Depuis que l’idée me taraude d’écrire un jour un polar, je les lis avec un œil différent.
Jusqu’ici, je dois dire qu’aucun n’a mérité que je me décarcasse à écrire ici une chronique. Il y en a de bons, de très bons, de moins bons et de beaucoup moins bons, mais bon, hein, c’est la loi du polar, ça passe vite et ça se renouvelle assez peu.
… Lorsque soudain, recommandé par la grande Violaine Chivot, en voilà un qui sort vraiment de l’ordinaire. Folie !
En août 1978, l’été où j’ai rencontré Anna Trabuio, mon père a entraîné une fille dans les bois.
Cette histoire du père, narrée par le fils, fait le fil rouge du roman, tandis qu’en parallèle le jeune Elia raconte ce fameux été 78, celui de ses 16 ans, entre amitiés sulfureuses et premiers émois qui ne le sont pas moins. Et ses parents qui se déchirent, parce que le père, un soir…
Et tout au long du livre, on ne se demande pas "Qui a tué ?" mais "Va-t-il vraiment la tuer ?", avec le fol espoir qu'il n'en soit rien, qu’un twist final vienne nous dire que non, que le jeune Elia n’aura pas ça à supporter ça.
Tension garantie, et sans grosse ficelle. Au fond, je crois que les polars que je préfère sont ceux qui ne sont pas vraiment des polars. Parce qu’au-delà de la trame principale, l’évocation du village italien dans un été trop chaud est parfaite, avec ses secrets, ses rancœurs et ses rendez-vous près de la station-service, avec le jeune Elia au centre de tout.
La couverture est toute de rouge et de gris, mais au fond c’est un livre aux couleurs du Masque : du noir bien sûr, et du jaune soleil. Brillant.
Elena Varvello, Ce qu'il reste, ed. du Masque, 2018