Riga. Après Tallinn la ville-fantôme, c'est moi le fantôme dans la ville, comme un provincial débarquant à la capitale. Il y a les villes qui se laissent traverser et celles qui vous parlent. En général on ne sait pas entendre mais ici, très clairement, Riga me souhaite la bienvenue. Comme Paris elle semble à ma taille, les jeunes femmes bien habillées y ont la même moue boudeuse en bouclier qui dit N'y pense même pas, depuis la gare un canal serpente entre deux pelouses bordées de bancs - Vous êtes charmante, vous vous appelez comment ? - Riga. - Vous avez quelque chose de prévu ce soir ?
Quelques heures plus tard, un virage au hasard, le soleil qui descend, la musique qui monte, et Doma Lauk. Toute la place à été transformée en terrasse géante - une centaine de tables dressées, la pinte à 1 Lats en self-service et un concert de jazz rock, guitariste et bassiste juchés sur un camion de pompiers. S'installer ? Bien sûr. Non loin de cette demoiselle aux yeux clairs et cheveux en boucles, belle comme Marie Perrin et Camille de Peretti réunies (si, si) qui boit un cocktail avec une amie. A peine assis le guitariste annonce "vodka, beer, whisky time" et se lève pour un break. De l'autre côté de la place, un trio prend la place et Besame Mucho. Me voilà seul avec ma pinte en plastique, un carnet dans ma poche et les questions délicieuses de celui qui sait que finalement rien.
(quoique)
Que faire donc avec les grands yeux clairs et collants fuchsia à ma gauche ? Comment gérer la copine ? Le temps d'inventer une dizaine d'invitations (si elles recommandent un verre c'est sûr je), le guitariste revient, en mode blues-rock cette fois, les premières notes font claquer les doigts et me donneraient presque l'énergie de bouger mes fesses, mais la demoiselle vent de demander la note de son Cosmopolitan. Si l'opération de paiement est aussi longue qu'à Tallinn ça me laisserait largement le temps de, mais à la place j'écris dans ce carnet, sourire aux lèvres. C'est très con d'écrire, quelquefois.
(souvent)
Comme les deux inconnues se lèvent et passent derrière moi récupérer leurs vélos, le guitariste se fait Gary Moore et entonne Walking by myself en massacrant les paroles mais on s'en fout. L'ironie élargit le sourire vers le haut. L'enchaînement sur Parisienne Walkways est parfait - une serveuse passe à l'instant, je commande un Rigas Šampanietis (prononcer champ') pour fêter la rencontre. Come together viendra un peu plus tard. J'écris toujours sur le carnet, content d'être là, i love Riga.
Commentaires
Vu le titre, je m'disais bien que.
I hope you understand...