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Cher Eric,

J'ai toujours admiré ton calme et ta façon posée de poser les problèmes.
Ta probité, aussi. Quand tes collègues ministres profitent de leur situation pour loger leur famille gratos ou louer des jets privés pour pouvoir faire de la lèche au président, tu as su garder le sens de la mesure et rester à l'écoute des Français. A l'écoute de ton fils, par exemple, un Français comme un autre qui a dû un jour faire un détour pour rentrer à Bercy parce que le gardien de nuit lisait un roman. Quand j'ai appris que tu avais viré le gardien sans sommation, j'ai su que tu étais un homme d'Etat, prêt à prendre des décisions courageuses.

Quand le Canard a révélé l'affaire de la mission de Christine (dont la noble mission est payée par ton cabinet), tu n'as pas hésité à réagir au micro d'Europe 1 en annonçant, toujours avec sérénité, fermeté et responsabilité, que tu ferais en sorte que la situation cesse. Et qu'on ne pouvait quand même pas cumuler une retraite dorée de parlementaire avec le salaire argenté d'une mission, le tout en bronzant au Conseil Général des Yvelines.
J'ai applaudi.
Puis j'ai réécouté. Parce qu'il y avait un truc qui m'avait paru étrange, quand même.
"Je vais demander à Christine Boutin de prendre en compte cette polémique qui ne doit pas durer pour que cesse [ce cumul de rémunérations] », disais-tu.

C'était donc ça ! Le problème, en fait, ça n'était pas tant le fait qu'une ancienne ministre se gave peinard, mais que ça se sache. La question n'était donc pas morale, à peine politique, elle était médiatique.
Puis Christine a fait un geste, puis Valérie a proposé une loi et Joël une commission, puis un grand journal a annoncé qu'il allait lui-même enquêter sur... (ah non, tiens, pas ça; étonnant).
Alors j'ai repensé à ce Théoricien Moderne - un jeune type très classe et très jeune avec des boutons (de manchettes) qui travaillait dans la finance avec la grande conscience d'être au sommet de la chaîne alimentaire, et qui m'expliquait avec une moue blasée que la seule vraie morale, c'était Pas vu pas pris.

Pendant ce temps, les oiseaux chantent sous ma fenêtre, un peu plus loin une conséquence sociale de la mondialisation a installé son matelas dehors.
Salutations.

Commentaires

  • Bah, oui, il paraît que l'exemple vient des valeurs sportives: qu'est-ce qu'Henry si ce n'est pas vu pas pris ?

  • Vous y allez un peu fort:bronzer dans les Yvelines, ça demande de la persévérance (ce n'est quand même pas la Côte d'Azur…)

  • J'aime bien quand tu t'énerves doucement... :)

  • > Castor : oui mais Anelka on l'a pas vu alors que Domenech l'a pris.

    > Yola : on y trouve de très efficaces cabines de bronzage pour peaux fortunées

    > SophieK : hormis sur un terrain de foot, je ne sais pas vraiment faire autrement (et une bise, une!)

  • Retour de bise & goaaaaaal !! :)

  • Oui, bien vu (bien pris ?!) Dans une logique où le plus important, dans une politique économique, c'est comment on va la nommer (rigueur ou pas) et où le plus important, dans l'action politique, c'est comment les media en rendent compte, forcément, dans une telle logique de l'apparence, l'important, ce n'est pas de mal faire, mais de ne pas se faire prendre...

    Ca me désole tellement que la chose politique, si belle, si importante, soit aussi mal représentée, et qu'on en dégoûte à ce point les français...

  • Eh oui, c'est la à l'ère de la caverne, où les débats sur les noms font savamment oublier les choses...
    Tiens, d'ailleurs, cette petite actualisation toute fraîche :

    http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/06/15/l-affaire-boutin-classee-sans-suites_1372881_823448.html#xtor=RSS-3208

    C'est si beau, quand l'exemple vient d'en haut.

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