Ainsi donc, pendant quelques mois j’ai lu L’Express. Vous vous souvenez ? Vous m’aviez écrit pour me vanter "l'hebdo qui a inventé cette forme de journalisme engagé incarnant le contre-pouvoir dont notre société a plus que jamais besoin". (rires)
Alors permettez-moi quelques petites observations.
D’abord quelques félicitations. Dans les derniers numéros, il y avait quelques bons articles. Si, si. Comme quoi, quand vous envoyez vos journalistes au Congo ou en Islande, ils sont quand même plus passionnants que quand ils restent dans la garde-robe de Rachida Dati. M’enfin.
"Un contre-pouvoir", donc. Naïvement, j’avais pensé qu’à l’ère du tout-médiatique, le contre-pouvoir, c’était savoir regarder ailleurs que là où souffle le vent, aller enquêter là où justement les pouvoirs en place ne veulent pas trop qu’on aille fouiner. Mais ouh là ! Pas de ça dans L’Express, hein.
J’ai fini par comprendre votre définition : être un contre-pouvoir, c’est tenir son journal tout contre le pouvoir, une rédaction grisée de toucher de près le tout petit monde qui fait la pluie et le temps gris à Paris.
Parce que franchement, combien de pages passées à commenter les discours et les postures, à décortiquer les stratégies de communication des uns et des autres, à blablater sur du sondage ! Le plus bel exemple : cette double-page sur "Les secrets de la marque Sarkozy", par votre compère de plateaux-TV Pierre Giacometti. Je ne sais pas si vos appelez ça un sujet de fond, mais ce jour-là, c’est sûr, vous l’avez touché.
En vous lisant, finalement, j’ai pensé à ce proverbe : "Quand le savant montre la lune, l’imbécile regarde le doigt". Eh bien, dans vos pages France, vous passez votre temps à commenter la forme du doigt. Voilà.
C’est dommage.
Allez, bon vent.
PS – dois-je vous rappeler que je n’ai jamais reçu cette « radio au son très qualitatif » que vous m’aviez promise et dont j’attendais tant ? Du coup, je ne pourrai pas vous écouter nous donner une leçon de contre-pouvoir dans un de ces bals des chroniqueurs que vous aimez tant. Avouez que c’est frustrant.
PSS – je retiendrai aussi que votre magazine a parlé de "vraies valeurs", un jour ; c’était pour un supplément Spécial montres de luxe.
Commentaires
Intéressant...
Je me suis également souvent demandé comment C. Barbier faisait pour garder ses distances face à ses "fréquentations"...
Cependant je lui trouve souvent un discours assez objectif quand il s'exprime sur "C dans l'air".
:)
écouter la radio sur une radio, lire le journal sur du papier…
Je parie que vous écrivez parfois avec un stylo sur un carnet ;-)
(c'est pour rire)(parce que ce que vous racontez vient me redire encore et encore que ça va pas bien dans le meilleur des mondes)(et un dimanche pluvieux ça suffit comme mauvaise nouvelle)
(Je note piteusement que les journaux ou magazines « de gauche » comme Libération ou Le Nouvel Observateur donnent aussi dans le supplément « Montres plus chères que ma maison ». M'enfin – lynchage facile –, un certain Julien D. montre qu'il y a aussi un public à gauche pour les montres bracelets qui coûtent un bras.)
Ce qu'il y a de déprimant à cette note c'est qu'on eusse pu écrire "cher FOG", "cher Laurent Joffrin", car le problème en réalité c'est qu'il faudrait une révolution copernicienne des journaux: leur rappeler que Sarkozy n'est pas le centre du monde, mais juste un truc qui gravite et que l'on est pas obligé de suivre tout le temps pour être éclairé...
La "radio au son très qualitatif" est incontestablement un argument de poids dans la souscription d'abonnement à la presse actuelle. Maintenant que tu en parles, il est vrai qu'un tel objet manque cruellement dans ma salle de bains.
;)
Castor Junior a raison : j'ai vu dans Le Nouvel Obs un dossier qui comparait ainsi non pas les idées ou programmes politiques d'Aubry et Royal mais leur physique, leur garde-robe, etc. LAMENTABLE. Et l'on parle de crise de la presse...
> Bon sens : un "discours objectif", peut-être. Mais en retient-on quoi que ce soit 5 minutes plus tard ?
> ficelle : j'avoue, oui - je suis terriblement conventionnel ;-)
(mais j'écris surtout sur des feuilles volantes)
> CUI : ... et la même fascination pour le pouvoir, et les mêmes marronniers, oui !
> Castor : bien dit ! mais le journaliste a la fascination facile, il aime bien qu'on lui fasse tourner la tête ...
> Léo : ... mais là aussi, faut pas croire tout ce qu'on nous dit ;)
> Anne-Sophie : faut dire aussi que ça ne coûte pas cher, de rester dans le VIIe pour remplir une double-page
Tiens, je n'avais pas pensé à ça... et certainement plus distrayant aussi !
Là je ne suis pas d'accord.
Je ne parle que de l'émission car je ne le lis pas, il est brillant. On peut lui repprocher sûrement des tas de choses mais il a une lecture de la vie politique très fine et ne s'attache à rien d'autres qu'à l'aspect politique des choses.
Quand il dialogue avec Calvi c'est très intéressant. Ses ripostes aux autres invités sont très souvent argumentées et justes.
Bon... je précise que je ne connais pas personnellement Mr Barbier donc je ne milite pas pour lui :)
> Anne-Sophie : ... pour qui ça intéresse, sans doute; )
> Bon sens : ah mais je ne nie pas qu'il ait l'esprit brillant ! ce que je regrette surtout, c'est qu'on donne tant la parole à des gens qui donnent l'illusion de la pensée, et qui ne font que commenter le monde quand on aurait plutôt besoin de gens qui tentent de le changer. Christophe Barbier n'est que l'exemple emblématique d'un monde qui parle, qui parle et qui s'agite pour mieux oublier qu'il ne bouge pas.
c'est très drôle et ça sonne très vrai...
Un type va essayer de le changer, cet aprem de l'autre côté de l'Atlantique :)
C'est loin de chez nous, il est vrai...et il ne me semble pas que la France soit un pays de gens très hardis ! Donc tu risques d'être déçu pour un bon moment.
:)
Voyons, voyons, pourquoi vous lisez des trucs comme ça ?
> Justine : (mais ça l'est)
> Bon sens : nous tâcherons au moins de ne pas ramer à l'envers...
> Christophe B : bonne question! (une réponse arrive)
J'avais arrêté de vous lire il y a quelques mois... Non mais quelle conne ! Vos articles sont bien meilleurs aujourd'hui et exactement comme je les aime !
PS : Voui, je sais où je peux me fiche ma subjectivité, m'en fous, j'assume :o)
Les blogs sont comme l'inspiration de leurs auteurs - ça va, ça vient...
(attention, ça pourrait repartir ;)
(et merci !)