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Pop

C'est peut-être parce que je revenais de quelques heures dans l'Afrique du XIXe (arrondissement), à lire Metro avec des ouvriers du BTP, que ça m'a frappé.
Sur mon magnéto, une image d'archives. Les années 60, une émission littéraire. On y voit Pierre Dumayet, dans un champ, interrogeant un paysan à qui il avait fait lire Madame Bovary. Et le type d'expliquer que oui c'était long, quand même, tous ces détails, mais que quand même, dans la première partie, etc.
Ce qui m'a frappé, surtout, c'était la simplicité de l'échange, et ce journaliste qui semblait avoir un respect équitablement partagé entre le livre et l'homme au fort accent à ses côtés.

Alors je me suis demandé qui, aujourd'hui, pourrait faire la même chose. Pas forcément à propos de littérature - disons, à propos de n'importe quoi. Quand l'animateur d'aujourd'hui interroge un brave type (paysan ou non), que se passe-t-il ?

1. L'animateur se fout de ce que raconte le brave type. L'important n'est pas ce qu'il dit mais comment il le dit, et surtout on coupe - c'est le show, coco, de toute façon la question suivante est déjà sur la fiche, faut avancer, le flow et le flux.

2. le micro-trottoir (l'abc du journalisme moderne dans le Grand Supermarché : un panel d'étude conso)

3. Le chroniqueur interroge le brave type avec déjà dans la joue ce second degré qui est la deuxième nature des gens bien nés, il est prêt à écouter la réponse mais quelle qu'elle soit il sait qu'il va la détourner - à son profit. Autre dispositif, même conclusion : la distance, le mépris, et le filtre.

Bref, je me disais ça, et j'ai pensé que sans doute j'exagérais, j'ai d'abord effacé ce qui précède, cherché des contre-exemples...
... Et finalement reste cette question, toute nue :

Hormis les jeux ou les merdouilles tire-larmes, où est le peuple dans les médias aujourd'hui ?

Vous avez quatre heures. Prenez votre temps.

Commentaires

  • Nulle part. Il n'est nulle part. (Même pas dans les jeux ou les tire-larmes, d'ailleurs.)
    D'où la lutte contre l'insupportable cynisme, devenu la norme aujourd'hui...
    Biz à toi.

  • dans les "strip tease" ? mais je ne suis pas certaine que ça existe toujours...

  • Dans le 13h de JP Pernod (^^) pdt les vacances d'été.

    Le reste de l'année, il est dans Youtube. Grâce aux imaginatifs équipé d'un électronique-vidéo qui se sentent l'âme d'un reporter et qui filme consciencieusement parce que la "France a le droit de savoir".

    (je reste béate d'admiration que personne ne propose la réponse numérique classique à toute question commençant par "où?". Que tes lecteurs sont bien élevés.)

  • (et pardon pour ma mauvaise gestion des pluriels. C'est le changement d'heure, ça me perturbe)

  • > SophieK :

    > Petite Brune : c'est la seule émission à laquelle j'aie pensé, oui! (mais moi aussi ça fait longtemps)

    > Léo : ça fait mal là où les malpolis auraient pu répondre, mais c'est vrai que peut-être ver 13 heures... (aie)
    quant à youtube, faudrait que je découvre, un jour...
    à la bonne heure!

  • Le peuple a été "dépeuplé" (c'est la faute à Beckett), c'est-à-dire dépossédé des médias où il pouvait s'exprimer parce que des types comme Dumayet, Lazareff ou Pivot ne lui tendaient pas forcément le micro mais des perches...

    Le peuple regarde des émissions de télé où il est soit ridiculisé (ça passe ensuite au "zapping" de Canal + où les abonnés ou habitués se sentent plus intelligents en regardant ça - les autres - bafouiller ou se tromper), soit méprisé (la culture à 23h.30), soit ignoré.

    Le peuple manifeste (mais quand il y a une grève "on ne s'en aperçoit plus") de temps en temps, mais on l'a remplacé par "l'opinion publique" et les sondages qui la commandent.

    Le peuple attend qu'on l'interroge sur le retour de Jules Vallès.

  • " Le peuple, c'est moi. " (Louis 99)

  • C'est pas faux. Pour autant, est-ce que tout ça ne participe pas du "bon vieux temps" ? Et puis en fait est-ce que la fonction des médias est de montrer du bon et du vrai peuple ? Suis pas si sur. Par exemple, peut-être que strip-tease (que j'adore) n'a de valeur que par le contraste qu'elle apporte par rapport au reste, et pas par elle-même...

    Et aussi : est-ce qu'il ne vaut pas mieux construire aujourd'hui le bon temps de demain plutôt que le bon vieux temps de demain ?

  • > DH : voilà... Cela dit, dans l'Afrique où j'étais, on se souciait bien peu de Jules Vallès.

    > Chr.B : dommage que "lui c'est moi et moi c'est Louis" soit déjà pris

    > Ecoute-moi : (oh!) je ne parlerai pas de "fonction des médias" (hormis pour le service public)... je fais juste le constat.
    Cela dit oui, je sentais bien le BVT poindre derrière cette note en l'écrivant... sans dire que c'était "mieux avant", on peut noter que le rapport des "élites" au "peuple" a énormément changé en 50 ans. (non?)
    Quant à ce "et aussi" : oui !

  • Les chaines ne font d'audience que parce qu'elles savent nous vendre du rêve.
    Dans les années 1960, un paysan qui lisait Flaubert, c'était du rêve. Aujourd'hui le même paysan, pour faire rêver, il faut qu'il se prostitue à la caméra en déclarant que son secret est d'avoir eu un million deux-cent mille partenaires sexuelles.
    En dehors de ça, non, le peuple ne fait pas rêver le peuple (qui désirerait ce qu'il a déjà ?), donc le peuple n'est pas vendeur, d'où son éviction des plateaux.

    Ceci dit la critique littéraire d'un paysan fondée essentiellement sur le nombre de pages ne m'intéresse pas plus que le nombre de conquêtes de John-David-de-Secret-Story.

    (Quant au manque de respect que montre la télé envers ces invités du peuple, là je suis d'accord ...)

  • J'ai pris mon temps... J'ai rien à redire sur ce post, juste à te dire, bien vu l'aveugle ! Et d'ailleurs, le Peuple, aujourd'hui, il est invisible, comme le dit l'excellent bouquin de la Découverte, "la France des invisibles"

  • contre-exemples: dans certaines émissions de France Inter (pas qu'à "Là-bas si j'y suis"), même si c'est plus souvent l'été que le reste de l'année...

    à la télé, je ne vois pas. mes souvenirs de strip-tease (que j'aime bien) c'est quand même que l'émission jetait une lumière un peu impertinente sur les personnes-sujets...

  • A la BBC.

    Yours sincerely.

  • Il bosse le peuple, il ne peut pas être à la fois à la télé et au travail… (moi, par exemple, je suis le peuple, et je ne vais pas parler de mes lectures à la télé… ;-)
    (plus sérieusement, la question est pertinente) (contrairement à ma réponse)

  • > Lola H : oh là, on était loin du rêve! (mais alors il n'y avait qu'une chaîne) (tiens, au fait, il n'y a pas une émission où les agriculteurs recherchent une partenaire ?)

    > Castor : pas vu...

    > Columbine : oui... et oui!

    > Gondolfo : les fameuses émissions people ? ;)

    > Ficelle : on pourrait aller le regarder travailler, par exemple (tiens, toi lectrice de télérama - il n'y avait pas sur le sujet un film sur les entreprises de La Défense cette semaine ?)

  • D'accord avec Bohren. Nous sommes le peuple.

  • A vous deux ?

  • Quand on dit le peuple, aujourd’hui, on fait de la littérature, et même une des plus basses, de la littérature électorale, politique, parlementaire. Il n’y a plus de peuple.

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