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Hors jeu - Page 3

  • Vous reprendrez bien un peu de l’auteur ?

    medium_ravalec.3.jpg"Ecrire était une chose merveilleuse, un moment magique et une grâce tombée du ciel, on était tous bien d’accord là-dessus, et en plus, en plus, avait précisé un des éditeurs, avec les gonzesses c’est radical, tu peux pas imaginer la cote qu’ont les écrivains.
    - Tu veux dire la barre direct, même pas besoin de les inviter au restaurant ?
    Il avait hoché la tête, comme je te le dis, l’aura littéraire a quelque chose d’aphrodisiaque c’est bien connu."

    Dès que nous avons fixé rendez-vous, pour mardi, j’ai ressorti de ma bibliothèque ce petit livre rouge de Ravalec.
    "L’Auteur", c’est un court texte qu'il avait publié au Dilettante, malicieusement augmenté de sa nouvelle du Prix de Flore 1994 et de chapitres loufoquement réalistes sur l’hébergement des écrivains dans les salons littéraires, la gestion du retard dans les dîners en ville ou encore les lettres de fans moches.

    - Ça doit être cool d’écrire, m’a fait remarquer quelqu’un la semaine suivante, t’as vraiment du bol.
    Ce qu’il ne réalisait pas très bien, c’est à quel point c’était crevant. En fait, écrire demandait des talents multiples, savoir se faire photographier, par exemple.

    Il y a cinq ans, j’avais acheté "L’Auteur" pour rêver un peu. J’avais surtout ri.
    Cette semaine je l’ai relu avec d’autres yeux, en prenant mon temps et en souriant tout haut. Juste pour atterrir en douceur.

    "Une autre chose permise par les voyages, c’était les voyages (…) Evidemment on s’attend toujours à quelque chose d’un peu particulier, des grandes banderoles avec son nom en lettres d’or, une foule en liesse courant après la voiture, ça y est le voilà, welcome, welcome, la fanfare locale entonnant un chant de bienvenue, le mambo de écrivains, je vous en prie c’est trop, mais au lieu de ça il y avait Coudekerque-Branche, un peu avant Dunkerque, un léger brouillard sinistre, et des rues du Nord et pas un panonceau annonçant l’événement, la venue de Moi dans la région (…), le type m’a juste dit la responsable n’est pas là, avant de filer vers le fond de la salle, merde, j’étais écrivain, il allait peut-être falloir en tenir compte un jour."

    Et maintenant voilà. La peau de l’ours sera en vente en septembre prochain, d’ici là on va pouvoir la tanner, la tailler, la peindre un peu qui sait, lui donner un nom…
    Et surtout, chasser l’ourson qui pointe son bout de nez. Il ne faudrait pas laisser les photographes prendre le dessus.

  • Same player, start new game

    Finalement on a fait ça au stylo à bille. Un des siens, qui traînait sur le bureau.
    Vous savez, c’est un peu comme une relation amoureuse, m’avait dit le grand homme il y a quelques jours. Alors j’étais venu habillé en presque blanc, avec sourire niais assorti.
    Mais le stylo, non, je n’y avais pas pensé. Ou plutôt si, mais. Entre les soussignés, tout ça, ci-dessous dénommé l’auteur, je sentais bien qu'on ne signe pas ça avec n’importe quoi, et pourtant je suis parti de chez moi avec juste un crayon, comme si j’allais prendre des notes.

    Je suis sorti avec un sourire un (tout petit) peu moins niais. J'ai compris pourquoi : en arrivant, je terminais quelque chose, je venais porter le coup de grâce au monstre du premier niveau que j’ai mis si longtemps à terrasser, à coups de sauvegardes et de réinitialisations.
    Et maintenant tout commence. Same player, start new game.
    Enfin !