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Spartacus est épuisé

1483715198.jpgJe me souviens, du temps lointain où se présentaient à nos suffrages des gens qui avaient un peu de culture, il y avait un de ces petits moments français, marronnier désuet où les journalistes, fin août, demandaient aux politiques ce qu’ils avaient lu pendant leurs vacances. Et pour afficher leur hauteur de vue, nos élus répondaient invariablement : « Oh, j’ai relu Machin ». Montaigne, Voltaire ou Chateaubriand, selon les sensibilités, l’important était le snobisme de ce j’ai relu.
Tout ça pour dire qu’il est très rare que je relise un livre.
Et pourtant, c’est étonnant.

De ma première lecture de Spartacus, j’avais gardé quelques bribes fortes – une image, surtout : celle de Spartacus épuisé, dépassé par son entreprise, prenant conscience que l’aventure ne se terminerait que par la mort et pourtant s’accrochant à sa chimère. Je me souviens aussi avoir songé illico qu’il s’agissait d’un des livres les plus importants du XXe siècle, et de l’avoir toujours pensé depuis lors.
J’étais certain avais retenu l’essentiel… Mais en le relisant 10 ans après je n’ai reconnu aucun passage précis jusqu’à la page 100, ou presque. Et la surprise de trouver vers le milieu du livre la scène que je tenais depuis dix ans pour l’une des scènes finales. Bref : avais-je tout oublié ? Sans doute pas, puisque plus j’avançais dans un livre qui m’apparaissait entièrement nouveau, plus je me rendais compte combien la structure du roman #2 est proche de celle de Spartacus. Ce qui ne peut pas être un hasard.

Mieux vaut sans doute ne pas expliquer, les grands livres sont plus forts que nous, ils pénètrent à l’intérieur et la peau ne retient rien, elle se régénère juste pour prendre d’autres livres.

***

Spartacus n’est pas seulement crevé par ces Gaulois qui l’emmerdent à vouloir piller et ripailler quand il voudrait construire la Cité du Soleil.
Il est aussi épuisé par Hachette et de ses contrôleurs de gestion. Le livre de poche ayant épuisé son tirage, il aurait été simple de le rééditer (avec une couv moins putassière que ce magnifique Kirk Douglas en jupette, complètement fausse puisque le film est tiré d’un autre roman que celui de Koestler).
Mais non.
Le groupe Hachette préfère le ressortir à 18 euros chez Calmann-Lévy.
On imagine bien le raisonnement de comptable à deux balles : puisqu’il paraît que c’est un chef d’œuvre, mettons-le donc quatre fois plus cher.
(et puis quoi, merde, les prix sont libres, comme les esclaves, a dû dire en rigolant un marketeur qui n’avait pas lu le livre)

Erreur : la valeur d’un chef d’œuvre est inestimable. Spartacus n’a pas de prix.
Merci à la Ville de Paris de l’avoir affranchi.

Commentaires

  • En Allemagne en se moment tu peux te payer un esclave pour un euro de l'heure :o)

  • et dire que je ne le lirais pas...;-)( çà m'interresse pas y paraît)

  • je vais retourner à Berlin, ils ont vraiment tout compris au nouveau féminisme là-bas ! (parce que l'esclave à un euros)

  • tu me donnerais presque envie de le lire tiens ! Mais je préfère plutôt aller re-lire des livres qui m'ont pris aux tripes y a 10 ans, pour voir l'effet que ça me fait (sachant que je les ai gardé évidemment, pas besoin de dépenser trop d'argent! ;-))

  • Ben moi je cherche « Vox » de Nicholson Baker en v.f. et c'est du méga-épuisé de chez épuisé.
    Quoi que je me souviens l'avoir vu dans la liste des bouquins des bibliothèques de la ville de Paris...

  • > Loïs : voilà une info que j'ai manquée !
    (le peuple demande plus d'explications, je crois :)

    > Virginie : en même temps, j'aime bcp quand les gens me contredisent et piétinent mes a priori...

    > Jen : je te ferai passer ma grille de tarifs

    > Emeraude : game ? ;)
    (garder les livres, je sais pas faire)

    > CUI : la vox de la France est impénétrable...
    (c'est beau, quand même, une bibliothèque qui vit)

  • Et tu le prêtes s'il est épuisé? Il lui faudra un remontant ;-)

    Et je ne peux pas frimer, ne l'ayant pas lu... (la vie est dure)

  • Je l'ai déjà rendu...
    ... Mais je suis sûr qu'Emmanuel Pierrat en a un exemplaire qu'il te prêterait volontiers ;)

  • Il m'a déjà filé pas mal de bouquins... tu crois qu'il faut que j'achète un exemplaire de stupre et que je l'échange contre un spatacus?

  • Là oui, tu tiens quelque chose !
    (tu nous raconteras ? ;)

  • Et bien en Allemagne, au bout de trois ou six mois de chômage (je ne sais plus), pour continuer à recevoir 60€ par mois, le chômeur doit travailler quelques heures par semaine dans un métier merveilleux de son non-choix pour la somme astronomique de 1€ de l'heure. Info peu fiable puisqu'entendue au 20h de France2, à vérifier...

  • Je rassure tout le monde, vingt secondes (à une euro de l'heure, c'est peu) suffisent pour vérifier que ce n'est pas ça...

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