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La voix d'un écrivain (tentative d'approche)

Tu me demandais "D'accord mais c'est quoi, au juste, la voix d'un écrivain", c'est toujours difficile à exprimer et j'ai bien senti que mes explications manquaient de clarté – mais là, dans mon bain, une image m'est venue, peut-être que tu comprendras mieux.

Tu dans un bar, les gens se mélangent. Un ami te présente un inconnu, il te dit : "Denis a une histoire géniale à raconter", puis il file. Vous voilà tous les deux, avec l'inconnu. Il commence à raconter, et c'est vrai que son histoire est prometteuse : une Révolution en 2037, à l'heure où les vieux concepts du XXe siècle ont été balayés, le type a forcément des choses à dire.

Mais il y a quelque chose dans la voix du type... C'est une voix sèche, et en même temps un débit lent – tu ne saurais dire précisément pourquoi mais après la première phrase, tu as déjà envie de t'échapper vers le comptoir – là où ça s'interpelle, où ça rigole. C'est une question de compatibilité, une voix, c'est animal, on ne peut pas mettre des mots dessus. On ne peut pas mettre des mots sur tout, non ? Si ? En tout cas c'est bien ce qu'est en train de faire le type en face, le Denis, il met un écran de mots entre son histoire et toi, le débit est plutôt lent mais tu le sens parti, tu sais qu'avec cette voix-là, tu ne tiendras jamais jusqu'au bout, et...

… et soudain tu te réveilles : ce n'était qu'un livre. Alors tu finis ton verre et tu refermes le roman après dix pages, un peu coupable quand même. Ce n'est pas grave. Des rencontres manquées, après tout, un bar est fait pour ça, une bibliothèque aussi.

A la prochaine.

 

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