Réaumur Sébastopol, 23h10.
Le type est seul, la cinquantaine ridée, Européen de l'Est, Roumain peut-être. Sur la tête un bonnet, dans les mains une guitare, dans la voix une joie discrète qui vient de loin.
Il est entré dans le wagon de mon côté, il joue en roue libre. Après quelques secondes il repère trois nanas dans le fond, entame une lambada. Elles le regardent, sourient timidement, reprennent leur conversation. Raté. Mais il en faudrait plus pour le décourager. Rangeant sa lambada, il change de rythme, pince les cordes plus fort et lance le thème de la Panthère rose.
Tata' Tataa...
Quatre notes et il s'arrête net, en suspension.
Le silence de la rame attend d'être rempli. Alors sans réfléchir, je lui donne deux claquements de doigts. Presque rien, en somme. Mais c'est énorme, deux doigts qui claquent sur la ligne 4.
Il me sourit un peu surpris, clin d'œil, et il reprend de plus belle. Cette fois il joue pour quelqu'un et la guitare chante plus fort, il joue un peu pour moi et bientôt de nouveau pour les trois filles qui ont arrêté de parler. Viendra La vie en rose, le wagon qui dormait se réveille peu à peu, les ondes positives qui se propagent. Puis une dernière pour la route, en guitare solo pendant qu'il navigue léger d'un bout à l'autre de la rame. Dans son verre quelques pièces tintent, sur les sièges on compte plus de sourires qu'à l'habitude. Nouma noumaye, Bonne soirée messieurs dames.
Commentaires
Moi généralement, je donne la pièce pour qu'il arrête de jouer ;-)
Y'a pas à dire, t'es vraiment fort en conteur du quotidien...
> Blue Jam : let it jam !
> r1 : (...^)
"(...^)" ?????
(disons, un merci silencieux)