'idée... ;-))
cassiopée dominante :
Tout de même, je n'y connais rien en Art, mais étymologiquement, art, c'est ce qui est fait pas l'homme, ou la femme, donc, rien d'exposé ou une toile blanche, ce n'est pas de l'art, CQFD :-).
cassiopée dominée :
C'est qd même cool l'art contemporain, on a trop teuffé pour faire quoi que ce soit, et puis pas d'idée, hop on laisse la galerie vide, enfin, le suivant qui fait ça risque d'être accusé de plagiat psychique non?
lol....en même temps, un petit accessoire de mode, gratuit hein...
L'art contemporain permet aussi à pas mal de fumistes de faire parler (un peu) d'eux.
Je crois qu'à proposer des "démarches" trop absconses (pour ne pas dire absurde), on s'expose à la moquerie du plus grand nombre (et à mon avis, c'est pas volé) et à la considération d'un petit milieu snob qui se satisfait d'apprécier (ou faire semblant de) ce qui est inaccessible à la masse.
Le texte rapporté par PDF me fait penser au défilé de mode final dans le film d'Altman.
Je suis entièrement d'accord avec C.U.I. sur le fait que toute démarche ou concept ou théorie présentée comme artistique ne l'est pas forcément de même que tout résultat issu d'une démarche artistique n'est pas forcément une oeuvre d'art (de même que toute prose présentée comme littéraire ne l'est pas forcément). Je serais tentée de dire que des pièces vides, aussi poussée soit la réflexion ayant conduit à cette "(non)-exposition" ou une toile vierge (comme dans le pièce "art") ne me semblent en rien admirables... Tu as raison C.U.I., il y a des fumistes et certains sont super prise de tête... ;o)
Monsieur Guillot, j'aurai aimé venir ce soir pour vous écouter parler de votre bouquin (mais pas pour le faire dédicacer parce que je trouve ça neuneu) mais impossible : inauguration d' une expo dans un grand musée parisien + petite finale, le coeur gros.
Bonne soirée de signature et bon wk !
moi j'aime bien les trucs neuneu parfois (mais pas quand il y a une coupe du monde de rugby à ne pas trop perdre)... :o)
Suis plutôt branchée Pinoncelli :)
Bizz
c'est ce qu'on appelle l'art conceptuel. L'art de l'idée. Tout se passe dans la tête de l'observateur. On rompt avec le beau, l'esthétique qui n'existe plus. Tout est oeuvre et tout le monde crée avec ce qu'il voit. Avant on s'appropriait une oeuvre avec ses émotions, maintenant on la crée avec notre capacité (ou non ) à conceptualiser.
Personnellement je n'ai pas d'avis là dessus. j'ai juste l'impression que l'art conceptuel ne joue pas dans la cours de l'art esthétique donc, est incomparable avec ce dernier.
Personne ne l'a fait avant moi, avec une réelle démarche artistique. Tout en regardant MTV, à moi la gloire !
On parle très bien d'art contemporain (et aujourd'hui même) ici :
http://grangeblanche.hautetfort.com/archive/2007/10/19/lunettes-rouges.html
http://grangeblanche.hautetfort.com/archive/2007/09/30/yves-klein-et-l-immateriel.html
http://grangeblanche.hautetfort.com/archive/2007/09/25/art.html
(voir la dernière, qui m'a inspiré deux notes, ahah !)
Art conceptuel, esthétique...
l'émotionnel peut-il être le pont des deux ?
Oui on se moque souvent de l'art contemporain... mais bon, c'est souvent justifié et on ne met pas assez de l'avant les oeuvres réussies, géniales.
et les traces du pipi de chat sur un canapé, ça peut être considéré comme de l'art ? ;-)
est ce qu'un équivalent en littérature pourrait être le "Cahier de gribouillages pour adultes qui s'ennuient au bureau" qui avait même été dans le classement des meilleures ventes? :)
attention, Emeraude va essayer de te donner Noelle! ;)
bon ok.
Depuis toujours les contemporains d'un art chient dessus au nom de "c'est n'importe quoi", "c'est pas de l'art" bla bla bla...
(les impressionistes, yves klein etc...)
Comme si chaque génération était incapable de comprendre que évidemment que 99.99% de la création contemporaine de son époque va disparaitre.
Pensez vous qu'au 23° siecle quelqu'un fera une these sur le livre de bertrand, sur le mien?
Non bien sur, donc...
Donc pourquoi ne pas juste regarder ça comme ce que c'est : l'écume de notre époque, une façon d'appréhender le réel avec nos outils, ce que nous sommes.
je pense que vos reactons n'auraient de sens que si vous étiez acheteur potentiel s'inquiétant de leur retour sur investissement... Si ce n'est pas le cas pourquoi ne pas juste regarder et dire si ca vous touche ou pas, si ca vous donne envie de vous déplacer ou pas...
Plutôt que de glosser sur une classification art/pas art dont on sait par définition que seuls nos petits petits petits enfants auront la réponse.
Enfin j'dis ça hein...
a+
yann
ps pour info quand je parle de mon livre c'est juste que d'ici le 23° siècle j'aurais surement publié quelque chose...Un cahier de gribouillage surement... ;)))
> Cassiopée : heureusement que la vérité est toujours entre deux forces...
> Accompagnatrice : la prochaine fois je prends un bracelet de force pour trouver un taxi ;)
> CUI : eh oui, l'art est une bulle (spéculative, certes, mais d'abord une bulle). Avec Altman dans le rôle de l'artiste, et dans celui du public friqué, l'Empereur aux habits neufs d'Andersen.
> Lila : une inauguration je comprends... la dédicace aussi (quoique, on change, parfois)... mais la "petite finale", voilà bien un truc à éviter !
(c'était bien ? ;-))
> Cécile : je maintiens - les "petites finales" ont toujours été un truc de neuneu !
> Fafa : ton côté punk, évidemment ;)
> Neige : en effet. on a les codes ou on ne les a pas.
(cela dit, même quand on nous donne les codes...)
> Brg : j'aime beaucoup l'histoire de la merde d'artiste, oui!! (avec une morale : l'artiste se fait chier pour les générations futures ;)
> Virginie : quoi qu'il arrive, un jour tout se résume à ça, non ? une oeuvre, un oeil, et entre les deux une émotion : un souvenir, un écho, un monde qui s'ouvre...
> Dr Peuplu : ... peut-être parce que celles-là - pour l'émotion justement - on a envie de les garder pour soi. peut-être aussi parce qu'on ne sait pas en parler ?
> Emeraude : si tu es déjà connue oui ! ;-))
(on écrirait de grandes et belles phrases sur l'irruption de l'animalité au coeur du domestique, qui questionne notre rapport à la nature dans les jungles urbaines...)
> Stéphanie : presque, oui. je suis à peu près sûr que la plupart de ceux qui ont acheté ce cahier étaient certains que le contenu serait décevant. mais l'idée était là et créait l'envie.
> Yann : l'écume, oui. de l'éphémère pur. chaque fois on espère être emporté par une des vagues - et souvent c'est le cas... sauf au Palais de Tokyo, d'où ce billet.
(il est une oeuvre que j'aimerais vraiment voir en vidéo - la réunion où les dirigeants du PT décident des prochaines expos...)
bah au pire le restau du palais est trés sympa...
Et tu manges avec delarue...
Enfin, moi oui quoi...
;)))))))
yann
bah oui, c'est vrai, surtout quand on la perd. Mais bon, je revendique mon côté neuneu...
Une extension de carré blanc sur fond blanc ...moi j'ai du mal avec l'art contemporain !
> Yann : j'y ai mangé, figure-toi. Avec une compagnie bien plus intéressante que tous les Delarue du monde.
> Cécile : alors...
> Tietie : une version en trois dimensions, en quelque sorte !
Et pourquoi pas un mur blanc avec un clou au milieu, et une exposition sur le thème : la créativité est une qualité de l'humanité, au visiteur d'exprimer la sienne (de créativité, pas d'humanité, ne soyons pas trop ambitieux quand même) en imaginant quelle toile il accrocherait.
Rentabilité garantie.
Et l'artiste deviendrait un génie populiste.
...
J'ai toujours eu envie de rire de l'art contemporain, sans jamais vraiment le faire avec conviction. L'envie de comprendre, d'entrer dans le jeu, à toujours été la plus forte. Quitte à me sentir un peu prise pour une conne, parfois.
bah j'ai pas dit que la compagnie de delarue était interessante...
Mais le gateau au 3 chocolat était trés bon il me semble...
Rooh et puis choisir ses chansons c'est y pas modasse ça?
;)))
yann
ps En plus pi tout le monde va au toilette et revient les yeux brillant....
le reve quoi...
oula je suis super pas d'accord mais juste pas DU TOUT d'accord j'ai pas le temps de râler soit je repasse soit je réponds on ze blog.
BizZ
(atta atta c'est pas parce que ça questionne pas TON rapport au monde et celui des 3 clampins qui se sont paumés dans le musée que c'est du foutage de gueule haltela stop).
> Nim' : Exactement pareil. Il suffit parfois d'une pièce, dans une expo, et hop l'envie de rire disparaît avec le reste.
(je me souviens d'un artiste autrichien qui s'était fait connaître par le côté "interactif" de ses oeuvres. sa cote a monté en flèche. résultat : les fameuse oeuvres sont maintenant soigneusement enfermées sous verre. j'espère qu'il en rigole...)
> Yann : choisir ses chansons; j'ai dû rater un truc, là. Pour le reste, ben... Voilà, quoi.
> Fafa : vu comme ça, évidemment... mais va donc voir ça lundi, on en reparle après !! ;)
J'ai un souvenir d'avoir visité le musée d'art moderne au Palais de Chaillot, (il y a bien longtemps), et d'y avoir eu des fous rires mémorables.
Aaah, les 7 personnes nues qui marchent au son du tamtam et quand la musique s'arrête, elles posent chacune leur colonne, la colonne reste là. C'était ça l'oeuvre, les colonnes placées suivant cette procédure, parce que les personnes nues, elles s'étaient rhabillées depuis longtemps...
Bon, le rire, c'est au moins une émotion?
Voici une parfaite illustration du débat ou quand l'art conceptuel s'invite sur le net :
http://www.sometimesredsometimesblue.com/
Pour un début de décryptage :
http://www.ecrans.fr/Le-site-du-jour-Parfois-rouge,2237.html
> Pandore : ah oui, les Installations !
Mais un jour j'en ai vu une impressionnante, d'installation (les "Flying rats", de Kader Attia, et j'ai (presque) oublié les précédentes ;)
> Cécile : ben voilà...
Un de mes clients m'a montré en réunion ce fameux « Cahier de gribouillages (...) » et, ma foi, j'ai trouvé l'objet (qui n'a sans doute jamais prétendu entrer dans la catégorie Littérature) réellement drôle, inventif, impertinent. À mon sens, donc, pas du tout décevant : on y trouve bien ce que le titre annonce !
A propos de FIAC, pour enfoncer le clou ;-)
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3246,36-968900@51-966363,0.html
> CUI : l'important, parfois, c'est juste de pouvoir glander...
> Cassiopée : Le clou ne s'est pas enfoncé, le lien est brisé ;)
alors là, je le dis haut et fort, ça m'énerve.
Pourquoi ilstransforment l'adresse que j'avais soigneusement écrite de ma plume d'oie :
2ème tentative :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0"at"2-3246,36-968900"at"51-966363,0.html
en remplaçant "at" par de jolies arrobes ou arobases, (plus d'info sur http://fr.wikipedia.org/wiki/@ ou http://fr.wikipedia.org/wiki/"at" , décidément )
P.O. cassiopée :
http://tinyurl.com/35lgjh
Voilà, ce que c'est d'aller sans moi au Palais de Tokyo.
Allez, pour vous remonter le moral... une petite visite à la Biennale de Lyon ? Il parait que c'est le meilleur cru depuis 16 ans. Incompréhensible.
> LVS : à Lyon, toujours volontiers... sinon, l'an prochain il n'y aura pas de rugby le soir de la Nuit blanche ;))