Aujourd’hui les enseignants vont lire aux jeunes de France la lettre de Guy Môquet que tu m’avais lue ce fameux soir où je t’avais dit qu’un jour je serais Président.
Tu sais que j’ai pensé à toi quand j’ai fait lire cette lettre au lendemain de ma victoire – je savais que ça pourrait me faire venir une larme et que les télés adoreraient ça. Et puis ça emmerdait bien la gauche, et ça aussi je savais que ça te plairait.
Cécilia, elle trouvait ça crétin, le coup de la lettre, mais elle est trop grande, Cécilia, elle ne comprend rien à l’importance de la grandeur. Et tu sais que je veux être grand, Tata, hein ?
Aujourd’hui donc les enseignants doivent lire la lettre mais certains font de la résistance – après tout, hein. Finalement je n’irai pas me faire filmer dans une école. J’ai prétexté un rendez-vous avec un premier ministre israélien, mais en fait, à toi je peux le dire, maintenant elle m’emmerde, cette lettre.
Je voulais que ce soit un triomphe, et puis Laporte et ses joueurs ont tout gâché. Ils ont brisé mon rêve.
C'était un beau rêve, pourtant. Tu as dû lire dans les journaux que j’avais demandé que les joueurs de l’équipe de France lisent la Lettre avant leur match contre l’Argentine. Bien sûr que tu l’as lu, parce que comme ils ont perdu toute la presse s’est gaussée…
Mais imagine un peu s’ils avaient gagné. Superstitieux comme sont les sportifs, ils auraient relu la Lettre avant chaque match. Un peu comme le remix de Gloria Gaynor pour les footballeurs de 98, tu vois ? Après tout, de I will survive à Je vais mourir! il n’y a qu’un pas. La presse n’en aurait parlé qu’avant la demi-finale, on aurait négocié une exclu avec TF1 et là le peuple aurait marché, à fond. Ensuite dans mon rêve on aurait gagné la finale samedi, et lundi, hop ! comme un hasard du calendrier, lundi la Lettre était dans toutes les écoles, je devenais un héros.
Parfait, non ?
Mais bon.
Je suis déçu, mais enfin c’est comme ça : j’ai joué, j’ai perdu. Moi au moins j’ose, comme écrit Guaino dans mes discours. N’empêche que là maintenant, entre Cécilia, les grèves et ces cons de députés de droite, je me demande comment je vais m’en sortir.
Salauds d’Argentins, va.
Je t’embrasse, Tata, ne t’inquiète pas pour moi.
Ton petit N.
Commentaires
Et celle-ci, il faut que qui la lise où ?
Oui, cette lettre là, elle doit être lue à qui ?
Excellent !
Quel grand homme ce petit N.
Merci a toi second flore de partager avec nous toutes ces émotions.
Ha là là cette tata ! Le jour où elle a lu cette lettre elle aurait mieux fait de se coucher, peut-être que le petit N. (euh) n'aurait pas songé à vouloir être président. Très belle lettre merci! :-)
Une bien jolie lettre qui me fait beaucoup rire et ceci un lundi matin, quelle aubaine !!!
Ah, ah, j'me suis bien marré ! En fait ce que je trouve le plus inquiétant dans cette histoire ça n'est tant la lettre que son accouplement avec les délires interventionnistes de Kouchner... une bonne petite idéologie pour nous faire accepter d'envoyer au front nos petits jeunes de banlieu... un peu comme aux US... les noirs et les latinos devant... arf, beurk... bon, mais j'me suis quand même bien marré!!
Une seule chose à dire : j'adore !
C.T.
> Cécile / Nath : bah... qui veut, où il veut ;)
> Anthony : "petit n"... c'est en écrivant cette ligne que je me suis dit qu'il y aurait peut-être une série à faire...
> Cassiopée : toi aussi, ça te paraît crédible ?
> Lila : depuis que je ne suis plus salarié, c'est un devoir de solidarité ;)
> Franck-Olivier : merci ! j'hésitais à publier la lettre chez Strictos - je vais le faire, tiens.
(à voir en effet, le couple Sarkouchner en cas de tourmente...)
> CT : eh bien... merci !
sourire du matin... même pas chagrin et vive le rugby et l'Argentine !
Fais gaffe, dès fois je tombe amoureuse... Excellent!
j'ai bien une petite idée de ce qu'il peut faire... perndre des vacances... de cinq ans énviron... Ca lui fera le plus grand bien... Après toutes ces déconfitures, il a besoin de beaucoup de repos.
Je suis sûre que sa tata serait d'accord avec moi
je rebondis sur votre réponse au petit anthony...
petit n divorce
petit n achète des talonettes
petit n se fait des amis...
y'a un fil(l)on là!
très belle inspiration :)
désolée, rien d'autre à dire mais je tenais à montrer mon plaisir :))
ah si tiens, j'ai vu cité ton blog sur le forum des bookcrossers dans le fil sur la lettre "originale" :)
Magnifique "je ne vais pas bien, mais ne t'en fais pas tata". Et je ne suis pas sûr qu'une victoire de Gasquet à Lyon sorte la France du marasme par nabot léon décidé...
> Esperluette : eh bien... sourire du lendemain ! ;)
> Justine : Justine, voyons, tu ne vas pas tomber, quand même...
> Anne-Sophie : c'est drôle quand même, de penser que l'histoire retiendra qu'une défaite dans un march de rugby aura signé la fin d'un "état de grâce" (qui s'était anormalement - et sans raison- prolongé)
> Petite Brune : à suivre, oui, peut-être (bon filon, poil au fillon)
(une tata confiture pour une déconfiture)
> Stéphanie : well... reviens quand tu veux, pour sourire ou bookcrosser :)
> Castor : tiens, voilà peut-êre une piste - Gasquet qui gagne, tout le monde (ou presque) s'en fout, mais Lagardère sera content, donc son "frère" NS aussi. Dommage qu'il n'ait aucune chance ;)
La "soif de vouloir s'affirmer" en imposant ce type de lettre qui interpelle l'émotion, tout simplement lamentable, digne d'un chef de tas, indigne d'un chef d'état.
(Bravo pour cette lettre à Tata qui tape juste!)
PS Je pense que là, j'suis bon pour un test DNA!!
Il faut reconnaître que le pauvre Guy Moquet doit se retourner dans sa tombe.
L'une des collègues de ma mère s'est exclamée ce matin que son fils de 15 ans n'avait rien compris au pourquoi du comment de la lettre. Et pour cause. Dans son collège, les élèves ont été traîné à la cantine au petit matin pour y écouter le principal ânonner pendant dix minutes, avant que chacun retourne à ses moutons. Sans la moindre explication historique ou contextuelle. Que dalle !
L'élève en question est retourné en cours en math en n'ayant pas la moindre idée de qui était Guy Moquet et du pourquoi il avait écrit cette lettre. Et encore moins du pourquoi on leur avait lu CA, mais ça, je me le demande aussi... Ben ouais, c'est quoi le symbole ? Il faut résister contre quelle guerre, là ? A moins que ce ne soit contre l'omniprésident lui-même...
Gare au retour de bâton.
(PS : Hors-jeu commandé, Hors-jeu bientôt dans ma boîte aux lettres. Il me tiendra compagnie pour mes premiers jours en Nouvelle-Zélande, comme ça.)
adoré cette soirée avec toi dans ce rôle-là
t'es génila quand tu sors de ton monde habituel
(génial aussi d'habitude mais de te voir dans le côté léger, superficiel, festif des petits cons,c 'éait vraiment chouette)
super soirée
merci pour les danses, elles furent parfaites
pogoooooooos !
bonne nuit
Quand je lis l'intervention de Nim, je me demande surtout trois choses :
- comment un gamin de 15 ans peut ne pas avoir ne serait-ce qu'une très vague idée de qui est Guy Môquet ? (et comment ça mère peut-elle oser le raconter à une de ses collègues ?) Sur quelle planète vit-il ? Avec le battage médiatique qu'il y a eu autour de cette histoire ces dernières semaines comment peut-il ne jamais avoir entendu parler de Guy Môquet ou au moins savoir ne serait-ce que très vaguement qu'on allait lui lire un truc le 22/10 et pourquoi.
- Cette lettre, ce n'est pas du Rabelais (on l'étudiait en seconde de mon temps... à 15 ans donc) ni du Lacan. Qu'est-ce qu'il n'a pas compris au juste ? "je vais mourir" ? "j'aurais voulu vivre ?" "17 ans" ? "courage" ?
A priori pas besoin d'être agrégé de lettres classiques pour piger qu'il ne s'agit pas d'un flyer pour la prochaine soirée tecktonik du Métropolis, non ?
- comment est-il possible que des enseignants/chefs d'établissement soient suffisamment mauvais, inaptes à leurs fonctions pour lire cette lettre brut de fonderie sans la moindre référence historique, sans la moindre réflexion contextuelle ? Pour moi c'est le comble de la crétinerie et c'est révélateur d'un vrai problème sur la façon dont certains membres de l'éducation nationale conçoient leur rôle.
Quelque soit ce qu'on pense de l'initiative de Sarkozy, je trouve que la polémique politicarde autour de cette lecture a souvent des relents largement aussi indécents que les intentions présidentielles (réelles ou supposées) qu'elles sont sensées dénoncer et il me semble évident qu'en soi, la seule lecture de cette lettre (ou d'une autre du même genre) n'a pas vraiment d'intérêt, en revanche, ce qui peut en avoir, c'est d'amorcer une discussion autour d'elle.
C'est grosso modo ce que j'ai cherché à raconter sur mon blog avant hier en citant "la rose et le réséda" d'Aragon.
ça vous fait pas penser au Béruriers Noirs cette lettre : "Souvenez-vous de Jean Moulin, il n'est pas mort pour rien" ?
Oui, les Bérus, c'est plus in que Nicolas...mais le fond est le même non ?!?
Ah tiens, ces paroles ne me rappellent rien. Je vais rechercher dans ma béruriothèque et en profiter pour réécouter le "salut à toi" (merci Anne)... ;o)
la chanson des Béru évoquée par Anne, c'est "et hop"
http://www.dailymotion.com/video/x51xj_berurier (la video, le son est dégueu)
http://www.paroles.net/chansons/37760.htm (les paroles)
> Ex-mot : l'émotion et rien d'autre, oui - affligeant.
> Nim' : je me souviens avoir découvert le contenu de la lettre après le battage - et là, stupeur. Il n'y a rien, ou presque. L'émotion sans le sens. (merci de me faire voyager ! ;)
> Anne : moui - mais il y a des programmes scolaires pour ça (as pour les Béru, pour Jean Moulin)
> Cécile : hum. merci pour les bérus. pour le reste, désolé, pas envie de répondre sur le fond.
> Jen : c'était une nuit de début de renaissance, si tu savais comme ça fait du bien...
(et puis, c'est important, découvrir des "mondes" dont on ne connaît pas la langue ;-))
Cécile de quoide9, je ne suis pas sûre qu'à son âge (il a 15 ans, mais est en troisième), je savais moi-même qui était Guy Môquet, et je ne pense pas que j'étais particulièrement inculte. Par la suite, au lycée, je me souviens l'avoir étudié (très rapidement), mais pas avant.
Ensuite, s'il n'était pas au courant, c'est peut-être parce qu'il ne regarde pas la télé. Et qui peut lui en vouloir d'échapper au matraquage ?
Enfin, ce qu'il n'a pas compris, ce n'est pas le sens de la lettre, qui est effectivement très clair, mais plutôt pourquoi on leur lisait ça. Le jour où les extra-terrestres nous envahiront et nous réduiront en esclavage, pourquoi pas, ça peut motiver les coeurs, mais pour l'instant...
Second Flore : dommage...
Nim : moi non plus je ne savais sans doute pas qui était Guy Môquet quand j'avais 15 ans... mais quand j'avais 15 ans on n'en parlait pas tous les jours depuis des semaines... moi quand j'avais 15 ans je savais qui étaient Harlem Désir et Lech Walesa (ce sont les exemples qui me viennent à l'esprit)... Question d'époque et d'actualité du moment. Tout simplement.
pas besoin de langue, l'observation et le sens de l'improvisation suffisent : l'imposture j'ai toujours adoré
"Après tout, de I will survive à Je vais mourir! il n’y a qu’un pas. " Bon sang, mais tu sais que tu es énorme, là, que tu es grand, là, malgré ton 1m50 et tes 42 kilos ?
Ouch, j'en reviens pas, j'ai lu des chroniques dans la presse autrement moins bien balancées que celle là.
> Jen : ah, ce petit frisson de l'étranger qui vous libère...
l'imposteur te salue ;)
> Lib : (un jour peut-être quand je serai grand...) (merci)
la vraie différence avec les chroniqueurs de presse, c'est que je ne suis obligé à rien : ni à écrire sur tel sujet... ni à écrire tout court ;-))
"Après tout, de I will survive à Je vais mourir! il n’y a qu’un pas. " Bon sang, mais tu sais que tu es énorme, là, que tu es grand, là, malgré ton 1m50 et tes 42 kilos ?
ça me fait penser à l'énorme citation d'Hors jeu dont je t'ai parlé, SF.
Salut l'artiste.