Je n'avais pas lu la Première chronique du règne de Nicolas Ier. J'en avais ma claque de l'antisarkozysme de salon, aussi contre-productif que naguère l'antilepénisme, avec en plus l'insupportable sourire satisfait de celui (rarement celle) qui après une saillie vite torchée semblait persuadé d'avoir fait œuvre d'impertinence (j'ai appelé le président "le nain", whaouh, bravo) et regardait à droite et à gauche pour recueillir les bravos, genre « Regardez ce que je lui ai mis dans la gueule, au sarko ». Et c'était presque aussi insupportable à l'écrit qu'à l'oral.
Autant dire que je n'étais pas très chaud pour m'en taper 200 pages.
Pourtant, quand par la magie de Noël la Deuxième chronique m'est tombée dans les mains, je l'ai quand même ouverte avec espoir. Après tout, le grand style et le recul historique, c'était peut-être ce qu'il y avait de mieux pour démonter le système en place et la pathologie narcissique.
Verdict ? C'est en effet ce qu'il y a de mieux.
Parce que quand Pujadas regarde le doigt, Rambaud montre la lune derrière les fumigènes. Et on voit bien qu'elle tourne en rond. Avec des ficelles vieilles comme la politique, le ridicule en sus. De la Politique de civilisation (RIP) aux Jeux de Pékin en passant par Khadafi et Carla Bruni, toute l'année 2008 tient en 170 pages.
Atout n°1 du livre : le plaisir d'écrire de l'auteur. Le pastiche des chroniques Grand Siècle est parfait, sans jamais verser dans le pamphlet.
Atout n°2 : sa simplicité, cruelle parce que factuelle. "La perspective écrase", disent les commentateurs du Tour de France. Ben, là aussi.
Atout n°3 : Notre Stupéfiant Souverain n'est pas la seule cible de Rambaud ; toute la cour participe joyeusement à la fête - le baron Bertrand, le chevalier Guaino, le Prince Jean (déjà)...
La farce est si réussie que quand on découvre sur la 4e de couverture que (je cite in extenso) Patrick Rambaud est l'auteur d'une œuvre romanesque importante, on se demande à quel degré il faut lire la phrase. Je me demande surtout qui l'a écrite.
On verra bientôt si la phrase est reproduite au dos de la Troisième chronique. Elle sort demain 6 janvier. Comme dirait Saint-Simon : chouette.
Commentaires
c'est idiot, j'avais lu Rimbaud III.
moi j'aime bien l'anti-sarkozysme primaire. comme dit je sais plus qui "nous n'avons pas élu un président, nous avons élu un sujet de conversation".
les Dossiers du Canard avaient fait l'année dernière un bon dossier sur les courtisans de Sarko 1er (le Prince Jean aussi, déjà)
sérieux, je ne suis pas sûre que ce soit si primaire de se moquer de la taille de quelqu'un, enfin pas toujours. Bogart portait aussi des talonnettes, mais je ne pense pas qu'on se soit moqué de lui. sa petitesse physique est une sorte de métaphore pour sa petitesse d'esprit ("vous avez vu comment elle est belle ma Carlita").
en revanche, je suis d'accord sur un point: la plupart des journalistes (sauf le Canard qui montre la lune) regardent le doigt....
Même le Canard en fait... Mais qué viva Rambaud, la seule bonne nouvelle si Sarkom repasse en 2012 c'est qu'on aura 5 autres volumes....
> Columbine : Rambaud revendique l'inspiration Canard pour ses chroniques... Quant à la forme et au fond - certes la taille ici explique sans doute bcp de choses, mais il me semble vraiment que plus on en fait sur la forme moins on en fait sur le fond.
> Castor : on se sera lassé avant...
De qui ?????? Laissons planer un silence médidatif...
"mais il me semble vraiment que plus on en fait sur la forme moins on en fait sur le fond."
ça c'est juste pour ceux qui n'ont rien à dire :- )
en tout cas, ce qui me fait jubiler ce sont tous les néologismes qui ont fleuri à partir du nom de notre président. je suis sûre que quelqu'un s'amusera à en faire un inventaire...
> Castor : une copine de Pascale Clark qui refait le monde à la une d'un canard qui fait avancer le métro à défaut du schmilblick
> Columbine : ceux qui n'ont rien à dire sont (nous sommes?) les plus nombreux, non ?
(je m'engage à ne pas lire cet inventaire)
Vous êtes énervant à me donner ainsi envie de lire des ouvrages que je n'ai pas, alors que tant attendent déjà sur la table de nuit (et dans les toilettes, mais c'est moins sexy) !
Faudrait peut-être que je lise le vôtre d'ailleurs, ce serait la moindre des politesses, non?...
Je suis sponsorisé par une bibliothèque municipale...
(voulu laisser un commentaire chez vous mais bug - l'image de Ginola et du "bon 0-0" me parle bien - et sur M. Terence je n'ai rien à ajouter!)
(je suis dans les toilettes ?)
Ouais, bon, le coup du bug, ça me rappelle celui de la panne dans d'autres circonstances...
Et non, vous n'êtes pas encore dans les toilettes mais toujours chez le libraire, comme Rambaud, ne le prenez pas mal je déménage dans trois semaines, je vais éviter de surcharger les cartons !
Mais ne vous inquiétez pas, je vous le ferai savoir quand vous serez monté en grade...
J'ai lu avec beaucoup de plaisir les deux premiers. Je ne vais pas tarder à filer chez mon libraire pour me procurer le 3e.
> Warren : des toilettes toutes neuves, ce serait un honneur...
> Stephie : j'imagine déjà les passages où Notre Leader Mondial sauve la planète...